Il y a des idées qui reviennent comme des marronniers… et qui finissent par sentir la naphtaline. La dernière en date ? La proposition de Laurent Wauquiez d’autoriser les parents à transférer leur Compte Personnel de Formation (CPF) à leurs enfants pour financer leur permis de conduire.
Une idée qui, sous couvert d’égalité des chances, détourne l’outil CPF de sa vocation première : la montée en compétence des actifs. Mais surtout, une proposition dangereuse à l’heure où l’écosystème de la formation professionnelle est déjà fragilisé.
🚗 Le permis pour les enfants : une vieille recette réchauffée
Wauquiez n’en est pas à son coup d’essai. Déjà président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, il avait mis en place une aide au permis bonifiée par l’engagement citoyen. Rien de choquant à ce stade. Mais cette fois-ci, l’ancien ministre va plus loin : il propose de rendre les droits CPF transférables à ses enfants pour financer leur permis.
L’idée peut sembler séduisante, notamment pour des parents en fin de carrière. Mais elle remet en cause les fondements mêmes du CPF : un droit individuel, incessible, acquis par l’activité professionnelle et dédié à la formation tout au long de la vie.
👉 Relire notre article sur la proposition de loi de 2023 concernant le CPF permis pour les enfants
⚖️ Du droit à la formation au gadget électoral
Le CPF n’est pas une tirelire. Ni une épargne à léguer. C’est un outil de politique publique pensé pour renforcer l’employabilité des actifs. Et pourtant, on le voit aujourd’hui présenté comme une solution facile à des problèmes de pouvoir d’achat, de mobilité ou d’échec scolaire.
Ce glissement progressif d’un droit à se former vers un droit à consommer est non seulement périlleux, mais il est aussi porteur de dérives clientélistes.
L’Institut IREF l’a bien résumé : « Ce n’est pas au CPF de financer le permis des enfants, mais à l’État de traiter la question de la mobilité ».
🧨 Une porte ouverte aux fraudes
Les fraudes au CPF explosent déjà : plus de 43 millions d’euros détournés en 2021 selon la Caisse des Dépôts. Et c’est justement sur des créneaux comme le permis de conduire que les escroqueries se multiplient.
Rendre les droits transférables reviendrait à ouvrir la boîte de Pandore : faux enfants, fausses auto-écoles, et épuisement organisé des comptes CPF.
Certains internautes l’ont d’ailleurs bien perçu. Comme Laetitia Durand, commentant :
« Il y a déjà tellement de fraudes au CPF… Certaines auto-écoles utilisent illégalement les CPF de parents. Bien juteux tout ça… »
💬 Un vrai débat de société… mais une mauvaise solution
Soyons clairs : le CPF est un droit individuel et non transmissible. C’est justement ce qui fait sa force. L’émotion suscitée par cette proposition ne doit pas nous faire perdre de vue l’enjeu fondamental : préserver la vocation professionnelle du CPF.
De nombreux internautes se disent frustrés de ne pas pouvoir aider leurs enfants. Certains, proches de la retraite, n’utiliseront jamais leurs droits. Mais cette frustration ne doit pas conduire à un détournement du système, comme le rappelle Gilles BRAS :
👉 « Ce sont nos jeunes qui ont besoin de se former pour être performants dans le monde du travail »
👉 « Pourquoi ne pas le donner à ma fille ? » ajoute Sylviane Lesage.
Ces remarques illustrent un vrai besoin de soutien à la formation des jeunes, mais la réponse ne peut pas être de casser l’ADN du CPF. Ce qu’il faut, c’est créer un dispositif parallèle, solidaire et encadré, comme un fonds d’aide à la formation pour les jeunes actifs, ou encore renforcer le CPF de transition dès l’entrée dans la vie professionnelle.
🧭 Le CPF n’est pas un compte épargne. C’est un outil stratégique.
Oui, le CPF doit évoluer. Oui, l’accès au permis est un vrai sujet social. Mais confondre enjeux de mobilité et droit à la formation, c’est comme vouloir réparer une chaudière avec une brosse à dents.
📢 Le CPF est un levier de souveraineté professionnelle, pas une solution de facilité électorale.
💥 À l’heure où la formation professionnelle française vacille, ce dont nous avons besoin, ce n’est pas de gadgets. C’est de vision, de clarté, et de courage politique.
🔁 Partagez cet article si vous pensez, vous aussi, que les droits à la formation doivent rester un outil pour celles et ceux qui travaillent – pas une monnaie d’échange pré-électorale.
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