Echange avec Sandrine Baslé, Directrice associée de Qualiview conseil, qui intervient comme consultante et formatrice sur les outils numériques appliqués à la formation ainsi que sur le marketing de l’offre de formation. Ancienne d’Ipsos et de l’institut CSA, avocate et diplômée du groupe HEC, elle intervient régulièrement pour le compte de Centre Inffo et écrit pour des revues spécialisées, notamment la Revue du Digital.
Sandrine Baslé à créé Qualiview conseil en 2010 et accompagne le développement des entreprises du secteur de la formation.
Vous venez de publier une étude sur la motivation des salariés à aller en formation, comment est née cette étude ?
L’intérêt d’une étude est de formuler des recommandations opérationnelles sur des problèmes complexes. L’esprit de la réforme est de motiver les salariés à aller en formation. Pourtant, on constate que le pourcentage moyen chaque année de salariés qui se forment est en moyenne de 50 à 60 % au sein des entreprises. On peut imaginer qu’il y a un roulement parmi les salariés.
“certains salariés ne se forment jamais”
Pourtant, certains salariés ne se forment jamais. Afin d’être en mesure de formuler des recommandations pour motiver ces personnes à aller en formation, nous sommes partis des bonnes pratiques des managers qui savent motiver leur équipe à aller en formation. Il s’agit des formations en entreprise à l’exclusion des formations obligatoires ou des formations diplômantes.
Comment l’avez-vous réalisée ?
Le sujet de cette étude a été proposé au groupe Horizon du GARF début 2018. Le GARF regroupe des responsables formation en entreprise. J’ai demandé aux personnes constituant le groupe de rechercher au sein de leur organisation des managers repérés pour leur capacité à motiver les salariés à aller en formation.
Quelles ont étés les conclusions de cette étude ?
L’étude montre que le contexte est déterminant : les managers qui réussissent bénéficient d’un environnement favorable. La formation est au cœur de la stratégie de leur entreprise et est une priorité des dirigeants. Au niveau du manager, celui-ci s’appuie sur l’entretien individuel pour s’intéresser au salarié et définir avec lui les formations dont il a besoin.
Au niveau du salarié, celui-ci fait le calcul des gains et des freins qu’il va devoir lever. Ce sont ces deux leviers qu’il convient de prendre en compte pour le convaincre de se former. Parmi les freins, certains sont tenaces, notamment les aspects psychologiques. C’est le cas de la peur d’être mal à l’aise au sein du groupe, de se comparer aux autres et surtout d’être ensuite obligé d’accepter des modifications de poste parce qu’il a été en formation.
Selon vous, comment peut-on améliorer la motivation du salarié en amont de la formation ?
Le travail en amont de la formation est crucial pour motiver le salarié à aller en formation. Il peut, par exemple, être impliqué dans la définition des objectifs qui correspondent à des gains pour lui. Plus il a de contacts en amont avec le formateur ou la formatrice, plus il se sentira engagé et dans de bonnes conditions pour aborder la formation.
En préparation de la formation, les salariés peuvent aussi suggérer des cas pratiques correspondant aux problèmes qu’ils rencontrent dans leur vie professionnelle. Cette recherche des situations auxquelles ils sont confrontés, les aide à approfondir les gains qu’ils vont tirer de la formation : gain de temps ou de confort par exemple. Le participant est déjà en situation d’apprentissage.
L’étude a aussi montré que les à-côtés de la session de formation ont un rôle non négligeable dans la motivation des salariés. Il peut s’agir de l’intérêt de découvrir ou de se rendre sur le lieu de la formation, du fait de rencontrer des collègues qu’ils ont peu l’occasion de rencontrer ou tout simplement le fait de sortir de leur quotidien et de prendre du recul.
Avez-vous eu des informations sur la motivation pendant et en fin de formation ?
Pendant les formations, la motivation est liée à la capacité du formateur ou de la formatrice à mettre le participant en mouvement, à valoriser ses interventions et à faire le lien avec les attentes et les objectifs de la formation.
Pour ce qui est de la motivation en fin de formation, il est difficile de généraliser. Parfois le quotidien reprend le dessus et ce qui a été appris ne peut pas immédiatement être mis en application.
Par rapport à ce qui a été dit plus haut, plusieurs aspects vont impacter son opinion de la formation en général et donc son niveau de motivation pour participer à d’autres formations à l’avenir. Nous avons notamment évoqué le lien avec les situations rencontrées au quotidien et l’importance de l’implication du manager, en particulier à l’occasion de l’entretien individuel. Ce sera l’occasion de mettre l’accent sur les gains et de replacer la formation dans le parcours professionnel du salarié.
Selon nous, la motivation joue un rôle essentiel en formation il est le moteur de la réussite de l’action. Partagez-vous ce constat Oui/non et pourquoi
Oui, bien sûr, sans motivation, la formation n’a pas de sens. La motivation est liée à l’objectif. Plus celui-ci est adapté au participant, plus ce dernier sera engagé dans la formation.
Par définition, une formation nécessite un effort de la part du participant. Il doit se libérer et se mettre à disposition pendant le temps de la formation et, dans certains cas, il récupère après la formation, tout le travail (lié à son poste) qu’il n’a pas pu faire pendant ce temps.
S’il ne visualise pas clairement les bénéfices qu’il va pouvoir en tirer, il ne sera pas motivé. Un des managers interviewés dans le cadre de l’étude a pour principe de ne laisser un salarié aller en formation tant que celui-ci n’est pas convaincu qu’il va en bénéficier. Ce manager préfère attendre plutôt que de forcer son collègue et de faire perdre son temps à l’entreprise et au salarié.
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