Depuis décembre 2022, le gouvernement français envisage de rendre le CPF payant en publiant un décret. Cette proposition soulève de nombreuses critiques, en particulier en raison de la situation économique actuelle, marquée par l’inflation, qui affecte déjà le pouvoir d’achat des Français.
Cette décision pourrait aller à l’encontre des objectifs visant à faciliter l’accès à la formation professionnelle. Dans cet article, nous examinerons les trois scénarios possibles si cette mesure est mise en œuvre, en fournissant des exemples concrets et en mettant en évidence les inconvénients de chaque option. En bonus une petite vidéo pour ceux qui n’aiment pas lire ci dessous :
Scénario 1 : Tarif fixe pour la mobilisation des fonds de formation
Dans le premier scénario, le gouvernement instaurerait un tarif fixe, par exemple de 50 €, pour la mobilisation des fonds de formation. Pour mieux comprendre les implications de cette mesure, prenons l’exemple d’un individu qui souhaite suivre une formation en bureautique d’une valeur de 500 €. Avec le tarif fixe en vigueur, cette personne devrait débourser 50 € supplémentaires pour accéder à ses droits de formation.
Il est important de considérer les conséquences d’une telle mesure sur le comportement des titulaires de CPF. Face à cette situation, ils pourraient être tentés de choisir des formations plus conséquentes (coûteuses) pour éviter de payer plusieurs fois ce tarif fixe. Ainsi, au lieu d’explorer différentes formations pour trouver celle qui leur convient le mieux, ils pourraient se précipiter dans une formation plus longue et coûteuse pour économiser de l’argent.
Ce scénario est particulièrement impopulaire, car il pénalise les titulaires qui souhaitent mobiliser leurs droits de formation de manière flexible et adaptée à leurs besoins. Il est également important de rappeler qu’il y a moins de 10 ans, lorsque les OPCO portaient encore le nom d’OPCA, les paniers moyens pouvaient atteindre 5 000 €. L’instauration d’un tarif fixe irait donc à l’encontre de la tendance actuelle visant à rendre la formation plus accessible et adaptée aux besoins individuels.
De plus, dans le contexte actuel d’inflation en France, demander aux Français de payer pour mobiliser leurs droits à la formation peut s’avérer peu stratégique. Il est essentiel de prendre en compte les difficultés économiques auxquelles les citoyens sont confrontés et d’adapter les mesures en conséquence.
L’introduction d’un tarif fixe pour la mobilisation des fonds de formation pourrait avoir des effets indésirables sur la manière dont les titulaires utilisent leurs droits à la formation. Il est donc crucial de réfléchir aux conséquences potentielles de cette mesure et de privilégier des solutions qui préservent la flexibilité et l’accessibilité du système de formation en France.
Scénario 2 : Pourcentage du coût de la formation à la charge du titulaire
Dans ce deuxième scénario, le gouvernement choisirait d’instaurer un pourcentage du coût de la formation à la charge des titulaires, par exemple entre 10 et 30 %. Cette mesure aurait un impact différent sur le comportement des personnes souhaitant utiliser leurs droits de formation, en fonction du montant de la formation choisie.
Prenons l’exemple d’un individu qui souhaite suivre une formation d’une valeur de 1 000 €. Si le gouvernement impose une participation de 20 %, cette personne devrait débourser 200 € de sa poche pour accéder à ses droits de formation. Dans cette situation, le titulaire pourrait être tenté de choisir une formation moins chère, par exemple à 500 €, afin de ne payer que 100 € de sa poche. Ainsi, le panier moyen de formation continuerait à décroître, comme cela a été observé depuis plusieurs années.
Ce scénario est également impopulaire, car il pénalise les titulaires qui souhaitent mobiliser leurs droits de formation en fonction de leurs besoins spécifiques. Il pourrait conduire à un choix de formations moins adaptées ou moins qualifiantes, simplement parce qu’elles sont moins coûteuses.
L’introduction d’un pourcentage du coût de la formation à la charge des titulaires pourrait avoir des effets indésirables sur la manière dont les personnes utilisent leurs droits à la formation. Il est donc essentiel de réfléchir aux conséquences potentielles de cette mesure et de privilégier des solutions qui préservent la flexibilité et l’accessibilité du système de formation en France.
Scénario 3 : Le gouvernement change d’avis
Le troisième scénario serait comme le pense la CFDT la non-publication du décret reste à charge, c’est a dire que le gouvernement change d’avis et renonce à cette mesure impopulaire. Cela permettrait aux acteurs du secteur de la formation de se concentrer sur la qualité des programmes et de travailler à l’amélioration de l’accès à la formation pour tous les citoyens.
En abandonnant l’idée de rendre le CPF payant, le gouvernement pourrait démontrer son engagement envers le développement des compétences des Français et la promotion de l’éducation tout au long de la vie. Ce scénario serait préférable pour de nombreuses raisons :
- Il encouragerait une plus grande participation à la formation professionnelle, en évitant de dissuader les titulaires de se former à cause des coûts supplémentaires.
- Il permettrait de préserver la flexibilité du système actuel, qui permet aux titulaires de choisir des formations adaptées à leurs besoins et à leurs contraintes financières.
- Il enverrait un message fort aux entreprises et aux citoyens sur l’importance de la formation continue pour le développement économique et social du pays.
Au lieu d’instaurer un coût pour les titulaires, le gouvernement pourrait se concentrer sur la lutte contre les pratiques frauduleuses dans le secteur de la formation, en travaillant main dans la main avec les experts du domaine pour protéger les citoyens et garantir l’accès à des formations de qualité.
En conclusion, il est crucial de peser soigneusement les conséquences de chaque scénario et de prendre en compte l’impact sur les titulaires, les organismes de formation et l’économie française. Rendre le CPF payant pourrait avoir des effets négatifs sur la formation professionnelle en France, surtout dans le contexte économique actuel. Il est donc essentiel de trouver des solutions qui permettent de préserver l’accessibilité et la qualité de la formation, tout en assurant un financement pérenne et équitable du système.