A travers une note d’analyse, le CNEFP met en lumière le fait que l’entretien professionnel semble être un moyen de toucher les salariés qui connaissent le moins le CPF. Zoom sur les principaux enseignements de cette étude.
Le CNEFP a réalisé une note d’analyse dédiée à l’entretien professionnel comme voie d’accès au CPF, Compte personnel de formation. Cette note s’appuie sur les données de l’enquête DEFIS.
DEFIS met en relation les pratiques des entreprises avec les parcours professionnels de leurs salariés, ainsi que les formations qu’ils ont suivies. Il est ainsi possible de mesurer la connaissance qu’ont les actifs du CPF et l’intérêt qu’ils lui portent.
Qui connait et a recours au CPF ?
Parmi les personnes ayant connu au moins une période d’emploi salarié en 2015-2016, 64 % déclarent connaitre le CPF. Mais le gap est grand entre cette connaissance et l’utilisation du dispositif :
- 6 personnes sur 10 disent connaître le CPF ;
- 3 sur 10 déclarent souhaiter l’utiliser ;
- 2 sur 10 seulement s’inscrivent effectivement sur le site moncompteformation.gouv.fr.
Avec quelques 5 millions de comptes ouverts en octobre 2017, le CNEFP estime que le taux d’ouverture de CPF correspond à 17 % de la population active. Ainsi 83% des actifs éligibles n’ont donc pas encore recours à cet outil… et le recours reste très majoritairement le fait des demandeurs d’emploi.
On peut préciser que la montée en charge quantitative du CPF a été boostée par le “plan 500 000 formations”, qui a suscité un développement massif des projets de formation des demandeurs d’emploi.
Les raisons de la sous-utilisation du CPF ?
Le CNEFP met en avant plusieurs hypothèses au sujet de la sous-utilisation du CPF.
Une première piste, de sens commun, renvoie à la thématique de l’appétence formative. Dans cette veine, l’enquête BVA-IGAS montre qu’au printemps 2017, 33% des salariés du privé et 36% des demandeurs d’emploi sans projet de formation ne pensaient pas en avoir besoin. Ce défaut d’appétence est sans doute à nuancer : selon DEFIS, en 2015, 68 % des salariés interrogés entendaient se former dans les 5 années à venir, avec peu d’écarts selon la catégorie socioprofessionnelle.
- Plus de 70 % des diplômés de l’enseignement supérieur et des cadres et professions intermédiaires connaissent l’existence du CPF ;
- 56 % des titulaires d’un CAP/BEP ;
- 53 % des ouvriers ;
- 52 % des non diplômés ;
- 50 % des non-salariés.
L’écart est tout aussi marqué selon la taille de l’entreprise : à peine la moitié des salariés le connaissent dans les entreprises de 3 à 9 salariés, contre les trois quarts dans celles d’au moins 500 salariés.
Le constat récurrent sur les inégalités d’accès à la formation n’est donc pas démenti dans le cas du CPF : les salariés des grandes entreprises, mieux formés et plus qualifiés, ont plus souvent accès aussi bien à la formation qu’à l’information sur la formation. D’où cette autre piste d’interprétation : le décalage entre connaissance et souhait d’usage du CPF serait moins grand lorsque d’autres opportunités pour se former existent dans l’environnement professionnel.
L’entretien professionnel démocratise l’accès à l’information sur le CPF
L’entretien professionnel constitue pour l’employeur une obligation biennale, limitée cependant aux salariés présents depuis au moins 2 ans. En 2016, deux ans après la loi, 55 % des salariés anciens d’au moins 1 an d’ancienneté déclarent avoir participé à un entretien professionnel et 3 % avoir reçu une convocation sans avoir encore passé l’entretien.
A noter : Moins de la moitié des ouvriers (40 %) et des employés (48 %) ont été reçus en entretien contre les 3/4 des cadres (75 %).
Si la connaissance du CPF est inégalement partagée entre catégories, les écarts s’atténuent largement parmi les salariés qui ont participé à un entretien professionnel. Ils sont en effet moins de 3 sur 10 à déclarer ne pas connaitre le CPF, contre 45 % en l’absence d’entretien.
L’écart est particulièrement marqué chez les ouvriers, pour lesquels l’entretien professionnel semble exercer une fonction particulière. Ils sont en effet moins fréquemment informés par l’employeur hors entretien (27 %, contre 44 % pour les cadres), mais plus souvent lors de l’entretien (19 % contre 15 % pour l’ensemble des salariés).
Par ailleurs, DEFIS montre que les salariés qui souhaitent se former ou prendre davantage de responsabilités sont nettement plus enclins que les autres à aborder les questions de formation et/ou de perspectives de carrière lors de leur entretien.
L’enquête relève également le fait que, dans un certain nombre de cas, il semble être aussi un moyen pour l’employeur d’inciter le salarié à utiliser son CPF : c’est vrai pour 24% des salariés reçus en entretien, contre 10% en moyenne.
Et dans votre entreprise, évoquez-vous le CPF lors de l’entretien professionnel ?
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