Zoom sur les prises de parole officielles durant l’UHFP 2023, Université d’hiver de la formation professionnelle qui vient d’avoir lieu à Cannes.
Du 25 au 27 janvier 2023, les acteurs et décideurs de la formation professionnelle se sont réunis à Cannes pour échanger autour de la thématique de l’année : “Compétence 2030 : réussir ensemble les transitions”. Avec plus de 1 600 participants, 250 intervenants dans les 60 ateliers participatifs, conférences, tables rondes et débat, l’UHFP, Université d’hiver de la formation professionnelle, est un temps fort pour le secteur de la formation.
Organisée par Centre Inffo depuis 1989, l’UHFP s’est imposée comme un événement de référence de tous les acteurs de l’accompagnement et du développement des compétences au service des jeunes, des actifs, des entreprises et des territoires. Voici quelques-unes des prises de parole officielles, recueillies entre les débats et ateliers.
UHFP 2023 : Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la formation professionnels : “comment faciliter les transitions ?”
“On voit à quel point l’enjeu d’être nation des compétences est extrêmement fondamental pour accompagner au fond tous les enjeux de société qui se posent : celle du de l’écologie, celle du numérique mais aussi celle du vieillissement et donc de l’évolution démographique de notre pays mais aussi celle de réponse à des enjeux de tension sur certains métiers et de manque d’attractivité de certains métiers. Au fond, ce que j’ai voulu présenter aujourd’hui à l’heure de l’ouverture de l’Université d’hiver de la formation professionnelle, c’était de présenter cette ambition que nous avons autour de cette société des compétences qui doit pouvoir démarrer des le plus jeune âge – dès le collège – autour de la découverte des métiers permettant aux jeunes de mieux connaître les possibles en termes d’orientation. Et puis ensuite de faire du lycée professionnel cette voie qui doit tenir sa promesse d’insertion professionnelle ou de poursuite d’études qui permettent l’insertion professionnelle et donc de replacer lycée professionnel dans une vraie reconnaissance sociétale et dans une vraie aussi actualité par rapport à ces enjeux là. Je veux que le lycée professionnel forme à ces défis, fasse aussi des lycéens professionnels de vrais stratèges des défiss de demain et puis de tous les enjeux de formation professionnelle qui doivent aussi nous permettre d’avoir une agilité des compétences tout au long de notre parcours professionnel, de faire des transitions, de faire des évolutions, de nous adapter aux nouveaux enjeux. Donc tous ces défis là passeront par la validation des acquis de l’expérience, par le compte personnel de formation, par des dispositifs de transition professionnelle, par un contrat de professionnalisation repensé que je souhaite pouvoir concerter avec les acteurs. Tous ces dispositifs là doivent pouvoir concourir à ce défi qui est de celui de d’accompagner les évolutions sociétales.
A quand remonte votre dernière formation ?
Écoutez, j’ai l’impression de me former tous les jours et au fond c’est aussi un des messages qu’on passe aux actifs : on apprend tous les jours, on acquiert des compétences nouvelles dans notre activité professionnelle. Elle se fait reconnaître par les biais de la validation des acquis de l’expérience donc mobilisez la validation des expériences, faites reconnaître les compétences que vous avez. Nous aurons prochainement également un Passeport compétences qui viendra aussi faire valoir les compétences que vous avez, les enregistrer, les valoriser et accompagner des transitions professionnelles qui mobilisent bien sûr de la formation, mais qui passeront aussi peut-être par des blocs de compétences que vous aurez déjà faits valoir par les expériences que vous aurez développées.”
Michel Yahiel, Directeur des politiques sociales, Caisse des Dépôts
“Nous avons pris avec le ministère du Travail un certain nombre de mesures de régulation en 2022 dont l’objectif premier était d’améliorer la qualité des formations et de l’assurer, de la certifier pour les bénéficiaires du CPF de sorte que le rachat de formation soit suivi des faits et soit le plus qualitatif possible. Cela a eu aussi des effets sur une certaine forme de réduction de l’offre puisque les critères de qualité étant durcis, il y a eu moins d’acteurs venant sur la plateforme. On est passé de 25 000 à 15 000. Cet aspect mécanique ne doit pas masquer le fait que l’objectif n’était pas de réduire le nombre d’organismes mais c’était d’élever la qualité des certifications données aux bénéficiaires sachant que, par ailleurs, nous avions fait aussi avec France Compétences tout un travail autour de la certification. Donc les deux mis en commun ont abouti à ses effets plutôt positifs pour les usagers.
En quoi consiste le passeport compétences ?
Le passeport compétence était prévu par la loi 2018. Il est dans la droite ligne du CPF. C’est une sorte de développement du CPF. On a coutume de dire que c’est un LinkedIn à valeur probante, c’est-à-dire, grâce à ce passeport dont vous bénéficierez à une échéance proche, (au milieu de l’année 2023) de votre passé avec l’Éducation nationale (c’est-à-dire le rappel de tous vos diplômes quel qu’il soit) et de vos certifications obtenus par le CPF. Cela vous permettra, si vous le souhaitez, de produire des CV à valeur probante qui porteront le saut de la République et de la Caisse des dépôts et ce qui permettra à chacun aussi d’avoir une visualisation de son CV et de sa trajectoire professionnelle à tout âge, pour tout métier et pour tout projet.”
Stéphane Lardy, Directeur général, France Compétences
“C’est un bilan positif pour les équipes de France compétences parce qu’on a mis en place très rapidement l’opérateur public. Je rappelle que c’était trois structures que nous devions fusionner et puis très rapidement on a mis en œuvre les missions qui étaient dévolues à France compétences : d’une part sur le financement de l’apprentissage, du compte personnel de formation, la mise en place des niveaux de prise en charge et de la régulation du système, et la mise en place également de la certification avec le répertoire spécifique et les répertoires métiers sans oublier la mise en place également du conseil en évolution professionnelle. Donc c’est un bilan très positif. Je crois que maintenant France Compétences et bien installé dans l’écosystème de la formation professionnelle.
Est-ce que les branches et les CFA se sont familiarisés avec le nouveau dispositif ?
Sur la question de l’apprentissage, je rappelle que la loi donne aux commissions paritaires de l’emploi, c’est-à-dire aux partenaires sociaux, le rôle de fixer les niveaux de prise en charge de l’apprentissage donc on connaît les CPNE des branches (Commissions paritaires nationales de l’emploi) qui étaient très familiarisées avec l’apprentissage et n’ont eu aucune difficulté à fixer le coût d’une certification, d’un CAP, d’un master, d’un BUT. Par contre, je pense qu’il y a des CPNE des commissions paritaires de branches qui de par tradition ne faisaient pas beaucoup d’apprentissage donc elles ont dû se familiariser, d’une part connaître les centres de formation d’apprentis qui faisaient de l’apprentissage et d’autre part travailler avec les opérateurs de compétences pour trouver le juste prix et le bon coût. C’est pour cela ça que nous avons fait d’ailleurs au mois de novembre 2022 un grand webinaire qui s’adressait aux CPNE, aux CFA, aux acteurs de l’écosystème pour dire “voilà comment on fait des recommandations sur les niveaux de prise en charge. Qu’est-ce que c’est qu’un contrat ? Qu’est-ce que c’est qu’une comptabilité analytique ? Comment on la remonte et comment on travaille sur ces questions là pour observer le juste prix. C’est tout un travail d’amélioration en continu qui se fait avec les acteurs du système – les CPNE, les interprofessionnelles, les branches et les réseaux de CFA. Depuis 4 ans, on sent que les acteurs se sont totalement appropriés la notion de coût contrat, la notion de niveau de prise en charge.
France Compétences a-t-il les moyens pour renforcer son rôle de régulateur ?
La question n’est pas uniquement la question des moyens humains et financiers. Je rappelle qu’on a déjà 91 salariés à France Compétences. On a débuté à 70 donc l’État a fait le travail pour augmenter les effectifs de France Compétences. C’était une nécessité notamment sur les problématiques de certification. Pour nous la question, c’est comment on renforce notamment les pouvoirs de contrôle de France Compétences. C’est un enjeu pour nous en tant que régulateur : notre capacité à exercer des audits auprès notamment des centres de formation d’apprentis et d’aller sur place d’être encore plus régulateur. Donc je pense au-delà des questions de moyens financiers humains, c’est s’interroger sur comment on améliore les capacités de régulation de France Compétences, les moyens de contrôle d’un point de vue juridique et réglementaire et ça ça passe par des évolutions législatives et réglementaires.
D’autres vidéos de l’UHFP 2023 vous attendent sur le site de Centre Inffo donnant la parole à de nombreux acteurs de la formation pro.