Présidente de l’ANDRH, Audrey Richard a répondu à nos questions sur la place des RH dans l’entreprise durant la crise sanitaire, et sur son impact sur le plan de développement des compétences.
Association de loi 1901, créée en 1947, l’ANDRH est la plus grande communauté de professionnels RH d’entreprises et d’organisations de tous secteurs d’activité et de toutes tailles, publiques et privées, nationales et internationales. Elles comptent aujourd’hui 5 000 membres. Audrey Richard, sa Présidente s’est pliée au jeu des questions / réponses pour dresser un premier bilan de la crise du covid-19 au niveau des ressources humaines, et de la façon dont les RH ont été essentielles à la vie de chaque entreprise durant cette période singulière.
Depuis janvier vous êtes à la tête de l’ANDRH, et venez d’être officiellement nommée Présidente de l’association fin mai 2020. Quelles sont vos ambitions pour la fin de l’année ?
J’ai d’abord pris la Présidence en intérim en janvier 2020, et durant cette période j’ai apprécié de poursuivre le programme mis en place. La construction d’un programme de façon collective est stimulante, et permet de répondre à nos 3 principales ambitions :
- Rassembler en réseau les professionnels des RH pour les aider au quotidien sur des aspects opérationnels, par l’intermédiaire de documents et fiches pratiques, par exemple.
- Consolider la fonction stratégique des RH au sein des entreprises.
- Avoir un rôle d’influenceur, travaillant en proximité avec les pouvoir publics. Cela nous donne l’opportunité de poser des alertes comme de partager des bonnes pratiques.
Les DRH ont eu un rôle crucial durant la crise du covid-19. Quels retours de terrain avez-vous eu sur cette période ? Comment les DRH ont adapté leurs pratiques ?
La situation a été exceptionnelle car toutes les RH ont été confrontées en même temps à cette crise, en première ligne. Le binôme DG/RH a d’ailleurs très bien fonctionné dans cette période inédite. L’ANDRH s’est rapidement mobilisée pour mettre à disposition de tous de la matière opérationnelle : un guide pour bien travailler en télétravail, ou encore des bonnes pratiques de management à distance. L’objectif était de faire gagner du temps aux RH.
Nous avons pu être très réactifs car nous repérons tout au long de l’année les bonnes pratiques des RH, et menons des enquêtes régulières auprès des membres sur le rôle des RH, les attentes, des recommandations, etc.
Comment les DRH se sont-elles positionnées dans la mise en place massive du télétravail ou de l’activité partielle ? Comment ont-elles travaillé sur le lien avec les collaborateurs pendant cette période ?
Avec l’arrêt net de l’activité pour certains, une activité partielle pour d’autres, et une nécessité de télétravail par ailleurs, les RH ont fait front de toute part. Cette phase d’urgence a été gérée de concert avec la Direction et les partenaires sociaux. Durant cette période singulière, tout le monde s’est adapté.
Les RH ont d’abord dû expliquer le dispositif du chômage partiel au Comex, aux partenaires sociaux, aux managers puis aux salariés. Dans un second temps, les RH ont dû mettre en place concrètement chaque décision. Enfin, les RH ont pris soin à la fois du collectif de l’entreprise et de chaque individu. Le challenge était de considérer chaque situation individuelle pour lui apporter une réponse adaptée.
Pour la mise en place du télétravail, il a fallu acheter du matériel pour équiper les salariés chez eux mais aussi adapter les outils collaboratifs, faire le tri dans ceux qui étaient utilisés, pour rationaliser les échanges.
A l’annonce de la fin du confinement, les RH ont tout mis en œuvre pour permettre une reprise progressive du travail dans les locaux, s’assurant des conditions de sécurité et de santé pour tous.
Aujourd’hui, les RH doivent imaginer les modalités de reprise après les congés estivaux.
Des besoins de formation ont-ils émergé ?
Durant cette période de crise sanitaire, certains salariés ont pris le temps de réfléchir sur leur vie pro et leur vie personnelle. Pour certains, cette mise à distance du bureau a été un déclic, et ils ont fait part à leurs RH d’un désir de quitter l’entreprise, de changer de cap, de se reconvertir. Les salariés ont pris en main leurs destins !
Concernant les demandes de formation, elles ont principalement porté sur la consolidation des compétences en lien avec leurs postes de travail, l’apprentissage des langues ou encore la digitalisation de leurs pratiques professionnelles.
Pour répondre à ces attentes, les RH ont mis à disposition en ligne un catalogue de formation. Chacun a ainsi pu s’y inscrire avec l’aval de son manager.
Par ailleurs, je tiens à souligner l’effet salvateur du dispositif de FNE formation mis en place pour répondre à la problématique de chômage partiel et de montée rapide en compétences. Nous avons informé les membres de l’association sur la possibilité d’avoir recours au FNE, et ils s’en sont saisis. Au-delà des compétences développées dans ce cadre, cela a permis de garder le lien avec l’entreprise pour ceux qui étaient en activité partielle. Rester dans un rythme régulier était essentiel quand l’activité est en berne.
En quoi cette crise sanitaire a-t-elle des répercussions sur le développement des compétences en entreprise, et sur la gestion des compétences en général ?
C’est d’abord une grande victoire sur le télétravail. De nombreuses entreprises refusaient de s’y mettre. Avec la crise, elles ont dû être réactives et finalement, la situation a montré que le télétravail était possible ! Aujourd’hui, on ne peut pas revenir en arrière sur cette expérience du télétravail. Il faut désormais mettre à plat les modalités de sa continuité hors crise sanitaire.
Par ailleurs, les RH ont été en première ligne tout au long du covid-19, et le restent aujourd’hui avec un retour progressif dans les locaux, et la reprise encore incertaine de l’activité. Les professionnels des ressources humaines ont été exemplaires pour faire face à chaque situation inédite. Cela a certainement permis de redorer le blason des RH ! La gestion des compétences et le développement des compétences sont désormais bien vus comme des points majeurs dans la transformation des entreprises.
Au final, comment imaginez-vous la place des DRH après cette prise sanitaire ?
Les RH ont un rôle pivot, et vont encore plus le développer. On peut imaginer un accès plus facile à la formation après cette crise, mais aussi le développement de plus de formations à distance.
Mais n’oublions pas que le rythme « normal » n’a pas encore été retrouvé, avec une activité partielle et du télétravail encore largement maintenus. Chaque RH va devoir inventer un retour sur site avec une organisation transformée.
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