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Entretien avec Cécile Bertrand, Cheffe du pôle CPF à la DGEFP

A l’occasion de l’événement CPF coconstruit organisé à la Caisse des Dépôts fin juin, nous avons eu l’honneur d’interviewer Cécile , cheffe du pôle CPF à la DGEFP.

Nous aurions pu publier cet échange dès l’été, mais nous avons préféré attendre la rentrée pour le partager avec vous. L’été a été dense, entre actualités et surcharge d’activités, et il nous semblait plus juste de prendre du recul et de revenir en septembre avec du contenu solide, éclairant et toujours en accès libre.

Cet entretien reste pleinement d’actualité : Cécile y apporte un éclairage précieux sur les récentes évolutions du CPF, le rôle des employeurs et des cofinanceurs, ainsi que sur les ambitions portées par la DGEFP pour 2025 et au-delà.

Nous sommes fiers de commencer ce mois de septembre avec un tel témoignage, qui illustre la chance que nous avons en France de pouvoir relayer la voix d’acteurs aussi stratégiques dans notre secteur. Nous espérons que cette interview vous plaira autant qu’à nous.

Bonjour Cécile, peux-tu nous rappeler ton rôle à la DGEFP et ce que recouvre précisément ta mission en tant que cheffe du pôle CPF ?

Bonjour Guillaume, je travaille à la DGEFP en tant que cheffe du pôle compte personnel de formation depuis septembre 2022.

Mes fonctions sont de :

Je représente également la DGEFP et le ministère auprès des institutions européennes et internationales.

Le 14 avril a marqué une évolution importante du CPF, notamment en matière d’abondement et de fléchage. Peux-tu nous expliquer les objectifs poursuivis par ces ajustements du point de vue de la DGEFP ?

Ce texte vise à développer le recours à la participation de financeurs tiers dans le cadre du compte personnel de formation (CPF) en offrant une simplification et sécurisation du recours à la dotation.

Tout d’abord, la plateforme EDEF (espace des employeurs et des financeurs) est instituée dans le code du travail et ce texte lui permet de développer ses fonctionnalités en permettant au financeur tiers de fixer les conditions dans lesquelles peut être réalisée l’attribution de cette somme supplémentaire ainsi que son éventuel remboursement en cas d’absence d’utilisation ou d’annulation. Cette plateforme simplifie les relations entre les employeurs et leurs salariés en leur permettant de matérialiser leur accord financier et d’en suivre son exécution.

Ce texte fait le lien entre la libre disposition du compte personnel de formation par son bénéficiaire et également le fait que des financeurs tiers puisse fixer un usage des co financements qu’ils distribuent.

Il résulte des besoin recensés auprès des financeurs tiers et notamment des employeurs, d’être assurés que le titulaire de CPF se forme vers la certification financée et également que ces sommes puissent être restituées en cas de non-respect des conditions par le titulaire ou de refus de souscription en formation.

Comment voyez-vous, au sein de la DGEFP, le rôle croissant des entreprises et autres cofinanceurs dans le cadre du CPF coconstruit ?

Le dispositif CPF a été rendu possible grâce aux partenaires sociaux qui se sont accordés sur l’instauration pour les actifs d’un nouveau droit individuel à la formation et libre d’utilisation. Ce dispositif est financé grâce aux contributions versées par les employeurs. La co construction est donc une autre facette de la participation des employeurs à ce dispositif et à la montée en compétences des actifs.

 Depuis la loi de finances pour 2023, le gouvernement s’est engagé pour le développement de la co-construction notamment avec la mise en place de la participation financière obligatoire qui n’est pas appliquée en cas de co financement employeur ou OPCO.

Le décret du 14 avril ainsi que les nouvelles fonctionnalités d’EDEF s’inscrivent donc dans cette logique d’incitation à la discussion entre l’employeur et le salarié lors de la mobilisation du CPF. Il ne s’agit pas de remettre en cause les principes fondamentaux du CPF de libre choix d’utilisation par le titulaire mais d’appeler autant que faire ce peut, et lorsque cela est possible, à ce que toutes les outils techniques puissent faire en sorte que ce choix puisse participer à un besoin consensuel entre l’employeur et le salarié.

Quels leviers ont été mis en place pour faciliter la participation de ces acteurs (entreprises, branches, opérateurs publics) dans la logique de dotation?

Chaque acteur est un financeur potentiel et dispose à ce titre d’un profil spécifique au sein de la plateforme EDEF.

Pour plus de simplicité d’accès, la plateforme EDEF est disponible depuis net-entreprise qui est l’outil natif des employeur pour leurs déclarations sociales

Enfin, un portail d’information est mis publiquement à disposition pour pouvoir avoir connaissance de chaque actualité et de la réglementation en vigueur : https://financeurs.moncompteformation.gouv.fr/espace-public/

  1. Quels indicateurs ou critères suivez-vous pour évaluer l’impact de cette évolution sur la qualité, l’accessibilité et l’efficacité des parcours de formation ?

L’indicateur le plus important qui sera suivi sera le taux de recours à la plateforme EDEF avant et après la livraison technique des nouvelles fonctionnalités permettant de conditionner les dotations.

Pour rappel, toutes les données sur le CPF sont disponibles en open data.

Certains s’interrogent sur la capacité des entreprises à bien orienter les choix de formation. Quel regard portes-tu sur cette question, en tant qu’acteur public ?

L’objectif poursuivi est de pouvoir faire obtenir à ses salariés de nouvelles compétences complémentaires ou non à leur profession initiale. La co-construction peut s’exercer dans les deux sens, à l’initiative de l’entreprise qui a anticipé de nouveaux besoins mais également à l’initiative du salarié qui souhaite changer de métier au sein de la même structure. La co construction entre l’employeur et son salarié commence donc en amont de sa matérialisation financière sur la plateforme EDEF.

L’adhésion du salarié est une étape indispensable et conditionnera la réussite du bon suivi de la formation et celle à l’examen de la certification.

Enfin, quelles sont les prochaines étapes ou réflexions en cours à la DGEFP autour du CPF pour 2025 et au-delà ?

Le CPF est un dispositif novateur, qui conformément à la recommandation de la commission de l’union européenne, a vocation à s’étendre à l’ensemble des pays membres.

Notre modèle doit rester à la pointe des besoins du marché des travail mais également de chaque actif notamment en matière de simplification et de sécurisation des démarches, de qualité des formations financées mais également d’offre de services proposées afin de développer l’accessibilité et la connaissance de l’offre de formation, la valorisation des compétences et l’aide à l’orientation ou au conseil.

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