France compétences publie les résultats de la 1ère enquête réalisée au démarrage du déploiement de Qualiopi. Elle analyse la manière dont les prestataires de formation se positionnent à l’égard de la certification qualité. Les enseignements sont articulés autour de trois thématiques : l’engagement dans la démarche, les étapes structurantes de l’accès à la certification et les postures des prestataires face à la dynamique d’amélioration continue visée par la réforme.
France compétences conduit des travaux d’évaluation, cherchant à éclairer les réflexions et les décisions de l’ensemble des acteurs du champ de la formation professionnelle. Dans ce cadre, elle a piloté une enquête visant à analyser la manière dont les prestataires de formation se positionnent à l’égard de Qualiopi dans le nouveau contexte issu de la loi Avenir professionnel de septembre 2018. Cette enquête a été menée auprès de 71 Organismes de formation (OF) et Centre de formation d’apprentis (CFA), 9 organismes certificateurs (OC) et labellisateurs et 11 financeurs interrogés entre juin et octobre 2020.
Des enseignements articulés autour de trois entrées thématiques
La première correspond à l’engagement des OF/CFA dans la démarche de certification. La première vague des organismes certifiés était déjà acculturée aux démarches qualité. La décision de candidater est fortement imprégnée par une logique économique : estimation du rapport entre le coût d’accès à la certification et le bénéfice qui en sera retiré en termes d’accès aux marchés sur financements publics et paritaires. Ceux qui hésitent encore évoquent plusieurs stratégies possibles : nouer des partenariats pour mutualiser les coûts ; être absorbé par une structure déjà certifiée ; ou encore renoncer à Qualiopi et projeter d’intervenir en sous-traitance. Les financeurs, qui se disent attentifs à sauvegarder la diversité de l’offre, identifient bien la valeur ajoutée de Qualiopi pour leurs politiques d’achat.
La seconde s’intéresse aux étapes structurantes de l’accès à la certification. La phase préparatoire est perçue comme consommatrice de ressources financières, humaines et temporelles. Concernant le choix du certificateur, trois critères ressortent : le coût ; la notoriété de l’OC ; la confiance et la posture bienveillante que leur inspire le premier contact. Les audits sont plutôt restitués positivement à condition que l’auditeur soit capable d’interpréter les indicateurs à l’aune de la singularité de l’organisme. Plusieurs OF/CFA enquêtés pointent un enjeu lié au nombre de contrôles dont ils font l’objet quand ils perçoivent des financements pluriels.
La dernière appréhende les postures des organismes face à l’inscription de la démarche qualité dans la durée, axe central de la réforme. Deux postures se dégagent chez les enquêtés : ceux qui se sont d’emblée saisis de la certification comme une opportunité pour impulser une dynamique d’amélioration continue. Et ceux qui, à l’inverse sont dans une logique de mise en conformité court-termiste. Ces derniers appréhendent l’obtention de Qualiopi comme une finalité en soi, et n’ont pas, à ce stade, comme intention de faire vivre la démarche dans le temps, en invoquant le plus souvent un problème de capacité à faire.
Note de synthèse
Consultez les résultats de l’enquête de France Compétences en cliquant sur l’image ci dessous.
L’inscription de la démarche qualité dans la durée
L’enclenchement d’une logique d’amélioration continue constitue un axe central des intentions de la réforme. Sur cette question, trois types de postures se dégagent parmi les OF enquêtés.
Quelques-uns envisagent d’emblée la certification comme un levier pour structurer et formaliser leur activité,
distiller des exigences qualitatives dans les différentes composantes de l’organisation, et rentrer dans un exercice collectif, irréversible et continué de conduite du changement, notamment avec les formateurs.
A l’opposé de ce modèle, certains appréhendent l’obtention de la certification dans une logique court-termiste de mise en conformité passive, comme une opération ponctuelle et une finalité en soi. En termes de justification, ils invoquent le plus souvent un problème de moyens et de capacité à faire.
Entre ces deux approches antagonistes, on distingue une position intermédiaire et sélective portée
exclusivement par quelques CFA. Ces derniers affichent une intention explicite de globalement faire vivre le référentiel dans la durée, tout en émettant des réserves sur trois indicateurs qui les interpellent au regard de la finalité éducative de leurs formations, ou qu’ils anticipent comme difficilement praticables en raison de causes exogènes à leu rétablissement.
L’ensemble des constats mis en exergue par cette enquête invitent les décideurs publics et paritaires à
poursuivre et renforcer les actions d’information, de sensibilisation et d’accompagnement des OF, mais aussi peut-être à enrichir les messages véhiculés par la communication institutionnelle. Celle-ci s’articule principalement autour de deux pôles : l’éligibilité aux fonds qui pose Qualiopi comme une exigence à respecter et met l’accent sur l’échéance calendaire ; la mise à disposition d’une documentation, par ailleurs très appréciée par ses utilisateurs, sur les modes opératoires.
Dans l’optique de sécuriser une montée en gamme pérenne de l’offre de formation, il pourrait ainsi être
pertinent, parallèlement aux volets réglementaire et technique, de promouvoir davantage la certification sous l’angle de l’opportunité qu’elle représente pour les OF de mesurer les résultats de leur activité, d’impulser une dynamique d’amélioration globale de leurs pratiques et de l’inscrire dans la durée.