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Interview de Francis Petel, membre de la CNCP et du COPANEF

Photo de Francis Petel membre du COPANEF
Francis Petel

Thibault Lieurade, journaliste pour Xerfi, a interviewé Francis Petel ( COPANEF ) a réforme de la formation professionnelle du 5 mars 2014. Nous avons retranscrit pour vous cet échange de grande qualité :

Qu’est-ce que cette réforme a apporté de nouveau ?

Francis Petel : les entreprises, c’est la fin des prélèvements obligatoires au titre de la formation continue. C’est le passage d’une obligation de payer à une obligation de former ses salariés assortie d’une obligation de maintenir l’employabilité de ses salariés qui sera mesurée sur une période de 6 ans.

Pour les salariés : c’est la possibilité de se former sans demander l’autorisation, sans en informer le chef d’entreprise.

Est-ce qu’il y a des points négatifs dans cette réforme ? il y en a toujours…

Il y a des points négatifs au niveau de la mise en œuvre. Cette réforme est trop complexe et a été mise en place trop rapidement. Pour les entreprises et surtout pour les PME qui ont toujours une obligation de collecte, mais très réduite, c’est le fait de faire face à des départs en formation des salariés qui ne sont pas équilibrés d’une année sur l’autre. La mutualisation des fonds facilitait ce départ en formation.

Seulement 8% des certifications inscrites à l’Inventaire de la formation professionnelle sont accessibles au CPF…

Pour les salariés, c’est l’apparition du Compte Personnel de Formation : le fameux CPF. Mais si l’employeur n’a plus la possibilité de dicter les plans de formation des salariés, les salariés eux, n’ont pas non plus la possibilité de choisir leur formation simplement parce que seulement 8% des certifications inscrites à l’Inventaire de la formation professionnelle (CNCP) sont accessibles au CPF. [Le COPANEF de vitesse )

Fin 2015, 94% des heures de formation financées au titre du CPF étaient pour les demandeurs d’emplois.

Les salariés ont très peu accès au CPF à cause de la complexité du système. De façon plus structurelle il faut bien se rendre compte que le départ en formation est très souvent une initiative conjointe de l’employeur et du salarié. De ce point de vue la les dispositions actuelles créent une dichotomie et donc on assiste au développement de modalité de formations conjointes, d’abondements ou autre qui essaient de  reconstituer ce qu’était l’univers du financement de la formation avant la réforme.

Quelles sont les voies d’améliorations dans les prochaines années ?

Cette réforme porte en germe des points positifs. Premièrement : le fait d’en finir avec le décompte d’une action de formation en jour de présentiel et de pouvoir ouvrir la formation de façon plus libre aux formes modernes de formation. Deuxièmement, la formation n’étant plus une taxe, mais une charge de l’entreprise, elle peut attendre un retour sur investissement sur la formation du salarié en terme de compétences et de performance, c’est un point positif pour l’entreprise.

Pour conclure est-ce qu’il faut en déduire qu’une nouvelle réforme verra le jour dans les prochaines années ?

Oui et à deux niveaux. D’abord parce que Bruxelles à partir de maintenant et jusqu’à fin 2017 veut mettre en place dans les états membres une réforme qui vise non plus l’acquisition de diplômes, mais l’acquisition des compétences identifiées autours d’une taxonomie de 13 000 compétences mises en place par Bruxelles.

On peut craindre que fin 2017, début 2018 on ait une énième réforme de la formation.

On risque de se réorienter vers les compétences. Depuis 1970, on assiste tous les 4 ans à une nouvelle réforme de la formation ne laissant pas la place à la réforme précédente de voir ses effets positifs voir le jour, se mettre en place et nous le regrettons tous dans le monde de la formation. Malheureusement on peut craindre que fin 2017, début 2018 on ait une énième réforme de la formation.

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