Un demi-million de personnes ont visionné une vidéo récente d’un influenceur CPF exprimant, avec hésitation, des remords suite à des promotions illégales de formations à Dubaï. Dans cette vidéo, l’influenceur admet ne pas toujours bien comprendre ce qu’il fait et avoue avoir fait la promotion de faux sacs Hermès et d’escroqueries pour récupérer ses points de permis de conduire.
Malgré ces aveux, il insiste sur les gains importants qu’il aurait réalisés grâce à ses activités en ligne, représentant plusieurs centaines de milliers d’euros par mois selon ses dires. La vidéo mise en ligne le 16 avril 2023 met en lumière les dérives possibles lorsque des influenceurs peu scrupuleux profitent de leur notoriété pour promouvoir des formations illégales.
Le but de cet article n’est pas de dénoncer ces pratiques qui n’existent plus, mais de donner un visage à une partie de ces personnes et de vous permettre de comprendre qui sont ces gens qui ont fait tant de mal à notre secteur depuis 2 ans.
Les formations illégales
Ces formations promettaient “d’optimiser son potentiel” tout en profitant de vacances luxueuses. Elles finançaient 100% des frais de déplacements pour se former à la création d’entreprise ou à l’apprentissage de la langue arabe. Toutefois, elles étaient illégales pour plusieurs raisons. D’une part, elles ne pouvaient pas prendre en charge les frais annexes comme annoncé dans les campagnes de promotion, elles n’étaient pas non plus certifiantes.
Extrait de l’échange vidéo:
“Tout est frais payé avec votre CPF. Du 5 juin au 9 juin, un nouveau voyage…”
“Maintenant le CPF c’est devenu illégal avant ça ne l’était pas…”
Ci dessous les campagnes que l’on retrouve encore sur Instagram de cette société dont la fondatrice propose désormais ses service pour du coaching linkedin…
L’influenceur CPF se défend
Dans la vidéo, l’influenceur CPF se défend en insistant sur le fait qu’il n’est pas français et qu’il ne connaît pas toutes les lois. Le présentateur lui rétorque qu’on ne peut pas profiter et apprendre les langues en même temps. Dylan explique alors ce qu’il a compris du CPF.
Extrait de l’échange vidéo: “Le présentateur : Tu ne peux pas kiffer et apprendre les langues. C’était une douille. Dylan : Je ne suis pas français, je ne connais pas toutes les lois. Pour moi, l’argent du CPF, c’est l’argent du Français et il en fait ce qu’il en veut.”
Sur la qualité du site internet du prestataire
Le journaliste souligne également que le site internet du prestataire n’était pas de qualité. L’influenceur CPF admet qu’à l’époque, “il ne savait pas”…
Les mesures prises pour lutter contre ces abus
Depuis la révélation de ces pratiques, plusieurs mesures ont été mises en place pour lutter contre ces abus, notamment l’identité numérique qui a sonné la fin des dérives mais aussi la chasse organisée par les certificateurs dans le cadre des actions du collectif CPF4GOOD et bien évidemment le travail de la police, de la Caisse des dépôts sans oublier celui de France Compétences.
Grâce à tous ces efforts, les escroqueries ont massivement quitté la plateforme. C’est un constat que nous partageons et qui a été confirmé récemment par la ministre. Ces actions conjointes permettent d’assainir le secteur et de redonner confiance aux apprenants et aux professionnels de la formation mais les conséquences sur notre secteur sont lourdes.
Les conséquences pour le secteur des compétences et de la connaissance
Ces pratiques ont porté atteinte à la réputation des formations et aux efforts déployés pour améliorer l’accès à la formation professionnelle. De nombreuses entreprises annoncent actuellement des plans de départ volontaires, mais nous avons choisi de ne pas les citer afin de ne pas nuire à leur image.
Selon nous, les sociétés touchées sont souvent celles qui n’ont pas été à l’origine de pratiques frauduleuses. La confiance du public dans ces dispositifs de formation est cruciale pour garantir leur succès et leur pérennité.
Il est possible que nous n’ayons pas encore fini de payer les conséquences de ces actions, car le gouvernement n’a toujours pas renoncé à la mise en place du ticket modérateur. Cette mesure pourrait porter un coup fatal à l’ensemble du secteur de la formation professionnelle. De même, une mauvaise rédaction du décret sur la sous-traitance pourrait également avoir des répercussions néfastes sur le secteur.
Dans ce contexte, nous sommes ravis d’annoncer que la ministre a répondu positivement à notre demande d’interview sur ces sujets. Nous serons heureux de partager avec vous prochainement davantage d’informations et d’éclairages sur ces enjeux cruciaux pour le secteur de la formation professionnelle. Restez à l’écoute pour en savoir plus et continuer à travailler ensemble pour assurer la qualité et la légitimité des formations proposées, afin de maintenir la confiance du public et préserver l’avenir du secteur.
Les leçons à tirer
Cette affaire met en exergue l’impact négatif que peuvent avoir certains influenceurs sur le secteur de la formation professionnelle en promouvant des pratiques illégales et en ternissant la réputation des formations légitimes. Il est essentiel de sensibiliser le public, les influenceurs et les acteurs du secteur à l’importance de la qualité, de la légitimité et de la conformité des formations proposées.
La vigilance de chacun doit être de mise pour dénoncer et combattre ces pratiques nuisibles. Les régulateurs, les organismes de formation et les influenceurs responsables ont un rôle crucial à jouer dans la promotion d’une culture d’apprentissage éthique et respectueuse des lois en vigueur.