L’étude de la Dares intitulée “La formation professionnelle continue – Une autre facette des inégalités femmes-hommes ?” interroge sur l’opportunité donnée aux femmes et aux hommes de se former. Zoom sur les principaux résultats.
A travers sa publication « “La formation professionnelle continue – Une autre facette des inégalités femmes-hommes ? », la Dares dresse un état des lieux des inégalités d’accès à la formation entre les femmes et les hommes en emploi en 2010 et 2015.
Cette nouvelle étude de la Dares s’appuie sur l’enquête Formation et qualification professionnelle (FQP) réalisée par l’Insee en 2014-2015. Celle-ci fournit des informations mensuelles sur cinq ans sous la forme de calendriers de formation et d’activité, tout en retraçant les principaux événements de la vie personnelle, comme les naissances, les mises en couple et les séparations. Les caractéristiques des formations sont détaillées pour celles qui ont duré au moins 18 heures (3 jours), soit de l’ordre de 30 % des formations non formelles à visée professionnelle.
L’accès aux formations selon les secteurs d’activités
« Le taux de formation des femmes est, en moyenne, inférieur à celui des hommes dans quasiment tous les secteurs d’activité. Cependant, les écarts sont d’amplitudes diverses, plus faibles dans le secteur de l’administration publique, l’enseignement, la santé (67 % des femmes suivent une formation, contre 70 % des hommes), plus importants dans des secteurs comme l’industrie (51 % contre 67 %), le commerce, les transports et l’hébergement-restauration (51 % contre 58 %), ou l’agriculture (34 % contre 57 %).
Les activités immobilières sont le seul secteur où les femmes se forment davantage que les hommes (65 % d’entre elles contre 55 %). C’est la présence importante des femmes dans l’administration, secteur parmi les plus formateurs, qui rehausse le taux de formation global des femmes. »
Femmes-hommes : des similitudes dans les parcours de formation
L’apparente inégalité par secteur d’activités est à relativiser :
« Les écarts d’accès à la formation des femmes et des hommes ne sont plus significatifs dès lors que la comparaison s’effectue à statut équivalent – c’est-à-dire entre des femmes et hommes ayant les mêmes types de contrat de travail (à durée limitée ou non) et d’employeur (public, privé, non-salarié). »
A noter : En tenant compte des caractéristiques des personnes et des postes, l’agriculture est le seul secteur d’activité où les femmes se forment significativement moins que les hommes.
Par ailleurs, face à la formation, les hommes et les femmes connaissent des taux d’accès à la formation proche quand ils sont depuis peu d’années en entreprise… ou au contraire quand ils arrivent en fin de carrière :
« Pour les femmes et les hommes, une ancienneté dans l’entreprise inférieure à 5 ans, comme une ancienneté sur le marché du travail élevée, de 20 ans ou plus, est associée à des taux de formation plus faibles. »
Ainsi, homme ou femme, l’accès à la formation est plus conditionné par sa qualification initiale, son âge, et la nature du contrat professionnel qu’à une problématique genrée :
« Pour les femmes et les hommes, la participation à la formation est liée positivement au niveau de diplôme et au groupe socioprofessionnel et négativement à l’âge, au fait d’être en contrat court dans le secteur privé, ainsi que de travailler avec une faible quotité de travail. »
Moins diplômées, moins formées une fois en poste
A première vue, les femmes semblent se former autant que les hommes : 62,4 % des femmes occupant un emploi en 2010 et 2015 ont suivi une formation sur la période contre 63,4 % des hommes. Toutefois, corrigé des périodes de non emploi, le taux de formation des hommes reste de 61 %, alors que celui des femmes baisse à 57 %. Cette différence reflète le fait que les femmes dont l’activité est discontinue suivent moins souvent une formation pendant une période d’emploi.
L’écart se creuse encore davantage si l’on prend en compte le niveau de qualification des personnes entrant en formation :
« Les femmes non titulaires du bac ou titulaires d’un bac professionnel se forment moins souvent que leurs homologues masculins, alors que l’inverse s’observe pour les plus diplômés ».
Avoir un enfant, un frein à la formation pour les femmes ?
L’étude révèle que, 24 mois après une naissance, seules 16 % des mères ont suivi au moins une formation d’au moins 18 heures, contre 21 % des pères :
« L’écart est encore plus important pour les femmes ayant suspendu leur activité professionnelle dans le cadre d’un congé parental (11 % des mères en emploi en 2010 et 2015) : après 24 mois, alors que la moitié d’entre elles ne sont plus en congé, seules 9 % ont suivi une formation. »
A noter : ce n’est qu’environ 4 ans après une naissance que la proportion de femmes ayant suivi une formation parmi celles ayant eu recours à un congé parental total rejoint celle des autres mères d’un jeune enfant.
Quelle motivation à se former chez les hommes et les femmes ?
En 2015, deux travailleurs sur cinq déclarent avoir l’envie de se former, et un sur trois déclare en avoir besoin. Les femmes expriment plus souvent que les hommes à la fois le besoin et l’envie de se former.
Les contraintes matérielles sont les obstacles les plus fréquemment cités à la formation par les hommes comme par les femmes : plus d’un tiers des femmes et des hommes estiment avoir été empêchés de suivre une formation par manque de temps, des horaires inadaptés, la distance ou des problèmes de santé.
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