Petit point d’étape de la reforme de la formation professionnelle dans l’incontournable émission “Good morning la formation” par Opcalia (désormais Akto), animée par Laurent Gérard, et qui accueille Alain Druelles, Conseiller à la formation professionnelle et à l’apprentissage au cabinet de la ministre Muriel Pénicaud.
Retrouvez ci-dessous les questions et réponses qui concernent le CPF et les OPCO de cet acteur de la réforme de la formation professionnelle.
Où en est aujourd’hui l’application “Mon Compte Formation” dans la réforme de la formation professionnelle ?
L’application Mon Compte Formation sortira à la fin du mois de novembre dans la continuité de la réforme de la formation professionnelle. Aujourd’hui les organismes de formation sont en train de rentrer leurs offres dans le système d’information mis en place par la caisse des dépôts et consignations.
- En savoir plus : Kick Off du nouveau #CPF pour les organismes de formation
Les conditions générales de vente et d’utilisation, c’est-à dire-tout ce qui définit les relations entre l’offre de formation et les bénéficiaires du compte, et indirectement la caisse des dépôts puisqu’elle joue un rôle éminent dans la gestion du système, structurent la relation entre ces différentes entités.
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Exemple : lorsqu’une personne se rendra sur l’application, elle pourra prendre connaissance de l’offre de formation, choisir une formation et s’inscrire auprès d’un organisme de formation. Cet organisme de formation aura 48 heures pour lui répondre et lui notifier que son inscription est enregistrée. Si il y à des pré-requis, ce qui est fréquent pour entrer dans une formation, le délai sera plus long, à savoir 30 jours, puisqu’il faut procéder à la vérification de ces pré-requis.
Réforme de la formation professionnelle : Structurer et encadrer l’offre de formation
Ces délais sont assez fréquemment utilisés, mais pas uniformément pratiqués, et on peut penser que ce qui est en train d’être construit pour le Compte Personnel de Formation va se dupliquer sur d’autre dispositifs. Ainsi, d’une manière générale, cela va permettre que la relation entre les usagers et bénéficiaires (salariés, demandeurs d’emploi…) et l’offre de formation soit d’avantage structurée et encadrée qu’elle ne l’est aujourd’hui.
Tous les organismes de formation peuvent être sur Mon Compte Formation, y a t’il de la discrimination envers les petits organismes de formation ?
Concernant la structure ou la taille d’un organisme de formation, ce qui fait la différence est la nature des formations qui sont dispensées. Il faut précisément que la formation soit certifiante ou diplômante, et que l’entreprise de formation respecte le décret qualité n° 2019-564 qui a été mis à jour le 6 juin 2019.
Il n’y a aucune discrimination en fonction de la taille, et nous attachons beaucoup d’importance à ce point. Cela s’illustre aussi dans le moteur de recherche de l’APP “Mon Compte Formation” qui ne sera pas discriminant. Ceux ne seront pas toujours les mêmes qui apparaîtront en premier en fonction de leur taille ou parce qu’ils payent pour y être.
Est-ce que vous pensez que le CPF doit rester une initiative
individuelle ou il est fondamental que les logiques d’abondement se développent ?
L’enjeu de l’application est de faire en sorte que pour toute personne ayant un compte, l’accès à la formation soit perçu comme quelque chose de simple : c’est la formation à portée de main.
Qu’est-il prévu pour les Français qui seront perdus ou hésitants ?
Pourquoi empêcher ou interdire à ceux qui ont une vision parfaitement claire de leur projet de la formation, de la formation qu’il faut suivre et de l’organisme de formation, de passer par un tiers ? Même si c’est 5, 10 ou 15 %, pour ces personnes-là, allons-y !
Pour les autres, nous allons développer le conseil en évolution, qui pour la première fois depuis sa création va bénéficier d’un financement dédié assez conséquent, puisque par rapport à ce qui est utilisé aujourd’hui par les organismes de formation, la capacité d’accueil est au minimum quadruplée. Et nous sommes prêts à monter en puissance s’il s’avère qu’il y a un besoin qui est non-satisfait par les organismes actuels qui vont être retenus.
Que pensez-vous du nouveau paysage des OPCO, est-il celui que vous attendiez ?
Ce qui est important pour nous n’est pas tant que les opérateurs de compétences soient agréés et qu’ils soient onze, c’est ce que cela va changer concrètement pour les entreprises, pour les personnes…
Nous attendons concrètement une meilleure analyse des besoins des entreprises, une vision sur des questions transversales de compétences puisque tout cela évolue très vite, d’avoir une vision plus large de l’évolution des compétences, un meilleur service de proximité aux entreprises car nous avons des tailles de société plus importantes et donc une capacité à déployer une offre de service de façon différente.
C’est tout cela que nous attendons concrètement, donc la première étape est satisfaisante et la deuxième est en cours de construction.
Définir les besoins, ce n’est pas toujours simple et ce n’est pas toujours du ressort exclusif des OPCO
Tout d’abord ce que l’on sait est que nous ne savons pas tout. Et lorsque nous ne savons pas tout, il est très important d’être agile, d’être en capacité de réagir. Ce que nous attendons des opérateurs de compétences, cette agilité, d’où l’importance de l’offre de service, d’être à l’écoute, de pouvoir adapter des règles de prise en charge, des politiques au sens large du terme, pour mieux répondre aux besoins.
C’est vraiment quelque chose d’important qui va au-delà des opérateurs de compétences, notamment pour les formations des demandeurs d’emploi, il y a des choses que nous pouvons peut-être mieux anticiper, voire en partie provoquer et cela sera l’un des enjeux du pacte productif.
Le pacte productif est un programme que le gouvernement est en train de construire, qui vise à faire en sorte que notre industrie soit beaucoup plus compétitive et qu’elle crée plus d’emplois. Il y a d’énormes enjeux industriels notamment et le gouvernement va définir, en accord avec les professionnels, les partenaires sociaux et les conseils régionaux, les filières ou les projets sur lesquels se concentrer.
Nous allons donc avoir des axes où nous pourrons conduire une politique volontariste. L’important pour nous est de conjuguer réactivité et volontarisme. Si nous remontons à quelques années, lorsque nous avons décidé en France de faire Airbus ou autre, il s’agissait d’un projet industriel qui entraînait tout un secteur. Il y a eu une volonté de l’Etat, des partenaires privés bien sur, pour conduire cette politique. Nous sommes ici dans l’exemple type d’une politique volontariste que l’Etat peut impulser, accompagner, encourager et qui permet de fédérer un nombre important d’acteurs.
Mot de la fin concernant la réforme de la formation professionnelle
Retrouvez l’interview complet en vidéo ici :
L’esprit de la loi a été d’ouvrir le champ du possible. Cela signifie que la responsabilité de l’Etat est de fixer un cadre puis qu’il appartient aux acteurs de s’en emparer.
Si nous avions un seul message à faire passer, il est le suivant : saisissez toutes les opportunités que la loi vous offre. Beaucoup de choses ont été simplifiées, allégées. Cela ne veut pas dire que tout est simple, mais que nous avons fait un progrès important dans le cadre de la simplification, et que désormais, c’est à vous de jouer !