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Défi métiers, bureau des pleurs des OF

A l’initiative de Défi métiers et à l’issue de la rencontre sur le CPF du 10 février dernier, un certain nombre d’organismes de formation ont été invités le 14 avril dernier à participer à un temps d’échanges.
Le but de cette matinée de partage était est de permettre à Défi métiers de mieux connaître l’impact de la réforme professionnelle sur les organismes de formation.

Défi métiers

Compte rendu de réunion du 14 février 2015 – Défi métiers

Étaient présents :

Une atmosphère particulière régnait dans la pièce ou plutôt un sentiment partagé : Comment en étions-nous arrivés à échanger sur les répercussions catastrophiques de la réforme ? Chacun a pu faire part de son analyse des conséquences de la réforme sur le fonctionnement et l’avenir des organismes de formation.

Le rôle de l’organisme de formation

Le Compte Personnel Formation place le titulaire au cœur de la réforme (c’est une très bonne chose) et fait intervenir l’OF en bout de chaîne, bien après le CEP (OPCACIF, Pôle emploi…), l’OPCA ou encore les RH. Mais la réalité est toute autre. Nous sommes en première ligne. En effet, il est logique qu’un titulaire vienne voir les organismes l’intéressant avant même l’ouverture d’un dossier.

notre instinct de survie et notre expérience de ces problèmes nous amènent à prendre les choses en main

Dans les faits, notre instinct de survie et notre expérience de ces problèmes nous amènent à prendre les choses en main. En effet, le nouvel accroissement de la lourdeur du dispositif n’est que la dérive supplémentaire d’une situation qui est la nôtre depuis longtemps et qui atteint aujourd’hui un tel niveau que le système risque de se bloquer complètement.

Les OPCA nous donnent le sentiment d’être dépassés !

Devant le marasme et l’immobilisme ambiant nous jouons notre rôle conseil et de prescripteur mais également celui de pédagogue en expliquant et accompagnant le titulaire dans l’ensemble du processus de validation de dossier. Les procédures prennent des heures pour chaque client. Nous servons également d’interface avec les OPCA (durée moyenne d’attente pour les joindre : 30 minutes) et n’avons que très peu d’informations de leur part. Ils nous donnent le sentiment d’être dépassés !

En matière de choc de simplification, la réforme n’est pas vraiment au point.

Et que l’on ne nous fasse pas croire que la création du CEP va régler le problème. Si les millions de titulaires veulent faire valoir leurs droits (et c’est quand même le but affiché de la réforme), il n’y aura jamais assez de CEP (qui pourrait les payer?) pour accompagner chacun dans ces méandres administratifs. Et nous ne parlons même pas des publics de bas niveau de qualification, pourtant ciblés en priorité par la réforme. La réalité est que les quelques CEP actuellement à l’œuvre se tournent eux-mêmes vers les organismes de formation pour comprendre la réforme et savoir comment procéder.

Sans forcer le trait, nous pourrions dire que nous sommes commerciaux, accompagnateurs, chargés de compte administratif, financeurs (cf. l’immobilisme qui tue le secteur un peu plus bas). Pourquoi ne pas nous laisser faire correctement notre métier : FORMER !!

Réunion Défi métiers : l’immobilisme qui tue un secteur

La subrogation est une pratique répandue pour les organismes de formations. Avec le Compte Personnel Formation, elle est systématique. Avance de trésorerie sur de longues périodes, dossier validés au compte-gouttes, course aux paiements (multi-financeur), les répercussions sont catastrophiques pour le secteur.

Les prochains mois s’annoncent meurtriers

La facturation et le paiement en subrogation fait que le premier trimestre n’a connu qu’une « baisse de 30% » de chiffre d’affaires car elle concerne en grande partie les formations de 2014. Les prochains mois s’annoncent meurtriers…

La diminution du financement

Lorsqu’on observe le faible nombre de dossiers CPF validés (un peu plus de 400 à ce jour), on imagine très bien que les caisses des OPCAS sont pleines. Cependant, à moyen terme, la diminution du taux de contribution est inquiétante. Son impact sur la mutualisation et donc sur la formation (titulaire et ensemble du secteur) risque d’être lourd de conséquences.

Modularité

Dans sa vision professionnalisante, la réforme se veut diplômante ou certifiante. La majorité des formations de 24H (crédit CPF annuel) n’aboutit pas une « reconnaissance ». C’est pourquoi il a été demandé à ce que chaque formation soit découpée en modules, qui cumulés (sur des années) permettent l’obtention d’un diplôme ou d’une certification. Ceci est une aberration pour au moins deux raisons.

 La Qualité, seconde vague du Tsunami

Pour être éligible une formation devra être dispensée par un organisme remplissant différents critères de qualité. (iso, nf, opqf). Cette condition devrait s’appliquer en 2016. Ce critère est à priori une bonne nouvelle même si on peut s’interroger sur le gage de qualité que représentent ces labels certifications.

En effet, ils ne testent en aucun cas la qualité du service mais ils se basent sur les retours des clients sélectionnés par les organismes de formation.

Ces certifications ajouteront également un nouveau coût pour les organismes de formation.

De plus les certifications les plus reconnus demandent deux ans d’activité avant d’être obtenus. Cela rendrait l’arrivée de nouveaux acteurs tout simplement impossible. On construit une nouvelle rente alors que l’air du temps prétend lutter contre.

Echange Défi métiers, le mot de la fin : sentiment d’impuissance et d’indifférence

La formation professionnelle est rappelons-le dispensée par les organismes de formation. Seulement la réforme est décidée par les partenaires sociaux où les OF ne sont que trop peu représentés. Une réforme de ce type aurait été impensable si nous avions été consultés.

Conséquences sont dramatiques et le redressement s’annonce difficile.

Nous sommes confrontés encore une fois à un décalage trop important entre la volonté politique (son calendrier électoral) et la réalité opérationnelle. Les conséquences sont dramatiques et le redressement s’annonce difficile.

 

Co-écrit par les représentants des organismes de formations présents

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