Aujourd’hui le paritarisme de gestion est la règle en matière de formation. Les candidats Emmanuel Macron et François Fillon semblent vouloir bousculer l’ordre établi pour un nouveau modèle.
Si le paritarisme permet une continuité des actions, et une forme universelle de protection sociale pour les citoyens, son modèle est critiqué par certains quand il s’agit d’évoquer ses évolutions et son peu d’adaptabilité aux nouvelles réalités économiques et sociales.
Vers une nationalisation de l’assurance-chômage et de la formation
Dans son programme “En marche !”, Emmanuel Macron affiche la volonté de mettre fin au paritarisme de gestion, notamment avec la reprise en main par l’Etat de l’Unédic, géré actuellement par les partenaires sociaux. Il prône la création d’un système universel d’assurance-chômage financé par l’impôt et piloté par l’Etat, ouvert aux entrepreneurs, aux agriculteurs, aux indépendants, aux professions libérales, ainsi qu’aux salariés qui démissionnent, dans la limite d’une fois tous les 5 ans.
Il veut également donner plus de poids aux négociations au sein de chaque entreprise.
Côté formation, ses propos sont clairs :
“Si l’on veut s’attaquer au coeur du chômage, il faut un vrai plan de formation continue et pour cela changer la gouvernance du système aujourd’hui entre les mains des partenaires sociaux”.
La fin du paritarisme serait une opportunité selon lui de réorienter les formations financées vers les publics aux besoins les plus clairement identifiés (les demandeurs d’emploi et personnes en reconversion), et non au bénéfice d’une majorité de salariés :
” Les droits sont les mêmes pour tous, alors qu’ils devraient être renforcés pour ceux qui en ont le plus besoin, et en premier lieu pour les chômeurs”.
Quid des financements et du dialogue social ? Silence radio sur cet aspect. Selon lui :
“La preuve que ce système est inefficace est son incapacité à produire des accords pertinents pour tout le monde, car les partenaires sociaux défendent les intérêts des travailleurs en poste mais pas ceux des chômeurs”.
Dans son programme, il évoque une obligation de se former pour être indemnisé au “bout d’un certain temps au chômage”. Après la formation, le demandeur d’emploi se verrait supprimer son indemnisation en cas de refus de toute “offre d’emploi raisonnable”.
Vers une libéralisation de la formation
Dans son programme, François Fillon veut également reprendre la main sur l’assurance-chômage.
Pour la formation, il semble avoir trouvé l’inspiration du côté de l’Institut Montaigne, reprenant en partie la notion de “Capital formation” à son compte :
“Sécuriser les parcours professionnels en permettant à chaque Français de bénéficier d’un « capital formation » qui remplacera les dispositifs existants (CPF, CIF…) et permettra de rationaliser et de débureaucratiser les fonds de la formation professionnelle, en donnant à chaque salarié et à chaque demandeur d’emploi l’opportunité de se construire une carrière et de se prémunir contre l’inactivité.”
La gouvernance globale du système comporte trop d’organismes différents COPANEF, CNEFOP, FPSPP, COPAREF, CREFOP, CPNE et devrait être revue si Fillon est élu président.
Des questions en suspens ?
- Comment passer d’un paritarisme de gestion à un modèle étatique?
- Quels financements pour ce nouveau système de gestion ?
- Quels acteurs pour mettre en place et évaluer la nouvelle politique de formation ?
- Quel rôle pour les syndicats, les Opca, etc. ?
Si Emmanuel Macron et François Fillon affichent une volonté de réforme pour l’emploi et la formation, les modalités de mise en oeuvre ne sont pas clarifiées.