Suite à l’annonce de la Convention d’abondement au CPF, l’Opco Unifomation nous éclaire sur cette nouvelle convention tripartite et sur sa politique volontariste en matière de formation. Mélanie Hernando-Collombat, Conseillère de Secteurs professionnels évoque avec nous la place de la formation, du CPF et des abondements dans la stratégie d’Uniformation.
Vous venez de signer une Convention avec la Caisse des Dépôts pour abonder le CPF des salariés de votre Opco. Quelle est la teneur de cette Convention ?
L’objectif de cette convention tripartite est de cadrer avec la branche du régime général de sécurité sociale et la Caisse des dépôts, la gestion administrative et financière de l’abondement CPF de branche. Cela comprend le mécanisme d’appel de fonds et d’alerte de consommation des enveloppes, les critères et modalités d’accès à l’abondement, les outils de pilotage comme des tableaux de bord, etc.
Quels ont été les éléments déclencheurs de cette convention sur l’abondement au CPF ?
Il faut revenir à la période précédent la dernière réforme, lorsque les OPCA géraient tous les dispositifs (y compris le CPF), et où les branches professionnelles pouvaient déjà, par l’intermédiaire de leur contribution conventionnelle, cofinancer le CPF, et piloter son utilisation avec l’édition de liste de branche. Certaines branches professionnelles adhérentes à Uniformation cofinançaient donc déjà le CPF, en ciblant des certifications qu’elles estimaient prioritaires pour le développement des compétences des salariés de la branche et la sécurisation de leur parcours professionnel.
Ce n’était pas le cas de la branche du Régime général de sécurité sociale qui mobilisait principalement la période de professionnalisation dans le cadre du plan de formation des caisses de l’institution. Mais avec la fin de la période de professionnalisation, et un dispositif PROA nettement plus limité, ainsi qu’une mutualisation des fonds du Plan de développement des compétences inexistante au-delà de 50 salariés (soit la quasi-totalité des structures du Régime général), le CPF se retrouve être un dispositif incontournable de la co-construction entre le salarié et son employeur pour développer ses compétences.
Ici, la réflexion s’est faite au niveau de la branche, qui compte près de 150 000 collaborateurs, répartis dans environ 300 organismes de sécurité sociale.
Les abondements au CPF sont possibles depuis quelques mois mais encore peu connus des entreprises comme des salariés. Pensez-vous que les entreprises vont se saisir de cette opportunité ?
Si les entreprises veulent maintenir voire augmenter le taux d’accès à la formation professionnelle de leurs salariés, elles devront en effet utiliser l’ensemble des dispositifs de financement existants : le plan de développement des compétences pour les moins de 50 salariés, la PROA pour les CDI… et donc le CPF co-construit pour les certifications ou habilitations qui n’émargent plus à ce jour sur la PROA (à l’inverse de la feue période de professionnalisation).
Les grands groupes négocient déjà des accords pour mettre en place une politique de dotation d’entreprise. Avec la mise en place des abondements automatisés sur les fonds de leur contribution conventionnelle, les branches professionnelles, vont nettement faciliter le travail des équipes RH, notamment chez les TPE/PME, qui n’ont pas forcément le temps ni les moyens de négocier des accords sur le sujet.
Il est important de distinguer la dotation, qui se joue au niveau de l’entreprise, de l’abondement automatisé, qui est le fruit d’une négociation de branche, financé dans le cadre de la contribution supplémentaire conventionnelle. Certes, certaines grandes entreprises devraient aussi mettre en place des abondements automatisés avec la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), mais la très large majorité des entreprises, les TPE/PME, ne fonctionneront qu’avec des dotations. Le rôle de la branche est donc de négocier et de piloter une politique d’abondement automatisé en lien avec la CDC qui déploie l’outil (l’application mobile MonCompteFormation), et l’OPCO qui finance sur les fonds de la branche. L’OPCO, dans son rôle de conseil, peut accompagner les équipes RH dans la rédaction d’un accord d’entreprise cadrant la politique de dotation.
De la même manière, lorsqu’une branche professionnelle souhaite mettre en place un abondement CPF, nous la conseillons et l’accompagnons dans sa démarche, d’abord dans la négociation de l’accord Formation, puis en CPNEF pour la détermination de critères et de modalités d’accès, de l’enveloppe financière à y consacrer. Et enfin, lors des ateliers de cadrage avec la CDC pour la rédaction et la mise en place de la convention de partenariat.
Concrètement, comment un salarié ou une entreprise dépendant de votre Opco Uniformation peut bénéficier d’un abondement à son CPF ?
Le salarié d’un organisme du Régime général (et uniquement de cette branche professionnelle dans le cadre de cette convention) n’a aucune démarche particulière à faire. Il détermine la certification qu’il souhaite obtenir : pour cela il peut se faire accompagner par les équipes RH de son employeur, ou par un CEP (conseiller en évolution professionnel). Si cette certification fait partie des priorités de la branche (cf. la liste éditée par la CPNEF), alors il verra sur son compte CPF qu’il bénéficiera, en plus de son compteur personnel, d’un abondement estampillé « Sécurité sociale » correspondant au financement de la branche.
Tous les salariés du RGSS sont éligibles à l’abondement, avec des majorations pour les salariés dits prioritaires, c’est-à-dire les deux premiers niveaux de la classification de branche, ou ceux travaillant moins de 24 h par semaine (principalement des aides-soignants).
Les certifications éligibles à l’abondement sont variées, et couvrent la grande majorité des métiers présents dans la branche professionnelle : des diplômes ou titres des professions du médico-social, du conseil ou de la gestion de la prestation, des fonctions supports… et quelques certifications ou habilitations du répertoire spécifique ; sans oublier le Cléa, la VAE ou les bilans de compétences.
En quoi ces abondements peuvent être un levier pour une utilisation plus fréquente du CPF ?
L’abondement automatisé, c’est du « clé en main » pour le salarié (et pour l’employeur dans le cas d’un CPF réalisé sur le temps de travail). Il n’a aucune démarche particulière à faire auprès de son employeur ou de son OPCO pour en bénéficier.
Le salarié se rend sur son espace personnel MonCompteFformation et voit, en sélectionnant une certification, s’il peut bénéficier d’un financement complémentaire, en plus de son compteur CPF. L’objectif est que le reste à charge éventuel pour le salarié soit diminué voire inexistant afin de faciliter l’entrée en formation.
Plus largement, vous affichez une politique volontariste en matière de formation. Quelles sont vos ambitions en matière de formation d’ici à 2022 ?
En ce qui concerne l’abondement CPF de branche, Uniformation, l’OPCO de la cohésion sociale, a été l’un des premiers OPCO a expérimenté ce nouveau partenariat, en accompagnant la branche du régime général de la sécurité sociale dans cette démarche. Nous étions d’ailleurs le premier OPCO à nous y intéresser dès 2019 puisque nos branches professionnelles adhérentes disposent à la quasi-unanimité de contributions conventionnelles et d’une volonté forte de se mobiliser en faveur du développement des compétences des salariés qu’elles couvrent.
Nul doute que d’autres branches de notre périmètre vont entamer sur la fin 2021 ou en 2022 une démarche similaire : la branche de la Mutualité a fait inscrire le principe de l’abondement CPF de branche dans son nouvel accord formation, d’autres secteurs s’y intéressent fortement et ont déjà entamé des discussions avec la CDC.
Mais nos ambitions en tant qu’opérateur de compétences vont bien au-delà pour l’année à venir :
- continuer à accompagner le fort développement de l’alternance, et notamment le contrat d’apprentissage dans nos secteurs de l’économie sociale et solidaire;
- acculturer les entreprises à l’AFEST (l’action de formation en situation de travail) dont le développement a été naturellement ralenti lors de la crise covid et du passage au 100 % télétravail ;
- accompagner nos adhérents dans l’évolution de l’offre de formation qui se tourne de plus en plus vers la FOAD ;
- favoriser le départ en formation des salariés des entreprises de moins de 50 salariés en proposant des financements adaptés et en les conseillant au plus près dans les territoires ;
- être acteur, au côté de la DGEFP, du déploiement des politiques publiques, dans le cadre de France Relance, d’1jeune1solution, du PIC… Bref, un beau programme qui devrait nous tenir tous bien occupés dans les prochains mois !
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