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Interview croisée Neila Hamadache (Déléguée à la Formation – Syntec Numérique) et François-Xavier Huard (Directeur Branches et Partenariats – OPCO Atlas)

Neila Hamadache, Déléguée à la formation – Syntec Numérique, et François-Xavier Huard, Directeur Branches et Partenariats – OPCO Atlas, ont répondu à nos questions concernant l’impact du Covid-19 sur les entreprises du numérique, et les leviers pour relancer ces dernières.

OPCO Atlas & Syntec Numérique

Quel a été l’impact du Covid-19 sur les entreprises du numérique ? – Neila

Syntec Numérique a réalisé une troisième édition de son baromètre spécial sur l’impact du Covid-19 sur les entreprises du numérique mis en ligne du 20 mai au 1er juin.
Ce 3ème baromètre nous confirme la situation difficile des entreprises du numérique et la grande préoccupation des chefs d’entreprise notamment pour la reprise de l’activité, déjà décrite par les résultats des deux précédentes vagues d’enquêtes.
Les résultats ont souligné la différence de situation que peuvent connaître les différentes activités du numérique avec :

Quelles sont les craintes de vos adhérents ? – Neila

Le secteur numérique est un secteur créateur d’emploi depuis 9 ans. Le recours au chômage partiel reste en place pour l’instant. Mais des questionnements existent sur la gestion des salariés après cette période.
Le secteur du numérique avec ses 510 000 emplois est l’un des secteurs de l’économie française les plus créateurs d’emploi et ceci depuis près de 10 ans.

84% des chefs d’entreprise modifient leur politique de recrutement en cette période troublée. 36% ont gelé les recrutements et 28% limiteront leur recrutement exclusivement sur mission.
Les chefs d’entreprise pensent que le redémarrage de l’activité après cette crise sanitaire sera long et étalé sur plusieurs mois à partir de septembre, jusqu’à la fin d’année 2020.

Lors du premier baromètre, 46% des dirigeants exprimaient leur inquiétude quant à la pérennité de leur entreprise si la reprise de l’économie ne se fait pas à un rythme normal dans 3 mois. Les réponses de la 2ème enquête renforcent cette inquiétude et ces difficultés des chefs d’entreprise : 1 sur 2 (47%) des chefs d’entreprise auront des difficultés de trésorerie d’ici à la rentrée de septembre et 80% d’ici la fin d’année. Le 3ème baromètre met en évidence le souffle du déconfinement qui n’a pas enlevé les inquiétudes des chefs d’entreprise, mais qui donne un horizon un peu plus lointain avec l’espoir d’une reprise même lente. 50% seront en difficulté d’ici la fin de l’année et 20% à la fin du 1er semestre 2021.

Les entreprises du numérique commencent à organiser la reprise économique. Le mois de mai leur a permis de continuer à travailler sur leur plan de relance ou d’économie pour 70% d’entre eux. 87% des ICT, 75% des ESN et 55% des éditeurs. Les grandes entreprises et les entreprises de taille intermédiaire sont déjà prêtes ou en train de se préparer. Les TPE ainsi que les PME restent pour l’instant plus en attente.
Les perspectives des chefs d’entreprise pour le secteur restent assez négatives. Lorsqu’on leur demande si le secteur va devoir restructurer d’içi à la fin de l’année, à la quasi-unanimité (99%), ils répondent oui. 65% soit 2 chefs d’entreprise sur 3 pensent que cela aura lieu à la rentrée de septembre.

Qu’avez-vous mis en place pour soutenir vos adhérents ? (BE-COVID19) – Neila

Pendant cette période, les équipes de Syntec Numérique ont dû travailler sous plusieurs angles :

Pour cela, plusieurs actions ont été mises en œuvre afin de soutenir nos adhérents et les entreprises du secteur en cette période :

Par ailleurs, nous sommes présents au sein des instances de la Branche. Il nous a donc semblé important que la formation soit un outil majeur pour permettre aux entreprises de préparer la sortie de crise sanitaire et la reprise de l’activité. C’est pourquoi, en complément des décisions gouvernementales (renforcement du FNE Formation pour les salariés en activité partielle), notre branche professionnelle a souhaité accompagner les entreprises dans le financement de la formation des salariés non placés en activité partielle.

A ce titre, la Branche professionnelle, avec l’aide opérationnelle de l’Opco Atlas, finance jusqu’au 31/08/2020, 70% des coûts pédagogiques des formations en distanciel d’une durée maximale de 35h, suivies par des salariés non placés en activité partielle.

Comment s’est organisée la mise en place du dispositif FNE-Formation – François-Xavier

Nous avons fait face à une situation inédite et d’une ampleur exceptionnelle : début juin, plus de 13 millions de salariés étaient concernés par l’activité partielle, et donc potentiellement bénéficiaires du FNE renforcé, dans plus d’1 million entreprises. C’est du jamais vu.

En quelques jours et sur décision de nos instances paritaires, Atlas a pleinement mobilisé ses équipes dans le cadre d’un dialogue permanent avec les services de l’Etat. Nous avons ainsi contractualisé avec les DIRECCTE pour un montant total de financement de 33 M€, ce qui fait d’Atlas le premier OPCO en terme de contractualisation FNE avec les services déconcentrés de l’Etat.

Au 19 juin, ce sont 17,6 M€ qui ont déjà été engagés pour financer la formation de près de 18 000 salariés. Parmi les onze OPCO, Atlas est le premier en engagements financiers mobilisés et le deuxième en nombre de salariés aidés. Toutes nos équipes ont été pleinement mobilisées pour faire face à ce flux important de demandes : nous avons même dû les renforcer temporairement pour garantir un traitement efficace et rapide des demandes.

Avez-vous quelques conseils dans la constitution d’un dossier, un guide explicatif ? – François-Xavier

Le premier conseil que je donnerais, c’est de trouver l’offre de formation qui réponde à la fois aux besoins en compétences de vos salariés et qui soit dans une fourchette de prix cohérente par rapport au marché, sur des actions équivalentes. Il n’y a pas de plafond horaire, conformément aux instructions du Ministère, mais les OPCO sont chargés de vérifier l’adéquation financière de l’action proposée aux besoins de formation, à l’ingénierie pédagogique, à l’innovation des moyens mobilisés et aux tarifs pratiqués pour des prestations analogues.

Le second conseil que je pourrais donner, c’est de bien vérifier que votre dossier est complet. Le site internet d’Atlas liste l’ensemble des pièces à joindre à votre dossier avant de le saisir sur nos services en ligne, MyAtlas.

Pour aider les entreprises à déposer leur dossier, Atlas a rédigé une fiche de synthèse sur le FNE et la marche à suivre pour préparer et déposer son dossier, disponible sur notre site internet.

Enfin, pour aider les entreprises à trouver des parcours de formation à distance, Atlas a travaillé avec 15 branches professionnelles qui constituent l’OPCO pour proposer un panorama disponible en ligne sur notre site : https://www.opco-atlas.fr/entreprise/formations-accessibles-crise-sanitaire-Covid-19.

Le dispositif a été peu engagé, à votre avis pourquoi ? Est-ce fini ? – François-Xavier

La mobilisation autour du FNE renforcé n’est pas terminée, puisque sur les 500M€ annoncés par le gouvernement, 53M€ ont été engagés à cette date. Toute entreprise dont une partie de ses salariés sont encore en activité partielle peut encore en bénéficier. Même si l’activité économique est globalement repartie, de nombreux secteurs auront besoin d’une aide du FNE et d’un accompagnement par leur OPCO dans les prochaines semaines, voire les prochains mois, afin de sécuriser au mieux la relance de leurs activités.

Je tiens également à souligner qu’à la demande de la branche des bureaux d’études, les équipes d’Atlas ont mobilisé une aide exceptionnelle pour ne laisser aucune entreprise du secteur sans solution, y compris celles qui ne sont pas éligibles à l’activité partielle ou seulement pour certains de leurs salariés. En complémentarité avec le FNE, cette aide exceptionnelle, dont le budget initial était de 5M€, a été réévaluée récemment à 9M€. Elle a déjà bénéficié à 5 420 salariés pour un montant total engagé de 3,2 M€.

La formation jouera-t-elle un rôle clef dans les prochains mois ? – François-Xavier / Neila

François-Xavier – La mission d’Atlas trouve tout son sens dans cette période inédite : soutenir les compétences. En tant qu’opérateur de compétences, notre rôle est d’être au service des branches professionnelles dans la mise en œuvre de leur politique emploi et formation professionnelle, de soutenir la montée en compétences ou la reconversion professionnelle des salariés et d’aider les entreprises à mobiliser les compétences dont elles ont besoin pour accompagner la relance d’activité.
L’impact de la crise économique et sociale nécessite également que nous amplifions, aux côtés des branches professionnelles, nos actions en faveur de l’insertion professionnelle des demandeurs d’emploi, des jeunes diplômés et des futurs alternants. 

Neila – Nos métiers sont soumis à de fortes et rapides évolutions et nécessitent constamment des adaptations et développements de compétences.
Nous l’espérons donc même s’il est presque certain que la priorité sera donnée à la reprise d’activité et à la présence des salariés chez leurs clients. Cela signifiera que les missions ont repris.

Nous espérons également que l’activité de notre secteur retrouvera d’ici 6 à 12 mois le niveau de dynamisme que nous connaissions avant le confinement. Si tel est le cas, nos entreprises pourraient se retrouver face aux mêmes difficultés de recrutement qu’elles connaissaient encore en janvier/février 2020.
C’est la raison pour laquelle, nous pensons qu’il est stratégique de profiter des mois à venir pour poursuivre l’effort de formation et mettre en œuvre des parcours de reconversion, ou de « re-skilling », des demandeurs d’emploi et des salariés en poste avec un risque de perte d’emploi.

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