Quels leviers d’investissement dans les compétences pour les entreprises ?

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En quoi la réforme de la formation pro est un levier d’investissement dans les compétences pour les entreprises ? Zoom sur la table-ronde menée dans le cadre de l’Université d’Hiver de la formation professionnelle à Biarritz, le 1er février 2019.

Lors de l’Université d’Hiver de la formation professionnelle, une table-ronde a été organisée autour de cette problématique d’investissement des compétences par les entreprises. Quelles sont les opportunités pour les entreprises de la mise en place de la réforme de la formation professionnelle ? Comment le CPF peut être articulé avec la stratégie de formation des entreprises ?

Trois intervenants ont apporté leurs points de vue éclairés sur le sujet :

  • Cédric Puydebois, Sous-Directeur Politiques de formation et du contrôle, DGEFP
  • Mikaël Charbit, Directeur de la certification professionnelle au sein de France Compétences
  • Laurent Durain, directeur de la formation de la Direction des Retraites et de la Solidarité de la Caisse des Dépôts

Quels sont les leviers conçus par la Loi pour que les entreprises investissent dans les compétences ?

En ouverture des échanges, Cédric Puydebois, Sous-Directeur Politiques de formation et du contrôle, DGEFP évoque la responsabilisation et la responsabilité des entreprises à investir. C’est dans leurs intérêts d’investir  dans les compétences des salariés, avec des aides pour certains types d’entreprises. Il y a intérêt à rendre chaque individu acteur de sa formation. Il souligne aussi l’effort fait à destination des demandeurs d’emploi, avec jusqu’à 15 milliards d’euros d’investissement dans les compétences (budget de l’Etat et contribution des entreprises) :

« Avoir un stock de demandeurs d’emplois peu qualifiés en si grand nombre, au vu des besoins d’activités, et de l’évolution des compétences, c’est du gâchis. Un investissement à moyen terme pour les entreprises, c’est d’avoir des demandeurs d’emploi mieux formés ».

Assouplissement en termes de réglementation sur l’action de formation, plus grande liberté (formations obligatoires pour certains métiers, et celles qui ne le sont pas) sont partis des leviers pour inciter les entreprises à miser sur la montée en compétences de leurs salariés. Une fois tous les 6 ans, il est désormais demandé à l’entreprise de proposer à ses salariés une formation non obligatoire en plus des entretiens professionnels. D’ailleurs, les entretiens professionnels sont des bons leviers pour détecter les besoins de formation.

Sur les contrats d’apprentissage, la simplification des modes de rupture est effective avec la réforme.

Par ailleurs, l’action de formation est élargie :

« On espère que cela va permettre des innovations, pour développer les formations ouvertes à distance, et les formations en situation de travail.»

Quid de la réforme des certifications professionnelles ?

Mikaël Charbit, Directeur de la certification professionnelle au sein de France Compétences, évoque les grands changements en termes de certification. Ces axes de transformations sont portés en lien avec les faiblesses des répertoires existants.

« On a d’abord le défaut de visibilité. Le 1er enjeu est d’assurer une volumétrie qui pourra être lisible par une entreprise, un acteur économique, un actif. On a un chantier qui devrait permettre de réduire la volumétrie des certifications dans l’enseignement supérieur, et de favoriser des interactions et des passerelles entre certificateurs.  Ensuite, il y a la problématique de la régulation des certifications privées avec plusieurs éléments de contrôle : le contrôle des organismes en eux-mêmes, les critères d’enregistrement pour renforcer l’évaluation et le niveau d’exigence, la définition du bloc de compétences, des délais d’instruction raccourcis, etc. »

Bon à savoir : la procédure d’enregistrement dite simplifiée permettra de se dispenser de la justification des promotions pour les métiers émergents ou en très forte évolution. Il y aura un Conseil scientifique qui établira une liste de métiers chaque année.

Comment co-construire un CPF avec un salarié en entreprise ?

Laurent Durain, directeur de la formation de la Direction des Retraites et de la Solidarité de la Caisse des Dépôts introduit l’idée que :

« Le CPF est compatible avec les politiques de formation des entreprises. La certification fait le pont entre le besoin des entreprises et l’initiative individuelle. Seules sont éligibles au CPF les formations qui ont pour finalité le passage d’un examen, d’une certification enregistrée au répertoire national des certifications professionnelles. Le CPF n’est pas un outil de développement personnel. Il a vocation de permettre aux Français de se former sur des certifications professionnelles qui ont été préalablement validées, et qui garantissent qu’après la formation, l’employabilité est augmentée par rapport à avant la formation. »

Quatre mots-clés pour comprendre le CPF :

  • Alimentation : les entreprises peuvent booster les CPF de leurs salariés en intervenant sur le montant crédité sur leurs comptes chaque année.
  • Dotation : une dotation en euros, une fois dans l’année, de manière exceptionnelle, en fonction des résultats de l’entreprise… est à réfléchir dans une logique de dialogue social, de pouvoir d’achat de formation.
  • Co-construction individuelle : un salarié souhaite se former mais ne dispose pas d’un pouvoir d’achat formation pour financer la formation. Sur une demande ou sur un champ d’action de formation, l’entreprise peut venir compléter le compte pour que le salarié bénéficie de sa formation.
  • Accord collectif : c’est une modalité dans laquelle le salarié va participer au financement de la formation qui va se dérouler au sein de son entreprise. On est dans une autre dynamique.

Piste de réflexion : les branches peuvent abonder les CPF de leurs salariés mais pourquoi ne pas abonder les formations indépendamment du fait que le salarié soit déjà dans la branche ?

Pour conclure son propos, Laurent Durain rappelle ce propos de Muriel Pénicaud, ministre du travail :

« Le CPF n’est pas le règne de l’individualisme, c’est le règne de la personnalisation. »

Le CPF est personnel car les droits sont rattachés à l’individu, et c’est un des acquis de la réforme de 2015. Avec la réforme actuelle, on ne crée pas le CPF, mais juste la solvabilisation du compte.

Pour découvrir les échanges avec les entreprises, rendez-vous sur le site officiel de Centre inffo :

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Muriel Pénicaud : « Le CPF répond à la logique de personnalisation, de choisir son destin, de faire des choix qui nous concerne ».

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