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Interview de Muriel Métivet, directrice du projet CPA

Aujourd’hui nous interviewons pour vous Muriel Métivet, directrice du projet CPA au sein de la DGEFP (délégation générale à la formation professionnelle), au ministère du Travail.

Son rôle est de mettre en œuvre le compte personnel d’activité, en lien avec les différentes administrations concernées, la Caisse des dépôts qui est l’opérateur du CPA, et de manière plus générale tous les acteurs du champ de la formation professionnelle.

Pourriez-vous nous faire un point sur les chiffres du CPA à ce jour

7 semaines après son lancement, près de 500 000 personnes sont venues naviguer sur le site.

155 000 personnes ont créé leur espace personnel sur le CPA (alors qu’elles n’avaient pas activé leur CPF auparavant) et 30 000 détenteurs de CPF sont également venus consulter leur CPA.

 

Ces chiffres sont très bons et sont fortement soutenus par une campagne de communication d’envergure encore combien de temps le CPA va-t-il être soutenu dans les médias ?

Le lancement du CPA s’est effectivement accompagné par une campagne de communication auprès du grand public, avec notamment des spots à la télévision sur le mois de janvier, puis par de la communication sur les réseaux sociaux et une campagne radio sur février – mars. Nous espérons donc, à travers ces différents medias, toucher le plus grand nombre de personnes afin de leur faire connaître leurs droits et les possibilités qu’ils offrent à l’appui de leur parcours professionnel.


Pour toutes les personnes qui ont créé un compte Personnel de formation doivent-ils recréer un CPA et vis-et versa s’ils ont créé un CPA cela créé-t-il obligatoirement un CPF ?

En réalité, les comptes des usagers, que ce soit le CPA ou le CPF, sont créés et alimentés automatiquement, ce qui est rassurant pour les personnes : même si elles ne se rendent pas sur le site internet, les comptes sont ouverts et les droits inscrits, et ils seront là le jour où les personnes voudront les utiliser !

Si une personne a déjà ouvert son espace personnel sur le CPF, elle peut aller sur le CPA avec son identifiant et son mot de passe et vice-versa.

Les usagers sont invités à créer un espace personnel, pour consulter leurs droits et savoir comment et à quoi les utiliser. Les identifiants et les mots de passe sont identiques pour les deux sites. Si une personne a déjà ouvert son espace personnel sur le CPF, elle peut aller sur le CPA avec son identifiant et son mot de passe et vice-versa. Ce qui est intéressant, c’est que l’arrivée du CPA a fait venir des personnes qui n’étaient jamais venues consulter leurs droits sur le CPF, cela contribue donc à une meilleure connaissance des droits !

 

Il y a eu de nombreuses améliorations sur le CPA pour mettre en avant les certifications éligibles pouvez-vous nous en dire plus ?

Nous avons co-construit le site du CPA avec une communauté d’utilisateurs, composée d’usagers qui ont vécu une transition professionnelle, et de conseilleurs de différents réseaux de conseil en évolution professionnelle (CEP). Nous sommes partis de leurs besoins pour imaginer les fonctionnalités, et nous leur avons soumis, toutes les 3 semaines environ, nos projets de maquette pour qu’ils nous donnent leur retour, ce qui nous a permis de les améliorer par rapport à ce qui était prévu.

Pour la recherche de formation, nous avons apporté deux changements. Premièrement, quand on affiche les certifications éligibles en fonction de la situation de l’usager, nous avons allégé les informations données, car le code CPF ou l’éditeur de liste sont plus utiles pour les opérateurs que pour les usagers, pour qui ces codes sont parfois difficiles à comprendre. On a donc mis en valeur plutôt la description de la certification, et le niveau visé en sortie, pour permettre aux usagers de se faire rapidement une idée et de voir si cela correspond à leur projet.

Deuxièmement, pour une certification donnée, nous affichons les organismes de formation associés qui sont référencés dans Offre Info. L’usager a la possibilité de les trier par ville, par nom de l’organisme ou par durée de la formation. L’idée est là aussi de lui simplifier la vie en lui permettant au sein du même site, d’identifier les organismes de formation qui peuvent l’intéresser. Ce n’est pas encore parfait, et nous avons tout un plan d’actions dans les prochaines semaines, pour enrichir et compléter les informations, mais cela répond à un besoin qui a été exprimé fortement par les usagers.

 

Pour un certificat on peut avoir plusieurs formations dispensées par des organismes de formations à ce jour combien d’organismes sont présentés quels sont-ils ?

7 500 organismes de formation, qui proposent des formations éligibles au CPA, sont visibles sur le site

Environ 7 500 organismes de formation, qui proposent des formations éligibles au CPA, sont visibles sur le site. Comme les organismes peuvent proposer des actions de formation sur plusieurs sites, cela permet aux usagers d’identifier plus de 13 000 lieux où se former.

 

Quelles sont les interactions entre le CPA et les financeurs, notamment les OPCA ?

Les OPCA et les autres financeurs ont été associés à la mise en œuvre du CPA, car, même si l’arrivée du CPA ne remet pas en cause les processus et les pratiques de travail mises en place depuis plus de 2 ans, il embarque un certain nombre d’évolutions.

D’abord, la loi du 8 août a rendu possibles de nouvelles utilisations des droits : on peut maintenant financer un bilan de compétence, ou un accompagnement à la création ou à la reprise d’entreprise. Sur ce dernier point, nous avons mis en place des ateliers en 2016 avec des OPCA et les réseaux spécialisés dans ce type d’accompagnement, car ce sont des « prestations » assez différentes d’une action de formation classique, et les opérateurs ne sont pas tous familiers avec le cadre de la formation professionnelle. Nous préparons également activement, dans le même ordre d’idée, l’arrivée de l’éligibilité du permis de conduire le 15 mars prochain.

Ensuite, dans le CPA, il y a un nouveau compte de droits, le compte d’engagement citoyen, qui va permettre aux usagers d’acquérir des heures de formation en plus en reconnaissance de la réalisation de certaines activités bénévoles ou de volontariat. Pour les OPCA et les financeurs en général, ce sont donc des heures qui pourront être utilisées (si l’usager le souhaite) dans le montage du dossier, mais elles auront des particularités en termes d’utilisation, de taux, etc.

Nous devons également mener une réflexion sur l’articulation entre l’affichage des organismes de formation sur le site du CPA et les travaux en cours sur la qualité et le référencement des OF, avec la montée en puissance de Data Dock.

En bref, pour les OPCA, les nouveautés sont moins liées à l’arrivée du portail CPA, qui est très tourné vers les usagers, qu’aux changements du cadre législatif. Sur le plan informatique, les systèmes d’information des OPCA restent connectés au système d’information du CPF, sur lequel s’adosse le CPA.

 

Quelles sont les interactions entre le CPA et Pôle emploi ?

Nous travaillons avec Pôle Emploi en tant que financeur et CEP, mais également sur des sujets d’innovation numérique.

Le CPA partage avec l’Emploi Store, mis en œuvre par Pole Emploi, un même « objet social » : proposer aux usagers des services numériques utiles à la sécurisation des parcours professionnels, gratuits, construits via des démarches d’innovation ouverte (ouverture des données publiques, big data), l’animation d’un écosystème d’acteurs innovants (start ups, développeurs), tirées par les usages et la co-construction avec les utilisateurs. Nous venons de conclure une convention de partenariat autour de ces objectifs pour que les usagers aient accès de façon fluide, à plus de services. Le CPA est référencé sur l’Emploi store depuis son lancement, et d’ici fin mars, les utilisateurs du CPA seront aussi invités à aller sur l’Emploi store pour approfondir leur projet professionnel.

 

Quels sont les prochains chantiers du site CPA ainsi que du CPF

La feuille de route du CPF prévoit des chantiers très importants comme la dématérialisation et la simplification des démarches des usagers lorsqu’ils engagent un dossier de formation (ce qui va également servir au CPA puisque ce sont les mêmes démarches), la possibilité pour les usagers de choisir des blocs de compétences, ou encore des actions de simplification vis-à-vis des opérateurs (sur la gestion des listes éligibles par exemple).

Côté CPA, nous avons 4 gros chantiers. Deux sont liés à l’arrivée dans le dispositif des agents publics (depuis 2017) et des travailleurs indépendants (au 1er janvier 2018). Il va donc falloir pour ces catégories, comme ce qui a été fait pour les salariés en 2014, prévoir l’alimentation de leur compte, la gestion des dossiers de formation, etc., en lien avec de nouveaux acteurs (employeurs publics, fonds d’assurance formation des travailleurs indépendants).

Le 3ème est lié à la mise en œuvre du CEC : les activités bénévoles et de volontariat réalisées en 2017 vont générer des droits début 2018 sur les comptes, nous travaillons à l’alimentation de ces comptes par de l’échange de données entre administrations pour que les usagers n’aient rien à faire, et que ce soit le plus simple possible, pour eux comme pour les financeurs. Enfin, nous souhaitons améliorer les services numériques proposés sur le portail, que ce soit sur la recherche de formation évoquée précédemment, mais aussi tout ce que nous avons commencé à faire pour sensibiliser et aider l’usager à construire son projet professionnel, comme par exemple les suggestion de métiers qui lui sont faites en lien avec ses compétences.

 

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