Interview de Boris Sirbey
Le monde est petit : MyJobCompany et Lingueo avons été quelques années co-bureaux dans une ancienne usine du Canal St Martin (75010) quand nos deux start-up n’étaient encore qu’à leurs débuts. Réunis par le CPA nous avons souhaité vous faire partager sur CPFormation les questions que nous avons pu poser à notre ami entrepreneur.
Retrouvez ce soir Boris Sirbey à la présentation-débat sur le CPA (compte personnel d’activité) aux startups et aux acteurs du numérique au Liberté Living Lab
Bonjour Boris pourriez-vous vous présenter ?
Je suis un philosophe et un entrepreneur spécialiste de l’innovation RH.
J’ai co-fondé MyJobCompany en 2012 et le Lab RH en 2015. Ce dernier rassemble aujourd’hui plus de 370 startups.
Aujourd’hui, je consacre mon énergie à accompagner des projets de transformation, qu’ils soient à l’échelle de l’entreprise ou de la société.
Mon principal objectif est de donner naissance à des écosystèmes qui fonctionnent en intelligence collective, où les gens peuvent trouver un bien-être tout en réalisant leur potentiel.
Pouvez-vous nous présenter votre start-up ?
Nous capitalisons sur l’humain, la force du réseau et l’intelligence collective pour accompagner nos clients sur leurs problématiques de recrutement et de transformation.
Côté recrutement, MyJob.Company développe une expertise unique sur la cooptation. Nous nous reposons sur une communauté de plus de 100 000 coopteurs est un canal de sourcing communautaire efficace et puissant. Cela nous permet de trouver rapidement pour nos clients les bons profils, souvent invisibles des canaux traditionnels.
Notre expertise sur le développement de communautés associée à la nécessité devenue vitale d’innover, de gagner en agilité et de faire les bons choix digitaux ont fait émerger ces dernières années chez nos clients l’envie de se faire accompagner différemment. Tout naturellement, nous avons donc créé notre pôle d’accompagnement à la transformation des organisations favorisant la co-construction et l’intelligence collective pour enclencher des transformations portées par un engagement authentique et durable.
Nous comptons aujourd’hui de nombreuses références clients, startups et groupes internationaux telles que Le Bon Coin (Schipsted), Rakuten, John Paul, Engie, Monoprix, Allo Resto (Just Eat), Allegorytmic, MenLook, Orbium, Pôle Emploi, Ekino…
Le CPA a été développé par les start-up du LAB RH, c’était un choix audacieux du gouvernement. Comment cela s’est-il passé ? Faisiez-vous parti des gagnant du Hackathon organisé à 42 en avril 2016 ?
Le gouvernement a annoncé dès le lancement du CPA en janvier 2016 sa volonté de faire les choses différemment, en intégrant des acteurs innovants comme les startups, l’Ecole 42, etc.
Nous avons postulé à l’appel d’offre en connaissant cette volonté d’innovation et d’ouverture et l’Etat a tenu son engagement en nous faisant confiance.
Le hackathon était principalement destiné aux élèves des écoles qui ont participé (42, ENA, Cesacom…).
Les lauréats étaient tous des équipes d’élèves qui se sont formées au gré des projets qui ont émergé pendant le Hackathon et les startups sont surtout intervenues en position de coaching.
Par la suite, comme il fallait tenir des délais très courts pour l’ouverture du CPA en janvier 2017, l’Etat a confié la réalisation des premières briques servicielles aux startups.
Cependant, le CPA a été construit sur la base d’une architecture évolutive et les projets qui ont émergé du Hackathon pourront être intégrés par la suite.
Quelle partie / service avez-vous développée concrètement
Monkey tie a développé le moteur d’orientation qui permet de trouver les métiers correspondant à ses qualités humaines et ses compétences.
Futur is Good va réaliser la plateforme collaborative qui permet de réaliser ses projets en s’entraidant (cette brique n’est pas encore en ligne).
MyJob.Company, qui a une certaine expérience de la collaboration avec les services publics, assure la direction de projet et contribue à tenir la vision produit globale.
Allez-vous continuer de travailler sur la plateforme ?
C’est un travail qui va se poursuivre sur l’année 2017 car il n’y a qu’une partie des services prévus sur le CPA qui sont en ligne.
La plateforme va donc s’enrichir progressivement.
Quelles ont étés vos interactions avec la caisse des dépôts qui a développé le CPF ?
Il fallait produire en un temps extrêmement court et la seule façon de le faire était de se montrer très agile.
Un processus classique de production n’aurait pas fonctionné, nous avons donc mis en place un dispositif d’itération courtes avec une équipe projet très resserrée.
il y a eu des moments difficiles car le stress liés aux délais était considérable, mais cela à contribué à renforcer les liens avec la CdC.
Au final, la collaboration avec leurs équipes s’est très bien passée, c’était comme travailler avec une autre startup.
Avoir un site pour le Compte Personnel de Formation et un pour le CPA est-ce que ce n’est pas trop ?
Le CPF est déjà intégré dans le CPA puisqu’il est possible d’accéder à ses droits formation et de faire des recherches sur la base des formations depuis son compte CPA.
Pour autant, le CPF reste actif, mais à terme, le CPA pourra donc absorber le CPF et devenir le point d’accès unique pour consulter et mobiliser ses droits.
Pourriez-vous nous préciser votre citation du CP du lab RH «un acte fondateur porté par des startups du Lab RH » et revenir sur les conditions du succès du CPA
Les Français comprennent encore mal quelle est la vision du CPA car il y a eu assez peu de communication sur le sujet.
Une des dimensions du CPA est de rassembler l’ensemble des droits dans un seul point pour les rendre accessibles et lisibles.
Une autre dimension est d’accompagner les parcours des Français en proposant des services autour de l’orientation, la formation, la création de projet, etc.
Mais au-delà de tout cela, le CPA porte une vision nouvelle de la société, où la création de droit ne va plus dépendre du statut ou du contrat, mais de l’engagement et de la création de valeur sociale.
Aujourd’hui, les gens qui se battent au quotidien pour aider les autres et pour favoriser la transformation positive de la société ne sont pas reconnus, et le système de gestion des droits ignore cette valeur.
Demain, le CPA permettra de traduire l’engagement social et citoyen par de la création de droit.
C’est une vision sociétale très innovante, qui me parait beaucoup plus intéressante que le revenu universel car elle contient une notion de progressivité des droits en fonction de la contribution de chacun à la collectivité.
et c’est en ce sens que nous parlons d’un acte fondateur.
Concernant les conditions de succès du CPA, je pense qu’elles vont reposer sur le fait d’écouter les besoins des utilisateurs et de faire évoluer le CPA en permanence.
Toutes les fonctionnalités présentes dans la version actuelle du CPA ont été élaborées sur la base de groupes de travail intégrant des Français qui ont eu des difficultés avec le système existant et qui ont exprimé comment ils voulaient être accompagnés demain dans leur parcours. Il faut continuer dans cette logique de co-construction en donnant la parole au gens, car c’est la seule façon de créer de l’usage !
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