Réponse de Jean-Patrick GILLE député PS d’Indre-et-Loire à la lettre envoyée à l’ensemble des députés : Mesdames, Messieurs Les Députés… You’ve got mail
Le 21 juin 2015
Je me permets juste de vous faire remarquer que le CPF (Compte Personnel de Formation) ne représente qu’une petite part de la dépense de formation et qu’un salarié peut aussi bénéficier d’une formation longue par le CIF (Congé Individuel de Formation), et surtout, les entreprises peuvent acheter toutes les formations qu’elles souhaitent pour leurs salariés.
Si la part mutualisée a baissé, cela signifie simplement que l’entreprise a aussi observé une baisse de 0,6 %. Cette part reste disponible, en plus du CICE, qui peut utilement être utilisé pour investir dans l’accroissement des compétences des salariés.
Je ne nie pas que l’année de transition que nous vivons pose des difficultés mais de là à soupçonner un complot comme vous le faîtes ?!!
Jean-Patrick GILLE
Député de la 1ère circonscription d’Indre-et-Loire
Réponse au député PS, Jonathan GAUTRAND s’exprime :
Le 22 juin 2015
Monsieur Le Député,
Je préfère vous répondre avec des arguments plus développés. Vous méritez mieux que mon précédent courriel.
Je suis d’accord avec vous sur le fait que le CPF est une infime partie des budgets de formation des entreprises. Mais il est remarqué que le Plan de Formation de ces mêmes entreprises est très rarement utilisé à la demande des salariés ; et n’a d’ailleurs pas cet objet. En effet, le Plan de Formation de l’entreprise a pour but de former un ou plusieurs salariés d’une même société, à la demande de l’employeur, et en rapport à l’activité présente et/ou future de l’entreprise. Le salarié n’a d’ailleurs pas le droit de refuser la requête de l’employeur.
ALORS QU’EN EST-IL DU DROIT A LA FORMATION DU SALARIE ?
A ce jour, et ce sera le cas avec le CPF, le salarié ne peut plus se former sur le thème de son choix, souvent cohérent avec son projet professionnel. Oui, il aura le droit à des formations longues et titrées, qui lui apprendront son métier (qu’il connaît déjà). Mais ces formations sont incohérentes avec sa place de salarié. Il a besoin d’une formation dédiée, d’une formation adaptée.
Monsieur GILLE, un salarié peut-il se former sur le CMS WordPress, pour apprendre à créer un site internet, financé par le CPF ? Ce salarié connaît déjà le langage HTML, le PHP, MySQL..! Peut-il se former uniquement sur WordPress ?
Je n’arrive pas à comprendre votre obstination à vouloir défendre une loi destructrice de tout un secteur, qui plus est un secteur important de notre pays. Par ailleurs, vous êtes une personne qui est spécialisée en terme de formation professionnelle. Vous connaissez les différentes dispositifs et je n’arrive pas à croire que vous ne comprenez pas le message que les organismes de formation essaient de vous transmettre.
Et ces formations certifiantes, qualifiantes ou diplômantes n’ont rien, mais vraiment rien à voir, avec la demande réelle de formation. Vous tentez d’imposer une idéologie comme le bio ou la voiture électrique, au mépris des professionnels de la formation. C’est une loi politique bâclée. Et comme le bio ou la voiture électrique, le CPF est impossible à mettre en place à grande échelle. Pourquoi ? Car les organismes seront incapables de répondre aux obligations de la loi.
Il y avait le CIF qui aurait pu être modifié en l’associant au CPF. Mais non, les Français ne peuvent pas avoir de droit ! Juste des congés et des comptes : en résumé le chômage !
Quant à “les entreprises peuvent acheter toutes les formations qu’elles souhaitent pour leurs salariés”, foutaises ! Les salaires, les charges comptables et autres etc etc ! Croyez-vous qu’il reste des sous dans les caisses ? Non. C’est la crise. Les patrons ne se paient d’ailleurs pas tous. Toutes les entreprises ne sont pas Dassault ou Michelin.
Pour le CICE, qui le connaît ? Comment l’appliquer ? Quelles sont les démarches et les délais ? Comme le FIFPL qui rembourse les patrons 4 mois après voire plus ?
Les organismes de formation n’ont pas les moyens de rendre certifiantes, qualifiantes ou diplômantes des formations qui ne seront pas demandées, ou alors très peu.
Monsieur GILLE, combien coûte à un organisme de formation de rendre titrée une de ses formations ? Et sur l’ensemble de son catalogue ? Par an ? Puis les années suivantes ?
Alors, non, le salarié n’a plus de droit à la formation. S’il n’a plus le choix de la formation, s’il n’a plus le choix des résultats et s’il ne peut pas se former par manque de cohérence avec son emploi : ce n’est plus un droit ! Et s’il ne trouve pas d’organisme pour effectuer sa formation ! C’est une cacahuète. Ah ben oui, il y a l’AFPA ! Sans commentaire.
Monsieur Le Député, je pense aujourd’hui, comme beaucoup de concitoyens, que la politique est un résultat de notre statut de citoyens asservis. Que les Français sont devenus des cobayes de laboratoire gigantesque pour les politiques. Nous sommes des rats de laboratoire et on nous fait tester tout un tas de trucs, avec ou sans succès. Mais si ça ne marche pas, les rats crèvent et on les remplace.
Je pense que votre idéologie politique ne vous fera pas changer d’avis, je le conçois qu’il s’agit d’une conviction. Le jour où je fermerai mon organisme de formation car la gauche au pouvoir aura détruit mon projet professionnel, le jour où tout ce que j’ai entrepris n’aura qu’une issue de mort, le jour où je n’aurai plus de raison de vivre (car mon entreprise c’est ma vie, ma réussite), vous serez coupable comme Messieurs VALLS et REBSAMEN. Et mon cas est le même que que des milliers d’entrepreneurs de ce secteur.
J’ai travaillé pour un organisme de formation, en tant que salarié, ADISCOS, qui ne travaillait principalement qu’avec le DIF. Je vous tiendrai au courant dès que son prochain bilan sera établi. Je pense qu’il me donnera raison. Pour info : 35 salariés de moyenne d’âge 25/35 ans. Vous direz à leurs proches et à leurs jeunes enfants que le CPF est une excellente idée et que c’est la transition qui sera difficile.
Il est impensable que lors des échanges qu’il y a eut en amont avec les différentes organisations salariales et patronales, qu’aucune organisation n’aie représenté les organismes de formation. Ceux-là même qui dispensent les formations. Nous sommes des acteurs et non des observateurs ou des médiateurs imbus d’eux-mêmes comme ces organisations. C’est ça le dialogue social ?
Monsieur Le Député, je vous prie de prendre en considération tous les acteurs de la formation professionnelle, même les organismes de formation. Et je ne parle pas de la FFP de Jean Wemaëre (président de DEMOS).
Veuillez agréer, Monsieur Le Député, mes remerciements pour votre prompt retour. Et je vous demande d’aller sur le terrain pour arrêter de conceptualiser un métier mais afin de le vivre et de le connaître.
Jonathan GAUTRAND
Citoyen Français
Président de METRO’FORMA
Président de LE RESEAU DES FORMATEURS
Signataire de la pétition déposée par le Mouvement Des Hiboux