Muriel Pénicaud a publié sur son profil LinkedIn il y a 9 heures son opposition au reste à charge du Compte Personnel de Formation, déclarant publiquement sa position sur cette question qui fait suite aux divergences d’opinion chez les députés Renaissance.
Le Compte Personnel de Formation (CPF) est un dispositif mis en place par le gouvernement français qui permet aux salariés de se former tout au long de leur vie professionnelle. Le reste à charge du CPF désigne la part de la formation qui n’est pas prise en charge par l’État, l’employeur ou d’autres organismes. Muriel Pénicaud, ancienne ministre du Travail en France, a décidé de s’opposer au reste à charge du CPF en publiant sur son profil LinkedIn.
Par un amendement à la loi de finances, le gouvernement a décidé de faire payer une partie du compte personnel de formation #CPF par les salariés, en créant un « reste à charge ». Il faut retirer cette mesure, prise dans la précipitation. C’est une erreur sociale et économique, donc politique – retrouvez mon itw complet au JDD
« Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayer l’ignorance », disait Abraham Lincoln. L’État doit faire des économies, mais pas sur l’éducation et la formation, leviers de notre compétitivité et notre cohésion sociale.
Avec la révolution numérique, le verdissement de l’économie et le vieillissement démographique, un emploi sur deux ne sera plus le même en 2030. C’est pourquoi nous avons instauré le CPF en euros par la loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel » de 2018 : permettre aux 25 millions d’actifs, grâce à un financement annuel et une application toute simple, de se former tout au long de la vie.
Sur les 5 millions d’utilisateurs depuis trois ans, 90 % sont des ouvriers et employés, et 50 % des femmes. Du jamais-vu ! C’est une réelle avancée sociale, un grand succès populaire. Certains ont pu passer leur permis de conduire, d’autres le permis cariste, un diplôme d’aide-soignante ou d’informatique. Le CPF a changé des vies.
Aujourdhui, il faut six générations pour basculer de l’extrême pauvreté à la classe moyenne. Si vous ne donnez pas à chacun le pouvoir de maîtriser sa propre vie professionnelle, vous accentuez l’injustice et le clivage social. Les plus modestes et les plus précaires, ceux qui ont le plus besoin de se former, ne le pourront pas. Pourquoi faudrait-il payer pour financer des droits acquis par son travail, accumulés tout au long de sa vie ? Le reste à charge est un contresens, à rebours de la marche de l’histoire et des besoins de compétitivité du pays.
En outre, depuis octobre l’accès au CPF est conditionné à l’obtention d’une identité numérique auprès de la Poste. Le CPF a été conçu pour être hyper-simple d’accès. Qu’il faille renforcer la sécurité, je l’entends. Mais pourquoi instaurer un parcours du combattant en cinq ou six étapes qui décourage les plus modestes alors que 15 % de la population peine à utiliser internet ? Créer de la bureaucratie est un moyen déguisé de faire des économies. En moins d’un mois, les demandes de formation ont chuté de 55 % ! Et surtout chez ceux qui en ont le plus besoin.
Il existe des formations frauduleuses? C’est vrai, mais il ne faut pas confondre l’offre et la demande. Il faut réguler la première et encourager la deuxième.
En 2017, j’ai rejoint Emmanuel Macron pour sa vision transformatrice de l’émancipation par le travail et la formation. Nous y étions parvenus. Appréhender le CPF comme un coût et non pas comme un investissement est une erreur stratégique, un contresens par rapport au projet Macronien.
Ce matin c’est sur BFM que Muriel Pénicaud est allée témoigner :
Ce mercredi 21 décembre, Muriel Pénicaud, ancienne ministre du Travail, a commenté la réforme du gouvernement du CPF, soit la participation financière des salariés à celui-ci, dans l’émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier et Christophe Jakubyszyn. Good Morning Business est à voir ou écouter du lundi au vendredi sur BFM Business.