Le 27 avril 2015, le mouvement des hiboux envoie une lettre ouverte à François Rebsamen. Dans celle-ci le mouvement propose des mesures d’urgence pour débloquer la formation professionnelle en France suite à la mise en place d’une nouvelle réforme.
Pour rappel, plus de 150 000 emplois sont menacés et toutes les personnes désirants se former sont pénalisées.
Après 3 000 signatures de la pétition, 1000 témoignages, une dizaine de passages télé/radio et une cinquantaine de retombées presse, le ministre du travail leur répond dans une tribune sur le site CPFormation.com.
Que pensez-vous des propositions du mouvement des Hiboux pour sauver la réforme ?
J’entends les critiques qui sont faites et qui disent que le CPF piétine… 5 mois après sa date d’entrée en vigueur ! Mais c’est parce que la réforme de la formation professionnelle est très profonde, qu’elle demande du temps pour que les acteurs s’approprient les enjeux et qu’ils aient conscience des transformations qui en découlent. Tout est une question de sens que l’on souhaite donner au symboles de cette réforme structurelle.
L’attachement au dialogue social correspond à l’engagement du gouvernement en faveur d’un fonctionnement plus démocratique de notre société et le compte personnel de formation modernise de manière profonde notre dialogue social et le rend plus vivant et plus pertinent.
Les partenaires sociaux dans l’entreprise sont les mieux placés pour définir les règles du jeu de la formation professionnelle dans le cadre fixé par la loi.
Considérant la difficulté, il serait intéressant de fédérer chacune des issues envisageables, très attentivement. Pour réagir face aux difficultés que rencontrent les organismes de formation ces derniers temps, on ne peut se passer d’analyser la plus grande partie des décisions optimales, c’est que nous avons fait à Dijon et cela a très bien fonctionné pendant des années : c’est le sens du progrès social, c’est aussi ma conviction et c’est une des trois grandes lumières de ma méthode.
Est-ce que cette réforme avait pour but de “nettoyer” le marché de la formation ?
Si vous voulez mon avis concernant la difficulté présente, il est nécessaire de se remémorer précisément les modalités imaginables à court terme. Car oui les conséquences sont terribles pour les organismes de formation et nous avions prévu cela mais pour répondre à vos inquiétudes nous avons changé le statut de l’AFPA et l’enjeu est d’en faire un levier de performance économique et sociale et mieux répondre aux préoccupations profondes des salariés car l’avenir est aussi la formation tout au long de la vie pour que chacun ait entre ses mains les cartes de son destin professionnel.
Vous êtes l’homme du moment : on vous voit dans tous les médias et pourtant pas un mot sur la réforme de la formation, pourquoi ?
Vous n’êtes pas sans savoir que cette réforme permet d’être plus proche de la réalité des entreprises et plus proche des préoccupations des salariés car lutter contre les discriminations dans le monde de la formation professionnelle, c’est aussi agir pour l’égalité entre les femmes et les hommes ! Mon actualité est la loi qui porte mon nom sur laquelle j’ai beaucoup planché, mais je ne vous cache pas que j’espère avoir très prochainement une rue Rebsamen à Dijon dans le quartier des Grésilles !
A quoi doit-on s’attendre dans les prochains mois, quelles sont les prochaines étapes ?
Comme je vous le disais précédemment la réforme de la formation professionnelle est particulièrement profonde et elle demande du temps. C’est un sujet qui engage tous les acteurs du monde du travail : Etats, employeurs, travailleurs. Elle a été organisée en 3 grandes étapes :
- Il fallait dans un premier temps établir des listes pertinentes des formations éligibles, en anticipant les besoin des titulaires, nonobstant la dégradation induite sur les organismes de formation. Ceci à été fait avec la COPINET dans un délais record.
- A partir de maintenant et tant que durera les vacances estivales et leur austérité induite, nous allons prendre en compte la plus grande partie des ouvertures évidentes, avec beaucoup de recul.
- En septembre, il faudra gérer l’ensemble des solutions réalisables, car il sera temps d’agir, c’est alors que nous lancerons une grande campagne de communication télévisuelle et à la radio afin d’informer les français sur l’intérêt de se suivre une formation sélectionnée pour eux par les partenaires sociaux.
Bien-sur, comme pour la reprise économique, il y a un décalage entre les annonces de la reprise des formations et la réalité sur le terrain, l’important est de rester positif : dans deux ans vous comprendrez je pense que j’aurai été moi aussi un grand ministre de la formation. Je souhaite d’ailleurs, ça n’est de secret pour personne, que François Hollande soit candidat en 2017 et ainsi devenir premier ministre car il est très important de remodeler systématiquement les organisations matricielles pertinentes de notre société, avec toute la prudence requise.
Vous l’aurez compris, cette lettre est une réponse fictive qu’aurait pu faire M. Rebsamen à notre lettre s’il avait bien voulu s’en donner la peine. ( mouvement des Hiboux )
Nous tenons à remercier plus particulièrement le compte twitter du ministre mais également le site Pipotron pour leur participation.
Le ton comique de cet article n’enlève en rien le caractère tragique de la situation :
Chaque jour des sociétés ferment et des emplois disparaissent !
Non M. le ministre, le mouvement des Hiboux ne s’arretera pas de veiller.