Dans sa Note d’analyse “Mooc français : l’heure des choix”, France Stratégie éclaire sur la stratégie actuelle et à venir en matière de cours en ligne en accès libre.
Que sont les Mooc ?
Accessible depuis une plateforme numérique, le Mooc, Massive Open Online Course, est un cours en ligne partiellement ou entièrement en libre accès. L’inscription est gratuite et les modules complets sont étudiés via internet. il peut donner lieu à une certification payante à la fin du programme.
Depuis leur lancement, les Mooc favorisent de nouvelles organisations des temps pédagogiques. Ils transforment la relation entre enseignant et étudiants, le premier devenant aussi accompagnateur et tuteur, les seconds participant à la construction des connaissances.
Les Mooc sont aussi une vitrine qui permet aux établissements d’enseignement supérieur de promouvoir leurs formations, notamment à l’étranger, et de toucher de nouveaux publics grâce à des offres d’enseignement plus souples et plus personnalisées.
La France noyée dans l’offre mondiale ?
Sur les 4 000 cours en ligne disponibles au niveau mondial, moins de 300 sont d’origine française, FUN (France université numérique, plate-forme nationale française) ne représentant que 3,4 % de l’offre globale. Aux Etats-Unis, 80 % des universités mettent des cours en ligne, contre seulement 3 % en France.
Les fournisseurs de Mooc sont à la recherche de modèles économiques viables. Le plus en vogue actuellement est celui du freemium, c’est-à-dire la combinaison de services gratuits et payants. La majorité des plateformes proposent des cours en accès libre (gratuits) mais le volet de la certification est payante (ou avec des services supplémentaires payants : tutorats payants, services aux entreprises, sponsoring, etc. C’est dans cette voie de diversification du modèle économique que devrait s’engager la plateforme française FUN.
FUN, une singularité française
La dynamique de rattrapage à l’œuvre depuis 2013 est essentiellement portée par les établissements et les pouvoirs publics, ce qui explique la singularité du modèle économique français marqué par la prééminence d’une plateforme publique offrant un accès gratuit aux Mooc : FUN, France université numérique.
Lancée en 2013, FUN propose aujourd’hui 140 Mooc suivis par plus de 500 000 inscrits. Dans la course à l’internationalisation, ce rattrapage n’est pas suffisant pour autant : les plateformes européennes en ordre dispersé proposent une offre essentiellement nationale (à 98 % pour FUN) quand 70 % des Mooc hébergés par l’américaine Coursera sont produits par le « top 150 » du classement de Shanghai.
France Stratégie identifie quatre axes stratégiques de travail pour diversifier l’offre française et l’adapter aux nouveaux usages
Pour France Stratégie, si l’offre française s’est beaucoup développée ces dernières années, sa diversification et son adaptation à de nouveaux usages restent un enjeu majeur dans un marché largement dominé par les Etats-Unis.
- Axe 1 : Diversifier le modèle économique de la plateforme FUN
- Axe 2 : Développer la certification et la personnalisation de l’offre
- Axe 3 : Miser sur l’innovation pédagogique par le numérique
- Axe 4 : Promouvoir l’enseignement supérieur français
Ainsi, pour s’imposer dans ce secteur, la France doit miser sur la monétisation d’une offre diversifiée et innovante davantage tournée vers la formation continue, la certification et l’espace francophone.
Le marché de la formation professionnelle des entreprises est en l’occurrence le plus dynamique. Il reste cependant à adapter l’offre pour y répondre en créant des Mooc à la demande plus souples et personnalisés, plus certifiants, voire diplômants aussi.
Un effort d’innovation est également à produire sur le marché de la formation initiale pour ne pas manquer le tournant du “social learning” ou de la “classe inversée” comme celui du big data.
Cibler l’espace francophone qui représente un marché potentiel de 220 millions de clients à travers le monde est une autre stratégie prometteuse. Enfin 41% des Mooc hébergés par l’américaine Coursera sont européens. Se pose ainsi la question d’une initiative européenne qui permettrait de faire masse et de “rapatrier” une offre d’excellence pour l’heure dispersée, voire passée outre-Atlantique.
Un marché à développer : les Mooc dans la formation continue
La demande de formation continue de salariés peut trouver dans les Mooc une offre adaptée à ses contraintes spécifiques : coût de l’absence du salarié parti en formation, contraintes financières, etc.
C’est un secteur prometteur de développement à condition d’adapter l’offre aux besoins des entreprises et de proposer des modèles rémunérateurs pour les établissements.
Développer les modes d’enseignement mixtes et créer une offre plus flexible et personnalisée devrait permettre au Mooc de connaître un nouvel essor.
Pour aller plus loin :
MOOC, l’âge de maturité ? Modèles économiques et évolutions pédagogiques
Digital Learning, où en est-on en 2017 ?
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