Les salariés les plus connectés accèdent davantage à la formation organisée et bénéficient également de l’effet stimulateur des TIC sur les apprentissages informels. C’est ce qui ressort de la dernière étude Formation du Céreq parue fin avril 2019.
Le développement des technologies de l’information et de la communication facilite-t-il le développement des compétences des salariés ? C’est la question sur laquelle Marion Lambert du Céreq s’est penchée dans sa dernière étude « La formation des salariés 2.0 : l’effet levier des TIC ».
DEFIS, Dispositif d’enquêtes sur les formations et itinéraires des salariés permet de mieux cerner le panorama des TIC et la diversité de leurs usages, en confrontant les types d’outils utilisés avec les raisons de cette utilisation déclarées par les salariés. Ainsi six profils d’utilisateurs ressortent :
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Les « nomades » (16 % des salariés)
Adeptes au quotidien aux outils de communication instantané, on les retrouve à des postes qualifiés dans de grandes entreprises des secteurs des services aux entreprises et de la finance/assurance. En toute logique, les professions les plus fréquemment représentées dans ce premier profil sont celles d’ingénieurs en informatique, d’employés administratifs et de cadres commerciaux.
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Les « relation-clients » (16 % des salariés)
Ces professionnels se distinguent des précédents par un usage des TIC essentiellement orienté vers la communication sur leur entreprise et la gestion de la relation avec leurs clients ou prestataires. Ce sont plus souvent des diplômés du supérieur des femmes, occupant plutôt des postes qualifiés (agents de maîtrise) dans des entreprises du commerce. Les professions paramédicales, d’attachés commerciaux et de secrétaires sont ici surreprésentées.
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Les « tâches en ligne » (25 % des salariés)
Les salariés de cette catégorie se distinguent par un recours à des outils qui facilitent la coordination en interne. Diplômés du supérieur, ces salariés occupent des postes d’agents de maîtrise ou de techniciens avec une ancienneté moyenne plus importante que les autres (27 % ont plus de 20 ans d’ancienneté, contre 19 % pour l’ensemble). Les professions d’employés administratifs, de la banque et des assurances, de secrétaires et de techniciens de la maintenance y sont surreprésentées.
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Les « recherche d’emploi » (13 % des salariés)
Très jeunes (42% sont âgés de moins de 35 ans), ils sont moins diplômés que la moyenne (la moitié n’ont pas le bac) et occupent des postes d’employés ou d’ouvriers. Ils travaillent plus souvent dans de très petites entreprises. Les professions d’employés de l’hôtellerie et de la restauration, d’infirmiers et de conducteurs de véhicules y sont surreprésentées. Dans le cadre de leur activité, ils ont un recours aux outils connectés assez faible et lorsqu’ils les utilisent, c’est avant tout pour se documenter ou rechercher un emploi, des tâches assez périphériques à leur travail.
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Les « distants ». (14 % des salariés)
Mail et intranet sont leurs seuls outils en ligne qu’ils utilisent. Peu diplômés, ces salariés occupent plus souvent des postes d’employés ou d’ouvriers qualifiés dans des fonctions de production et d’exploitation. Ils exercent plus souvent dans les secteurs des transports et de la fabrication de produit industriel au sein de structures de taille moyenne.
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Les « non connectés » (16 % des salariés)
24% d’entre eux ont ainsi recours à un ordinateur dans leur travail, mais leur usage ne nécessite pas une connexion à un réseau interne ou externe. Ces salariés sont plus âgés que la moyenne, plus souvent des hommes, peu diplômés (1/4 n’ont aucun diplôme) et occupent des postes peu qualifiés. Ils exercent des fonctions de production, de chantier, de gardiennage ou de nettoyage, dans les secteurs de la construction ou de l’industrie agroalimentaire.
A noter : en 2017, 84 % des salariés utilisent au moins une fois par mois dans un but professionnel, un ou plusieurs outils connectés à un réseau interne ou externe tels que le mail, intranet, la gestion documentaire partagée, des services dématérialisés, des sites Internet, les réseaux sociaux, une messagerie instantanée, des blogs ou des forums.
Accès à la formation et TIC : quel lien ?
Selon cette étude, ceux qui sont le plus connectés au quotidien sont aussi ceux qui suivent aussi le plus de formations :
53 % des «nomades » ont suivi une formation au cours des 12 dernier mois (respectivement 48 % et 55 % pour les « relation client » et « tâches en ligne ») contre 22% des «non connectés ». Le plus souvent, les formations qu’ils suivent visent à se perfectionner dans ce qui fait le cœur de leur métier (le management, la comptabilité ou le droit).
Au-delà des formations formelles, la pratique journalière du web et des réseaux sociaux contribue à apprendre autrement, de façon informelle lors de recherches en ligne, par exemple.
Pour les personnes les plus éloignées des TIC, seules 15 % indiquent utiliser des outils connectés pour trouver une solution / une réponse ou se documenter sur un sujet. Côté « nomades », ils sont respectivement 96 % et 98 % à y avoir recours !
Source : Céreq
A noter : 83 % des » nomades » et 69 % des profils « tâches en ligne » mentionnent apprendre « par soi-même, via des livres, la presse, internet, la TV ou la radio. » comme premier vecteur d’apprentissages informels. Pour les autres profils, ce sont les échanges avec les collègues.
Etude complète à télécharger : http://www.cereq.fr/index.php/publications/Cereq-Bref/La-formation-des-salaries-2.0-l-effet-levier-des-TIC