Natanael Wright est le président en France du réseau Wall Street Institute (WSI). Il est aussi le co-fondateur de l’association « Parrainer la croissance » et membre depuis 2014 de la Mission de Simplification Administrative Employer et Former, une des Missions de Simplification voulues par le Président de la République dans le cadre du “Choc de Simplification” sous l’égide du Secrétaire d’Etat à la Simplification de l’Etat.
CPFormation : le Pacte de confiance signé entre OPCALIA et la FFP est une très bonne nouvelle. Comment en est-on arrivé là ?
Nous travaillons sur ce pacte de confiance depuis près de 2 ans
Nous travaillons sur ce pacte de confiance depuis près de 2 ans. Les lignes sont difficiles à bouger, mais elles bougent. Plusieurs autres OPCAs ont participé aux discussions, même si OPCALIA est le plus avancé. Fondamentalement ce pacte de confiance traduit une nouvelle donne : les OPCAs commencent à considérer les Organismes de Formation comme de véritables partenaires avec lesquels il faut développer des relations de travail normales et de confiance (ce qui était loin d’être le cas par le passé, tous les OFs vous le diront), et les OFs doivent arrêter de rêver à un monde sans OPCAs. L’avenir, c’est la confiance, le travail en commun dans un seul but : le développement de la formation des salariés.
Ce pacte est une première reconnaissance de la part des pouvoirs publics et des OPCAs que les OFs ne peuvent pas être les seuls à supporter le conséquences financières des ratés du système
CPFormation : En tant qu’organisme de formation, qu’est-ce que ce Pacte de Confiance vous apporte ?
Ce pacte est une première reconnaissance de la part des pouvoirs publics et des OPCAs que les OFs ne peuvent pas être les seuls à supporter le conséquences financières des ratés du système. Peu de gens le savent, mais aujourd’hui si un stagiaire manque un cours de groupe, la loi prévoit que l’OF ne sera pas payé… A priori, si vous manquez votre avion, votre billet est perdu et ce n’est pas à Air France d’en subir la conséquence. Dans notre monde de la formation, et c’est le seul secteur en France que je connaisse qui fonctionne ainsi, non seulement la loi permet aux acteurs de payer l’OF en fin de formation (parfois au bout d’un an), mais en plus, si le stagiaire manque 30% des cours, c’est à l’OF de payer. Cela ne fait aucun sens et traduit une profonde méconnaissance des mécanismes économiques, notamment de la part du Conseil d’Etat qui a réaffirmé cette position.
- En acceptant de payer 30% en début de formation sous forme d’avance, on montre que l’on comprend qu’un OF a besoin, comme dans de nombreux secteurs, d’une avance pour lancer un projet. Cette avance est d’autant plus justifiée qu’une partie importante des frais engagés par les OFs le sont en début de formation (tests, audits, inscriptions etc…)
- En acceptant de payer 100% d’une formation même s’il n’y a que 90% de réalisés, on commence à accepter l’idée qu’un stagiaire ne peut que très rarement suivre 100% de ses cours (maladie, réunion urgentes etc…) et que ces 10% font partie de la vie normale d’un stagiaire
- En acceptant de payer 100% pour 90% on accepte également que l’essentiel des retards administratifs et du travail administratif était réalisé pour boucler ces 10%. C’est la fameuse loi du 80/20. D’ailleurs il me semble que la barre aurait dû être mise à 80%.
Les process administratifs finiront par étrangler les OPCAs, il faut tout simplifier et vite !
CPFormation : Pensez-vous que les autres OPCAs vont suivre et si oui pourquoi ?
Il faut maintenant que les autres OPCAs suivent. Certains sont dans des situations très compliquées, c’est donc difficile pour eux. Mais la solution passe, pour les OPCAs aussi, par la confiance et la simplification de process administratifs qui finiront par les étrangler.
le monde de la formation a besoin d’OPCAs forts
Encore une fois : le monde de la formation a besoin d’OPCAs forts et d’une loi qui prend en compte les bases des mécanismes économiques régissant les organismes de formation.