A quelques semaines de l’élection présidentielle, la CPME émet 76 propositions pour que la France mette le cap sur les PME. Marie Dupuis-Courtes, Vice-Présidente CPME chargée de l’éducation et de la formation, a accepté de nous éclairer sur les propositions relatives à la formation.
Pour la CPME, l’entreprise est un pilier majeur de la société française. Elle participe à la création de richesses, fournit du travail aux Français, contribue largement au financement de la protection sociale et constitue un lien social irremplaçable.
Pour autant elle ne peut, à elle toute seule, régler l’ensemble des problèmes de la société française. Elle ne peut non plus se soustraire à son environnement et à ses évolutions. Transition écologique, insertion par le travail et transition numérique offrent, par exemple, autant d’opportunités qu’elles ne recèlent de difficultés potentielles pour les entreprises. Faire les bons choix en tenant compte de la réalité des entreprises sera donc déterminant pour l’avenir de notre tissu économique. En se souvenant toujours qu’une PME n’est pas une grande entreprise en modèle réduit.
Autre point clé alors que les entreprises peinent à recruter, le travail mérite de retrouver la place centrale qui est la sienne. Redonner le goût au travail, c’est lui redonner tout son sens mais également sa valeur pour parvenir à une juste rétribution sans pénaliser pour autant la compétitivité des entreprises.
Ainsi, parmi l’ensemble des propositions que notre Confédération formule plusieurs visent à mieux orienter et mieux former les jeunes et les salariés. Nous considérons que notre pays souffre davantage d’un échec d’orientation que d’un échec scolaire. Les parents, mais aussi le corps professoral, hésitent encore à orienter les élèves vers les filières professionnelles, perçues comme des voies de garage. Établir de véritables passerelles entre l’enseignement général et l’enseignement professionnel mettrait fin à ce cloisonnement préjudiciable à tous.
Par ailleurs, pour sortir de l’inadéquation entre la formation des demandeurs d’emploi et les compétences que recherchent les entreprises, les diplômes doivent refléter les niveaux réels de qualification.
La CPME propose donc de se saisir à bras le corps de ce sujet à travers les propositions suivantes :
Redonner une place prépondérante à l’acquisition des savoirs fondamentaux
Les niveaux en mathématiques et en sciences au primaire et au collège, placent la France au dernier rang de l’UE. La maitrise de l’orthographe devient une rareté. Ces savoirs sont pourtant, par la suite, indispensables à l’exercice de certaines fonctions auxquelles peuvent prétendre des diplômés de l’enseignement supérieur.
Faciliter les passerelles entre l’enseignement général et l’enseignement professionnel (et vice-versa)
Aujourd’hui, un jeune qui choisit la voie de l’enseignement professionnel sait qu’il aura toutes les peines du monde à réintégrer en cours de cursus, la voie générale. L’abandon des savoirs académiques rend difficile toute réorientation. Il convient donc d’ouvrir une option de maintien des enseignements généraux dans toutes les formations professionnelles, et ce dès le CAP.
Donner la priorité au travail manuel par rapport à d’autres options, pour que tous les jeunes puissent acquérir la connaissance d’un métier manuel
Mettre fin au collège unique au bénéfice de parcours professionnalisants précoces permettrait à chaque élève d’acquérir un savoir utile et lui donnerait les moyens de choisir son orientation en toute connaissance de cause.
Attacher la valeur des diplômes au véritable niveau de qualification de ceux qui en sont titulaires
Faire croire aux jeunes qu’ils peuvent postuler à certains emplois alors qu’ils n’en possèdent pas les qualifications est une tromperie, pénalisante à la fois pour eux et pour les entreprises. Abaisser le niveau des diplômes pour augmenter le nombre de diplômés est un non-sens à l’origine d’un immense malentendu dont notre jeunesse est victime.
Ouvrir aux employeurs la possibilité d’utiliser le CPF des salariés pour les formations certifiantes et qualifiantes inscrites au plan de développement des compétences de l’entreprise
Les employeurs sont les plus à même de savoir quelles formations sont utiles au développement des compétences dans les entreprises. Aujourd’hui, ils souffrent du manque de moyens disponibles pour former les salariés alors que l’utilité des formations proposées aux salariés via le compte personnel de formation (CPF) reste, dans bien des cas, à démontrer.
Confier la formation et le placement des demandeurs d’emploi aux régions
Actuellement, Pôle Emploi est chargé du placement des demandeurs d’emploi tandis que les régions financent les formations de ces mêmes demandeurs d’emploi. La main gauche ne voit pas ce que fait la main droite, ce qui génère une complexité administrative source de retard et d’inefficacité.
Confier le placement des demandeurs d’emplois aux régions, déjà chargées de l’appui économique aux entreprises dans les territoires, serait plus logique. Pôle Emploi garderait pour le compte de l’UNEDIC, la gestion administrative des allocataires.
Systématiser la préparation opérationnelle à l’emploi (POE) dans les métiers en tension
La POE individuelle permet de résorber efficacement l’écart entre les compétences du candidat et les compétences nécessaires pour le poste en mettant en place une formation spécifique de préparation à la prise de poste.
Pour information, les principaux candidats seront reçus à la CPME pour évoquer leur programme économique, social et environnemental, et dialoguer avec des chefs d’entreprises. A ce stade sont d’ores et déjà calés, le mercredi 9 mars, tour à tour, Anne Hidalgo et Marine Le Pen. Le mercredi 16 mars, Yannick Jadot sera suivi de Valérie Pécresse, qui précèdera Eric Zemmour.
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