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Le reste à charge et son impact négatif sur la RSE

La politique de formation professionnelle joue un rôle essentiel dans la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), que ce soit au niveau de l’État ou des entreprises elles-mêmes. Cependant, le système actuel de formation continue accentue les inégalités plutôt que de les corriger. L’introduction d’un “reste à charge” dans le Projet de Loi de Finances (PLF) pose un véritable problème, car elle limite l’accès à la formation pour les bénéficiaires du Compte Personnel de Formation (CPF) qui en ont le plus besoin, tels que les ouvriers, les employés, les seniors et les femmes.

Le CPF et son rôle crucial dans la réduction des inégalités

Le Compte Personnel de Formation (CPF) était une avancée majeure de la loi sur la formation professionnelle de 2014, visant à promouvoir le développement tant des individus que des entreprises. Contrairement à son prédécesseur, le Droit Individuel à la Formation (DIF), qui restait largement méconnu des salariés, le CPF a connu un succès grandissant grâce à sa réforme de 2018. Cette réforme a introduit des améliorations significatives, notamment la conversion des droits en euros et le lancement d’une application mobile conviviale.

L’émergence du CPF et sa simplification d’accès

Depuis la réforme de 2018 et la loi Avenir professionnel, le CPF a attiré de nouveaux publics, notamment les employés, les ouvriers et les techniciens. Les formations sont désormais sollicitées de manière plus équitable par les femmes et les hommes. Grâce à la simplification des démarches et à l’application mobile conviviale, l’utilisation du CPF a considérablement augmenté au fil des années.

Le CPF comme levier de réduction des inégalités

La réforme du CPF a permis de réduire les inégalités en matière d’accès à la formation. Avant la réforme, les cadres étaient surreprésentés parmi les bénéficiaires de la formation professionnelle. Toutefois, depuis sa simplification et sa démocratisation, le CPF a attiré de nouveaux publics, notamment des employés, des ouvriers et des techniciens. Les chiffres montrent que 66% des demandes de formation proviennent de ces catégories professionnelles et que 38% des personnes souhaitant se former ont un niveau BEP/CAP ou inférieur. Ainsi, le CPF a permis de rendre la formation professionnelle plus accessible aux travailleurs les moins qualifiés.

Le reste à charge : un obstacle à l’accès à la formation et la RSE

L’introduction d’un reste à charge dans le Projet de Loi de Finances (PLF) soulève de sérieuses préoccupations. Cette mesure crée une barrière financière à l’entrée de la formation pour les travailleurs les moins rémunérés. Comment peut-on attendre d’une aide-soignante, d’un ouvrier du bâtiment ou d’un livreur à domicile qu’ils financent leur propre formation en période d’inflation croissante ? Le reste à charge de 30% évoqué par le gouvernement représenterait une charge supérieure à 400 €, ce qui dissuaderait de nombreux salariés aux bas salaires de se former.

le CPF en 2023, soumis à un potentiel reste à charge à hauteur de 30%

Le reste à charge : une menace pour la promotion sociale et l’employabilité, un frein à la RSE

Le CPF est souvent considéré comme une deuxième chance, voire une première chance, d’émancipation sociale pour de nombreux travailleurs. Les mesures visant à introduire un reste à charge vont restreindre l’accès à la formation pour les principaux bénéficiaires du CPF, notamment les ouvriers, les employés, les seniors et les femmes. Cela entraînera une perte d’opportunités de promotion sociale, d’employabilité et d’avenir pour ces catégories de salariés.

Préserver la RSE et promouvoir l’employabilité pour tous : reconsidération du reste à charge

Pour préserver la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et promouvoir l’employabilité pour tous, il est crucial de reconsidérer l’introduction d’un reste à charge dans le CPF. Il est essentiel de garantir un accès équitable à la formation continue, en particulier pour les travailleurs les moins rémunérés et les publics vulnérables. Des mesures doivent être prises pour réduire les obstacles financiers et assurer une répartition équitable des ressources.

Il semble que le reste à charge se mette en porte à faux vis-à-vis du développement de la RSE au sein des entreprises de diverses manières.

Renforcer la coopération entre les entreprises et les salariés

Le Pacte RSE repose également sur la co-construction des parcours professionnels, en articulant l’engagement des individus avec la responsabilité des entreprises. Il est important de favoriser la participation des entreprises et des branches professionnelles en contribuant financièrement au CPF de leurs salariés. À l’heure actuelle, seulement 12% des salariés seraient prêts à proposer un projet de formation mobilisant le CPF à leur service des ressources humaines. Il est donc nécessaire de sensibiliser les acteurs économiques à l’importance de la formation continue et de renforcer leur engagement dans ce domaine.

Quelques mots de conclusion

Le CPF a été un outil essentiel pour réduire les inégalités en matière d’accès à la formation professionnelle. La réforme de 2018 a permis d’attirer de nouveaux publics et de simplifier l’utilisation du CPF. Cependant, l’introduction d’un reste à charge dans le PLF menace les avancées réalisées. Cette mesure représente un obstacle financier pour les travailleurs les moins rémunérés et compromet leur accès à la formation. Pour préserver la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et promouvoir l’employabilité pour tous, il est crucial de reconsidérer cette mesure et de garantir un accès équitable à la formation continue. Des mesures complémentaires doivent être prises pour renforcer la coopération entre les entreprises et les salariés, afin de favoriser la co-construction des parcours professionnels et la promotion de l’employabilité.

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