Dans cette interview, le président de la Fédération Française des Professionnels de l’Accompagnement du Bilan de Compétences (FFPABC) David Zoute, nous parle de son rôle dans la co-construction du guide de la Caisse des Dépôts sur les règles d’éligibilité au Compte Personnel de Formation (CPF) des actions de bilan de compétences.
Il explique comment la FFPABC a participé à la co-construction de ce guide en échangeant avec la Caisse des Dépôts et en apportant sa vision des choses.
Il donne également son avis sur les évolutions récentes du dispositif de bilan de compétences et sur l’importance de la qualité dans les prestations de bilan de compétences.
Bonne lecture !
Peux-tu te présenter en quelques mots… ?
Je préside la FFPABC depuis sa création, fin 2018. Mon parcours peut être qualifié d’atypique, à tout le moins à mes débuts. Pour la suite : un temps dans le recrutement, un temps dans l’accompagnement social des restructurations et puis la création de Weeziu, il y a 10 ans, le tout en appui sur un DESS en psychologie du travail (UPX – 2000), un master gestion et administration des entreprises (IAE Aix – 2008) réalisé dans le cadre d’un CIF et beaucoup de formation continue.
Je suis particulièrement attaché à certaines valeurs : la liberté, la tolérance, l’humilité.
…et présenter l’association ?
La FFPABC a été créée à la fin de l’année 2018 après plusieurs mois passés à tenter de faire entendre notre voix auprès du législateur et des rédacteurs de la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel.
Le changement de paradigme avait de quoi inquiéter les prestataires en bilan de compétences : abandon des OPACIF et OPCA sur la régulation du marché du BC, suppression du congé bilan de compétences, désintermédiation, monétisation du CPF, ouverture totale du marché, aucune barrière à l’entrée pendant une année…et finalement deux, financement du CEP des actifs occupés dont le cahier des charges recouvre une partie de celui du BC et ne parlons pas du risque de dérive sectaire : un angle mort.
L’association regroupe aujourd’hui 130 prestataires, en métropole et outre-mer, positionnés sur le conseil en gestion de carrière à travers des prestations comme le bilan de compétences, la VAE, l’outplacement, le coaching mais aussi le recrutement et la formation professionnelle.
Tous sont engagés sur la charte éthique et déontologique du bilan de compétences avec la FFPABC : c’est l’un des prérequis pour adhérer.
Notre mission, comme tout groupement professionnel, est d’offrir de la visibilité et de la lisibilité à l’ensemble des parties prenantes de notre secteur d’activité : clients entreprises et particuliers, adhérents, partenaires, institutionnels et politiques.
Comment la FFPABC a participé à la co-construction du guide ?
Nous nous sommes manifestés auprès de la CDC dès la montée en charge de MCF à la fin 2019, et, même s’il nous a fallu un peu de temps et de persévérance pour que notre « patte blanche » soit comprise par nos interlocuteurs, nous avons pu établir de véritables relations de coopération.
Les quelques échanges d’informations, et notamment une présentation du label qualité BC de la FFPABC porté par Lydia GRASSET, Vice-Présidente du pôle qualité, ont débouché sur un travail commun autour du projet de guide avec une première réunion à l’été dernier, suivie d’une lecture critique du document début octobre et d’un ultime échange début décembre.
Tout au long de ce processus, nous avons repris, point par point, les éléments du guide, apporté nos observations et interrogations.
Dès le 16 décembre, nous avons pu réaliser une lecture commune avec 40 de nos adhérents dont certaines des remarques viendront enrichir une FAQ « Référencement de l’offre BC ».
Quelle est l’actualité 2023 sur le guide ?
Le guide des « Règles d’éligibilité au CPF du Bilan de Compétences » était particulièrement attendu par la profession, notamment au regard des pratiques à minima déviantes et parfois complètement hors cadre qui se lovent sous le code CPF 202 depuis l’ouverture du marché en 2018 : détournement de la prestation, référencement sauvage,
pratiques commerciales déloyales…tout y est passé.
Le guide rappelle le cadre juridique, notamment les objectifs d’un bilan de compétences, insiste sur l’individualisation du parcours, cible les compétences attendues chez les prestataires et apporte des précisions sur le référencement de l’offre sur MCF.
Il reste quelques points en suspens, mais qui ne sont pas du ressort de la CDC ou qui attendent le JO pour prendre pleinement leur dimension.
Lorsque la CDC publie un guide, ce n’est jamais anecdotique : la public est systématiquement un précurseur de contrôles massifs, à l’issue une période d’observation et d’avertissements.
Laurent DURAIN l’a d’ailleurs annoncé dès l’été dernier. Dans cette perspective, nous préparons nos adhérents aux procédures contradictoires de la CDC avec l’appui de Sabrina DOUGADOS mieux vaut prévenir.
Vision d’avenir du bilan de compétences
Le bilan de compétences est une prestation plébiscitée par le public : près de 49 000 personnes ont se sont engagés dans le processus en 2020, 79 000 en 2021. Nous aurons touché env 84 000 personnes (Open Data CDC, Série Formations Engagées, décembre 2022) en 2022, en dépit d’un véritable coup de frein depuis la fin octobre lié à la mise en place de FC+.
Un portrait du public cible nous indique qu’il est très majoritairement féminin, âgé de 26 à 45 ans, et pour les deux tiers employés/ouvrier et d’un niveau 5 et infra : un public largement impacté par les mutations du travail, mais également par l’évolution nécessaire des compétences liées à la transition écologique et énergétique (France Stratégie/Dares – Rapport « Métiers 2030 »).
Le bilan de compétences s’inscrit pleinement dans le cadre des politiques de l’emploi et doit être conforté dans cette place très spécifique d’accompagnement personnalisé des transitions professionnelles.
En effet, s’il peut s’articuler avec le CEP, il est quelquefois un précurseur de la VAE et, constitue toujours une garantie du caractère réel et sérieux des projets professionnels de nos clients 8 et de leur investissement dans les formations qu’ils engagent, quelle qu’en soit la source de financement.
En un mot : le bilan de compétences sécurise les choix d’évolutions professionnelles.
A ce titre, on peut s’étonner de la place qu’il occupe dans la programmation de l’UHFP 2023
« Compétences 2030, réussir ensemble les transitions ! » ou de l’hypothèse d’une participation du titulaire au financement de son bilan de compétences, au même titre que sa VAE d’ailleurs.
Des constats au goût amer et qui impliquent, pour la FFPABC, un véritable changement de braquet : notre défi pour 2023.
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