Le 15 septembre, le MEDEF a présenté son nouveau Baromètre Formation. Objectif : mesurer l’utilisation de la formation par les entreprises françaises, analyser leurs pratiques et identifier les freins comme les leviers. Ce rendez-vous, qui a réuni des acteurs institutionnels et internationaux, confirme l’importance de la formation professionnelle comme levier de croissance et de compétitivité… mais souligne aussi le chemin qu’il reste à parcourir.
Des formations encore trop réactives
Premier enseignement du Baromètre Formation MEDEF : les formations réglementaires dominent largement les dispositifs mobilisés. Autrement dit, les entreprises forment d’abord pour répondre à une obligation légale (sécurité, conformité, certifications spécifiques) plutôt que dans une logique stratégique d’anticipation des besoins.
Cette tendance traduit un paradoxe : alors même que la montée en compétences est présentée comme un levier de performance et d’innovation, les investissements restent souvent déclenchés par la contrainte plus que par la vision long terme.
Les plans de développement des compétences encore marginaux dans les PME
Une entreprise sur deux déclare formaliser un plan de développement des compétences. Mais derrière ce chiffre global se cache une forte disparité : seules 22 % des PME mettent en place un tel plan.
Pourtant, ce type d’outil est essentiel pour structurer les parcours, aligner les besoins individuels avec les objectifs collectifs et surtout donner de la visibilité sur les investissements formation. Ce déficit souligne l’écart croissant entre grandes entreprises, mieux outillées, et structures de taille intermédiaire ou réduite.
Un accès inégal à la formation selon la taille de l’entreprise
Le baromètre confirme que plus l’entreprise est grande, plus ses salariés ont accès à la formation. Glanda Quintini, représentante de l’OCDE, a apporté un éclairage international en rappelant que ces inégalités se retrouvent partout : les TPE et PME sont les plus fragiles en matière d’accès à la formation continue, alors qu’elles concentrent une part importante de l’emploi.
Ce constat pose la question de la mutualisation des moyens, du rôle des branches professionnelles et des outils publics comme le CPF pour corriger ces écarts.
Évaluer autrement la formation : un enjeu crucial
Autre enseignement clé : l’évaluation des actions de formation reste majoritairement à chaud. Les entreprises se contentent le plus souvent d’un retour immédiat des apprenants (questionnaires de satisfaction, feedback spontané), sans mise en perspective sur le long terme.
Or, l’efficacité réelle d’une formation se mesure dans la durée :
- par une évaluation « à froid » auprès des managers,
- par une analyse du transfert des acquis en situation de travail,
- par une réflexion sur l’ingénierie pédagogique,
- et par la mesure du retour sur investissement (ROI) formatif.
Sans cette approche élargie, la formation reste un coût plus qu’un investissement tangible pour l’entreprise.
Une ambition commune mais un chantier immense
Au final, le Baromètre Formation MEDEF rappelle que la formation est un enjeu majeur pour toutes les générations et toutes les entreprises. Elle conditionne la compétitivité face aux transformations technologiques, écologiques et organisationnelles.
Mais il reste encore beaucoup à faire pour que les outils, modalités et financements soient généralisés et réellement adaptés « sur mesure » aux besoins de chaque entreprise et de ses salariés.
Pour le MEDEF, comme pour l’ensemble des acteurs de la formation, ce baromètre est un signal fort : la formation professionnelle doit passer d’une logique réactive à une stratégie proactive, intégrée et évaluée.
👉 Cet article s’inscrit dans notre suivi régulier des grandes études sectorielles. Sur CPFormation, nous continuerons à relayer les analyses et les résultats du Baromètre Formation MEDEF, afin d’accompagner les responsables RH et formation dans leurs décisions stratégiques.