Lors de la clôture de la première journée de l’Université d’Hiver de la Formation Professionnelle, Muriel Pénicaud est revenue sur les enjeux de la formation professionnelle.
Mercredi 31 janvier 2018, Muriel Pénicaud, ministre du Travail, a clôturé la première journée de l’UHFP, Université d’Hiver de la Formation Professionnelle, organisée par Centre Inffo.
Durant 3 jours, des élus, des responsables institutionnels, et des partenaires sociaux échangent sur le thème “Compétences, transitions, pratiques : le défi de l’innovation”.
Dans son allocution, Muriel Pénicaud débute par une citation de Malala Yousafzai, jeune femme pakistanaise, prix Nobel de la paix en 2014 : “Il n’y a pas de plus grande arme que la connaissance”. Elle insiste sur le fait que :
” dans le monde d’aujourd’hui, de nouveau, et peut être plus que jamais, la connaissance, la compétence sont les armes de paix, et les armes les plus importantes tant pour les individus, les entreprises les nations”
L’enjeu social et économique de la compétence
Pour la Ministre, “on découvre aujourd’hui le gap entre les métiers d’aujourd’hui (et ceux de demain) et les qualifications, ou les manques de qualifications des demandeurs d’emploi, et des jeunes. C’est critique car l’on voit bien que la compétence est la meilleure protection contre le chômage. Pour les concitoyens qui ne sont pas qualifiés le taux de chômage est de 18 % alors que la moyenne est de 9,7 %, et que pour les plus qualifiés, il est autour de 5 %”.
Développer les compétences dans un contexte de changements majeurs
La ministre rappelle combien il est important pour tous de prendre conscience de l’ampleur et de la vitesse de mutation des métiers, du travail et des compétences. Au niveau mondial, des études montrent que ce sont 10 à 15 % des emplois qui vont disparaitre dans les 10 ans qui viennent du fait de la digitalisation majeure, 10 à 20 % vont être créés, et 50 % vont être profondément transformés.
L’enjeu est de savoir comment anticiper et appréhender ces mutations
La compétition entre les nations, et entre les entreprises, elle va se jouer sur le sujet de la compétence, de l’innovation et de la valeur ajoutée. C’est la différentiation par les compétences qui feront la différence entre des entreprises ou des pays qui ont tous la même capacité financière. Le sujet de l’investissement dans les compétences devient plus stratégique qu’avant.
C’est pourquoi le Gouvernement a engagé 2 démarches :
- la réforme de l’apprentissage et de la formation professionnelle ;
- le Grand plan d’investissements des compétences.
Les défis liés à la transformation numérique
Pour la Ministre, 4 défis sont à relever dans le domaine de la formation en lien avec la transformation numérique :
- Le numérique pour tous ;
- Répondre aux besoins de formation de la filière du numérique ;
- Contribuer à l’adaptation de la majorité des autres métiers ;
- Comment on utilise le numérique pour accompagner de souhait des personnes plus libre dans leur choix de formation.
Selon elle, “la révolution numérique est une source prometteuse de renouvellement pédagogique, et plus encore de transformation des parcours de formation. Pour le faire, cela suppose que le secteur de la formation accomplisse lui-même sa propre mue numérique en intégrant comme un outil toute cette dimension numérique. Il faut qu’on est une économie de la formation qui permette un accès au plus grand nombre à des formations plus en profondeur et plus qualifiante ou en tous les cas qui vont plus loin dans la transformation des métiers.”
Mettre fin à la logique du financement à l’heure ?
Il faut un cadre juridique qui favorise l’innovation. Cela suppose des pratiques plus ouvertes des financeurs, publics comme privés, qui visent un dépassement du financement à l’heure de formation qui entrave complètement l’essor des formations multimodales. Et la logique du financement à l’heure ou à la semaine est impossible avec l’accès à des plateformes digitales, avec la personnalisation des parcours. Il faut donc aller aussi avec des logiques de financement au parcours ou des abonnements à des plateformes de formation. Il faut être résolument innovant la dessus.
Par ailleurs, l’investissement pédagogique est essentiel. L’évaluation des résultats doit être la clé. L’évaluation des moyens et de la satisfaction des utilisateurs. Elle ne peut pas être qu’institutionnelle.
Et le CPF ?
La ministre affirme que le CPF est “un gros sujet de la négociation en cours. Dans cette réflexion il faut avancer non seulement l’accès à la formation mais aussi à la certification”… mais n’y consacre pas plus d’une minute dans son allocution.
Enfin plus de liberté pour les individus impose plus de transparence du marché. le développement d’une labellisation ou d’une certification de l’offre de formation pour accéder à un financement public.
La question de l’approche inclusive de la formation
Elle s’adresse aux personnes qui sont le plus éloignées de la formation. Aujourd’hui ces personnes qui en ont le plus besoin, sont celles qui ont le moins accès à la formation. La fracture géographique est aussi importante en France. Le taux d’accès en formation en zones rurales est plus faible. On a un travail d’imagination à faire !
Et de conclure par un poète de la Pléiade, Rémi Bellaud :
“Qui manque de connaissances est sans cesse à la merci du changement”.
Pour suivre les journées d’échanges de l’UHFP : http://www.centre-inffo.fr/uhfp/2018/Streaming-suivez-l-UHFP-en-direct.html