Jean Castex vient de présenter les modalités du” Plan de réduction des tensions de recrutement » le 27 septembre 2021 à Châtellerault (Vienne). Poursuite du Plan d’investissement dans les compétences existant ou nouvelle ambition pour former les Français ? On fait le point sur les annonces.
Le « Plan de réduction des tensions de recrutement » s’inscrit dans le Plan d’investissement dans les compétences lancé au début du quinquennat d’Emmanuel Macron. A quelques mois des présidentielles, comment le Gouvernement se positionne sur le champ de la formation ?
Quelques repères sur le PIC, Plan d’investissement dans les compétences
Il s’agit d’un volet majeur du Grand Plan d’investissement 2018-2022 du Gouvernement Macron. Pour mémoire, lors de son lancement, il était présenté comme suit :
« Le Plan d’Investissement dans les Compétences traduit ainsi la volonté du gouvernement de changer de registre dans l’action publique en matière d’accès à la formation professionnelle et à l’emploi, à travers une logique d’investissement sur plusieurs années et de davantage de contextualisation aux besoins de compétences des territoires. »
Le bilan du PIC à mi-parcours
En avril dernier, un bilan à mi-parcours a été réalisé par le ministère du Travail et met notamment en avant les points suivants :
« Fin 2020, c’est plus d’1 million de personnes éloignées de l’emploi supplémentaires qui ont déjà été formées depuis 2018 grâce au Plan d’investissement, soit un peu plus de la moitié de l’objectif initial.
- Une priorisation vers les formations qui visent les emplois disponibles et ceux qui seront utiles à la relance de l’économie.
- Les parcours de formation sont orientés vers les emplois d’aujourd’hui et les métiers de demain, afin d’apporter des réponses aux besoins des secteurs en tension, aux entreprises qui peinent à recruter, et de former aux métiers stratégiques pour l’économie pour augmenter les chances de réussir durablement dans l’emploi.
- Pour illustration, les entrées en formation de personnes en recherche d’emploi ont augmenté de plus de 70 % depuis 2017 dans le secteur du numérique et 111 000 Préparations opérationnelles à l’emploi collectives ont été financées pour répondre aux tensions au recrutement des secteurs les plus impactés.
- Depuis la crise sanitaire, 45 % des formations utilisent des outils digitaux.
- La part des formations qui permettent d’acquérir une certification reconnue a progressé en trois ans et, pour 4 stagiaires sur 5, elles débouchent sur la réussite à la certification. »
Plan de réduction des tensions de recrutement : une redite du passé ?
Quelle est l’ambition en matière de formation continue pour la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron ? Les annonces restent dans la continuité de ce qui a été fait jusqu’à présent – tant lors de ce mandat que de celui de François Hollande avec le Plan 500 000 formations. Le « Plan de réduction des tensions de recrutement » (bref les actions pour diminuer le chômage !) reprend logiquement les trois piliers du PIC débuté en 2018, à savoir :
- Renforcer la montée en compétences et les reconversions des salariés.
- Amplifier l’effort de formation des demandeurs d’emploi pour répondre aux besoins des entreprises.
- Déployer un plan spécifique et massif pour les demandeurs d’emploi de longue durée.
Pour cela, Jean Castex annonce un budget de 1,4 milliard d’euros :
- 600 millions consacrés à la formation des salariés,
- 560 millions consacrés à la formation des demandeurs d’emploi dont les demandeurs d’emploi de longue durée,
- 240 millions de prime à l’embauche en contrat de professionnalisation pour les demandeurs d’emploi de longue durée.
Pour mémoire, le Plan 500 000 formations supplémentaires pour les personnes en recherche d’emploi de 2016 exprimait ainsi ses priorités, avec un budget d’1 milliard d’euros :
- Relever le taux d’accès à la formation des personnes en recherche d’emploi, en doublant le nombre d’actions de formation, pour le porter à 1 million.
- Soutenir prioritairement l’accès à la formation des personnes en recherche d’emploi peu ou pas qualifiés et de longue durée.
- Saisir cette opportunité pour transformer et renouveler l’offre de formation afin de l’adapter aux métiers de demain, liés au numérique ou encore à la transition écologique.
- Développer la lisibilité de l’offre de formation et porter une exigence de qualité renforcée dans les formations dispensées.
Avec cette prise de parole du 27 septembre 2021, Jean Castex s’inscrit ainsi dans la continuité des actions menées depuis 2016, sans nouveauté.
Et le CPF dans tout ça ?
Pas un mot sur le dispositif du CPF, Compte personnel de formation ni sur les abondements possibles. Pourtant en incitant les Français et les entreprises à se former et à former leurs salariés, le Gouvernement pourrait avoir un levier bien plus puissant pour des compétences actualisées et enrichies pour un maximum de concitoyens.
Si fin 2019, il était de bon ton d’encourager les Français à mobilier leur Crédit formation pour monter en compétences ou se reconvertir, il semblerait que cela ne soit plus d’actualité. La campagne massive d’information sur le CPF lors du lancement de la plateforme MonCompteFormation fin 2019 ne semble pas avoir besoin de piqure de rappel.
Dernière annonce en date au cœur de l’été (le 4 août) : dans le cadre du plan « France Relance », l’État a décidé de mettre en œuvre une politique d’abondement en droits complémentaires dans le cadre du CPF. La règle d’abondement définie s’adresse à tout titulaire d’un CPF (salarié, demandeur d’emploi, travailleur indépendant, etc.) pour une formation du domaine du numérique : développeur web, créateur et administrateur d’un site internet, technicien d’assistance en informatique, etc. Pourquoi ne pas avoir mis en avant cette possibilité dans le cadre du nouveau PIC ? Cela nous laisse songeur.
Statu quo ou manque de budget ? Ce silence sur le CPF est étonnant et nous interpelle. Et vous, qu’en pensez-vous ?
Faites-nous part en commentaire de vos retours sur le CPF et sur le nouveau PIC !