Le MEDEF publie son Baromètre Entreprises & Formation 2025, une enquête de référence menée auprès de 841 entreprises représentant près de 317 000 salariés. Les résultats mettent en évidence un paradoxe : si la formation est largement reconnue comme un moteur de performance et d’employabilité, elle reste encore trop souvent cantonnée à une logique réglementaire ou à des réponses court-termistes.
La formation : un outil stratégique, mais insuffisamment mobilisé
Selon l’étude, 67 % des entreprises considèrent la formation comme un moyen de développer leur performance et 59 % comme un levier de fidélisation des talents.
Pourtant, la formation est encore principalement perçue comme une obligation : 84 % des entreprises privilégient les formations réglementaires, au détriment de démarches plus prospectives ou innovantes.
Patrick Martin, président du MEDEF, insiste : « Former, c’est gagner en agilité, renforcer la compétitivité et assurer une économie durable. ». Mais cette ambition se heurte à plusieurs obstacles structurels.
Des écarts persistants entre grandes entreprises et TPE-PME
Le baromètre révèle un contraste marqué :
- 52 % des entreprises formalisent leur stratégie dans un plan de développement des compétences (PDC), mais elles ne sont que 22 % parmi les TPE de moins de 11 salariés.
- Les taux d’accès à la formation sont trois fois plus élevés dans les grandes entreprises que dans les structures de moins de 50 salariés.
Les TPE-PME, moins outillées et moins informées, peinent à activer les dispositifs disponibles. Le MEDEF appelle donc à un accompagnement renforcé, notamment en matière de simplification et de financement.
Des compétences prioritaires… mais encore peu travaillées
Les entreprises identifient clairement les compétences clés des prochaines années :
- Compétences managériales (27 %)
- Compétences numériques (26 %)
- Compétences environnementales (18 %)
Pourtant, dans les faits, ce sont surtout les compétences techniques (24 %) et les formations obligatoires qui dominent aujourd’hui les pratiques. Ce décalage montre la difficulté des entreprises à anticiper les mutations liées à la transition écologique, à l’IA ou encore au vieillissement démographique.
Les freins : coût, temps et manque de structuration
Deux obstacles majeurs freinent les ambitions :
- 60 % des entreprises jugent le coût des formations trop élevé,
- 58 % évoquent le manque de temps
En parallèle, la mesure de l’impact reste embryonnaire : si 61 % des entreprises évaluent leurs formations, elles le font surtout « à chaud » (satisfaction immédiate) et très rarement sur la transférabilité réelle des compétences en situation de travail.
Vers un changement de paradigme ?
Le Baromètre MEDEF 2025 trace une feuille de route claire : passer d’une logique de dépense obligatoire à un investissement stratégique.
Parmi les recommandations implicites :
- mieux outiller les TPE-PME dans la construction de leur PDC,
- développer l’ingénierie de formation et les parcours hybrides,
- renforcer les pratiques d’évaluation et de co-investissement (CPF abondé),
- anticiper davantage les compétences d’avenir, au-delà des contraintes réglementaires
La conclusion du rapport est sans équivoque : « La formation n’est pas une fin en soi. Elle doit s’évaluer, s’aligner sur la stratégie et devenir un moteur durable de compétitivité. »