Apprendre la Langue des Signes Française au sein d’une entreprise présente de nombreux avantages à la fois humains et organisationnels. Diverses études, rapports institutionnels et retours d’expérience récents mettent en lumière des bénéfices tangibles en termes d’inclusion professionnelle, de cohésion d’équipe, de qualité d’accueil de la clientèle handicapée, ainsi que des retombées positives pour la RSE, la marque employeur et la performance de l’entreprise. Nous présentons ci-dessous une synthèse structurée de ces éléments, avec des références précises (France et international).
1. Inclusion des collaborateurs sourds ou malentendants
Former les entendants à la LSF facilite l’insertion professionnelle des personnes sourdes ou malentendantes en levant le principal obstacle : la communication. Sans adaptation, un salarié atteint de surdité risque l’isolement ou des incompréhensions au travail. Par exemple, une ergothérapeute de la Cramif témoigne qu’une collègue sourde, placée en open-space, avait fini par coller son bureau contre un mur pour s’isoler faute de bonne intégration. À l’inverse, la maîtrise de la LSF établit un canal d’échange direct qui permet aux employés sourds d’exister pleinement dans l’équipe, de s’exprimer et d’être compris. Chez GSK Evreux (témoignage Agefiph, 2023), l’initiation à la LSF « a donné de la visibilité à un handicap pas toujours perceptible » et a libéré la parole des personnes concernées, les sortant de leur isolement. De plus, cela incite d’autres salariés malentendants à se signaler et à solliciter du support si besoir, contribuant ainsi au maintien dans l’emploi.
Ces bonnes pratiques de communication inclusive rendent l’entreprise plus accueillante pour tous. La Fondation Pour l’Audition (2022) conclut dans son guide que l’inclusion des personnes sourdes en milieu professionnel est “un pari gagnant”, à condition d’un effort réciproque : informer, sensibiliser et former l’ensemble des acteurs. Grâce à ces efforts, « les résultats seront au rendez-vous » en termes d’évolution de carrière et de bien-être, pour le salarié comme pour l’entreprise. En somme, proposer une formation LSF aux collaborateurs s’inscrit dans une démarche d’égalité des chances, conforme à l’esprit de la loi française (objectif de 6 % de travailleurs handicapés). Rappelons que près de 7 millions de personnes en France sont concernées par des troubles auditifs de degrés divers dont environ 100 000 pratiquent couramment la LSF. Former ses équipes à cette langue offre donc à ces talents une véritable place, plutôt que de les voir exclus du monde du travail.
2. Impact sur l’ambiance et la cohésion d’équipe
L’apprentissage de la LSF en groupe a un effet fédérateur puissant. En partageant cette nouvelle compétence linguistique, les collaborateurs développent une meilleure compréhension mutuelle et renforcent leurs liens. Des retours d’expérience indiquent une amélioration notable de la cohésion d’équipe. Par exemple, dans le cadre de la formation LSF mise en place chez GSK Evreux (Normandie), managers et employés volontaires se retrouvaient chaque semaine sur leur pause déjeuner pour apprendre ensemble. La manageure de l’équipe explique que cela lui a permis « d’interagir différemment » avec sa collègue malentendante et d’être plus attentive à ses difficultés, tout en sensibilisant le reste de l’équipe aux enjeux de la surdité. Très vite, « nous avons pris l’habitude, entre nous, d’utiliser quelques signes […] pour nous saluer par exemple », indique-t-elle. Cette dynamique inclusive a rejailli positivement sur le climat de travail. « La formation a clairement transformé nos relations », confirme la collaboratrice sourde, soulignant que les séances hebdomadaires sont devenues des moments privilégiés de bonne humeur et de connivence entre participants, peu importe leur fonction dans l’entreprise.
Un autre témoignage marquant provient d’un restaurant de Nouvelle-Aquitaine ayant formé toute son équipe à la LSF. Là aussi, la direction a constaté que la langue des signes est devenue « un véritable ciment de cohésion » soudant le personnel autour d’une culture commune (source : Agefiph, témoignage Ttiki Baci, 2020). En apprenant ensemble à signer, les collègues développent de nouvelles formes de complicité, valorisent l’entraide et brisent la barrière hiérarchique le temps de la formation. Plusieurs spécialistes notent également que ce type d’initiative valorise des compétences transversales (écoute, empathie, patience) qui profitent à l’ensemble du collectif. En résumé, la sensibilisation à la LSF améliore l’ambiance de travail : elle crée un environnement plus ouvert, bienveillant et solidaire, ce qui peut aussi réduire le stress et favoriser la fidélisation des employés sur le long terme.
3. Amélioration de l’accueil de la clientèle en situation de handicap
Former ses employés à la LSF présente un atout majeur pour la relation client, en particulier dans les secteurs en contact avec le public (commerce, santé, services administratifs, etc.). Aujourd’hui, de nombreuses personnes sourdes/malentendantes sont clientes de ces services ; or elles se heurtent souvent à des barrières de communication. Ne pas disposer de personnel signant peut entraîner une expérience client insatisfaisante pour ce public. Lors d’un débat à l’Assemblée nationale, il a été souligné qu’« dans les mairies ou les hôpitaux, aucun agent n’est bilingue français-LSF. Dans ces lieux, il est plus facile d’être un touriste anglophone qu’un citoyen français sourd ». Ce constat de 2019 par un député illustre combien les usagers sourds peuvent se sentir exclus en l’absence d’interlocuteurs capables de signer.
À l’inverse, quelques notions de LSF peuvent faire une grande différence dans la qualité de l’accueil. Même minimale, une formation permet de mieux accueillir un client sourd, ne serait-ce qu’avec un « Bonjour » ou un « Merci » en langue des signes. De grands groupes français l’ont bien compris : Carrefour, par exemple, a lancé en 2021 un plan national de sensibilisation de ses personnels de caisse à la LSF « afin de proposer la meilleure expérience possible à ses clients sourds et malentendants » (Carrefour, 2021). Ce programme vise à enseigner une dizaine de signes de base à des milliers d’employés (bonjour, merci, s’il vous plaît, etc.), complétés par des fiches mémo en magasin. « Quand ça arrive, ça fait du bien. Ce sont des petites attentions qui comptent », témoigne ainsi une cliente sourde équipée d’un implant, à qui un caissier a adressé quelques mots en LSF. Cette démarche simple crée un sentiment de bienvenue et de respect, améliorant l’image de l’enseigne auprès de la communauté sourde.
D’autres enseignes ont poussé l’initiative plus loin : Castorama a mis en place en 2022 un cursus de 30 heures de formation LSF pour ses vendeurs, en partenariat avec un organisme spécialisé (Cohérence). Résultat : en quelques mois, 70 % des magasins disposaient déjà d’un référent formé à la langue des signes, l’objectif étant d’atteindre 100 % des magasins couverts d’ici fin 2022. De même, la grande distribution alimentaire observe le mouvement : par exemple, les employés d’un Super U dans le Loir-et-Cher se sont initiés à 900 mots de LSF en 2021 afin d’être pleinement opérationnels en communication avec la clientèle sourde. Ces exemples montrent que la LSF est un levier d’accessibilité client de plus en plus investi. Pour le public malentendant, pouvoir trouver en magasin un interlocuteur qui signe (ou, a minima, qui comprend les rudiments) est un gain d’autonomie et de confort. Pour l’entreprise, c’est l’assurance d’élargir sa base de clientèle : une personne sourde satisfaite de son accueil aura tendance à revenir et à recommander l’établissement. Enfin, cela contribue à la conformité légale : depuis 2018, la réglementation française impose aux grandes entreprises (CA > 250 M€) de rendre accessibles leurs services d’accueil et de relation client aux personnes sourdes, notamment via des solutions d’interprétariat à distance. Former directement les équipes en LSF s’inscrit donc dans cette logique d’accessibilité universelle et d’anticipation des besoins clients.
4. Bénéfices en matière de RSE, marque employeur et politique handicap
Investir dans la formation LSF de ses collaborateurs constitue une action forte de Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE) et de politique handicap proactive. Cela envoie un signal clair sur les valeurs d’inclusion, d’égalité et de respect portées par l’organisation, ce qui améliore son image externe comme interne. Sur le plan de la marque employeur, être perçu comme une entreprise handi-accueillante et socialement engagée est un atout pour attirer les talents et renforcer la fierté d’appartenance des salariés. De fait, une enquête publiée par Accenture (en partenariat avec Disability:IN et AAPD, 2023) apporte des preuves chiffrées irréfutables que l’inclusion du handicap est payante pour l’entreprise. Les sociétés figurant parmi les plus avancées en matière d’intégration des personnes handicapées ont enregistré, sur cinq ans, 1,6 fois plus de chiffre d’affaires et 2,6 fois plus de bénéfice net que leurs concurrentes du même secteur. Comme le résume Ted Kennedy Jr., ancien président de l’AAPD, l’étude Accenture démontre que « l’inclusion des personnes handicapées accélère réellement les performances des entreprises, la fidélité à la marque et les rendements pour les actionnaires ».
D’autres analyses convergent : un rapport international cité par ComInclusive (Beretta, 2024) indique que les entreprises inclusives présentent en moyenne +28 % de revenus et +30 % de marges par rapport aux autres, selon une précédente étude Accenture. Par ailleurs, le marché des consommateurs handicapés est loin d’être marginal. À l’échelle mondiale, les personnes en situation de handicap, leurs familles et aidants représentent un pouvoir d’achat cumulé estimé à 2 000 milliards de dollars. En France, 15 % de la population est touchée par un handicap – ignorer ces publics, c’est se priver d’opportunités économiques. L’Organisation Internationale du Travail (OIT) estime d’ailleurs que l’exclusion des personnes handicapées du marché du travail peut engendrer un manque à gagner atteignant jusqu’à 7 % du PIB d’un pays. Ainsi, sur le plan macro-économique comme au niveau de l’entreprise, l’inclusion n’est pas qu’une affaire de conformité légale ou d’éthique : c’est un levier de performance et de croissance.

Sur le plan social et managérial, proposer des formations à la LSF s’inscrit pleinement dans une politique handicap volontariste, et vient enrichir la stratégie RSE. Cela favorise le développement d’une culture d’entreprise inclusive. Les bénéfices en interne incluent une augmentation de l’engagement et de la fidélité des collaborateurs (fiers de contribuer à une initiative porteuse de sens), un renforcement du sentiment d’appartenance et une meilleure marque employeur auprès des candidats sensibles à ces valeurs. Comme le souligne ComInclusive, une entreprise socialement engagée a plus de facilité à attirer des talents, à susciter l’innovation, à stimuler la motivation du personnel et à améliorer son image de marque. En d’autres termes, « tout le monde tire avantage d’un lieu de travail inclusif, pas seulement les personnes handicapées ». Les témoignages concordent : chez GSK, la référente handicap voit dans les ateliers LSF « une manière de témoigner de la démarche volontariste de GSK » en faveur de l’emploi et du maintien dans l’emploi des personnes handicapées, quelles que soient leurs difficultés. Cette cohérence entre discours et actions renforce la crédibilité de l’entreprise vis-à-vis des partenaires, des clients et des collaborateurs. En somme, intégrer la LSF dans son plan de formation n’est pas seulement un geste inclusif, c’est un investissement RSE rentable qui contribue à construire une entreprise plus humaine, innovante et performante.
5. Données chiffrées et retours d’expérience d’entreprises engagées
De nombreuses entreprises, de toutes tailles et secteurs, ont partagé des retours d’expérience concrets après avoir mis en place des formations à la langue des signes. Ces exemples offrent des données chiffrées intéressantes sur les modalités et effets de telles démarches :
- Industrie pharmaceutique (GSK Evreux, 2023) – Programme pilote lancé sur un site de 1 000 salariés, afin d’accompagner une collaboratrice devenue malentendante. Une douzaine de volontaires (collègues et managers) ont suivi une initiation à la LSF avec un formateur, 45 minutes par semaine pendant 10 mois. L’originalité tient à la durée et la régularité de la formation (hors temps de travail, sur le déjeuner). D’après la référente handicap, l’initiative a permis de maintenir la salariée concernée dans de bonnes conditions, au-delà des simples aménagements techniques financés par l’entreprise. L’entreprise envisage de reconduire le programme tant les bénéfices humains sont jugés positifs (communication fluidifiée, collègues sensibilisés, meilleure intégration). Ce projet a été soutenu financièrement par l’association de branche HandiEM et documenté par l’Agefiph.
- Restauration (Ttiki Baci, Hendaye, ~2020) – TPE de 6 salariés, dont un cuisinier sourd profond recruté avec l’aide de Cap Emploi. Toute l’équipe, y compris les gérants, a participé à un stage collectif de LSF pour intégrer ce collègue. Des séances de sensibilisation bimensuelles ont été animées par une interface de communication (interprète) en LSF. Malgré la crise sanitaire ayant perturbé l’activité du restaurant, l’initiative a soudé l’équipe autour de ce projet inclusif. La langue des signes est progressivement devenue « le ciment de la cohésion » du personnel (dixit le dirigeant). D’après le témoignage recueilli par l’Agefiph, chacun a pu mesurer les progrès en communication et en esprit d’équipe. Le salarié sourd, quant à lui, a gagné en autonomie et en confiance, se sentant pleinement accepté. Ce retour d’expérience a valu à l’entreprise une mise en lumière lors des Handi-Trophées du Pays Basque en 2021.
- Grande distribution (Carrefour, Castorama – 2021/2022) – Plusieurs grandes enseignes ont généralisé des plans de formation LSF à grande échelle pour le personnel en contact client. Carrefour (env. 100 000 employés en France) a initié fin 2021 une campagne nationale « Oui à nos clients sourds et malentendants », avec diffusion de kits de 10 signes de base à l’ensemble de ses hôtes de caisse. En parallèle, un dispositif d’accompagnement vidéo en LSF a été mis en place pour les services après-vente complexes (via plateforme d’interprètes en ligne). Castorama, de son côté, a choisi une approche plus approfondie : dès 2022, 11 sessions de 30 h d’initiation LSF ont été organisées, permettant de former au moins un employé référent dans 70 % de ses magasins (soit plus de 50 magasins couverts mi-2022), avec l’objectif affiché d’atteindre 100 % des points de vente dotés d’au moins un employé signant d’ici fin 2022. L’entreprise a constaté un impact direct sur la satisfaction de la clientèle sourde et prévoit de maintenir ces sessions pour de nouveaux groupes de salariés (source : Castorama, communiqué 2022). D’autres acteurs, comme Leroy Merlin ou Décathlon, ont également mené des ateliers de sensibilisation LSF ponctuels lors de la Semaine du Handicap, afin de tester l’intérêt avant un déploiement plus large.
- Commerce de proximité (Super U de Selles-sur-Cher, 2021) – Initiative locale notable dans un supermarché de province : le directeur du magasin a encouragé ses employés à suivre sur leur temps libre une formation LSF plus poussée. Résultat, une équipe de caissières et de vendeurs a appris près de 900 mots en langue des signes sur l’année. Ce vocabulaire étendu leur permet désormais d’échanger de façon quasi-conversationnelle avec les clients sourds réguliers du magasin (commande à la boulangerie, conseils en rayon, etc.). Selon le témoignage recueilli par Handicap.fr, l’initiative a été très bien accueillie par la communauté sourde locale, créant une nouvelle clientèle fidèle. Le magasin y voit un retour sur investissement intangible : une meilleure relation client et une fierté partagée par le personnel d’avoir relevé ce défi linguistique. Cette expérience tend à prouver que même en milieu rural, la formation LSF peut répondre à un besoin et apporter un avantage concurrentiel différenciant.
En synthèse, qu’il s’agisse de multinationales ou de PME, les entreprises ayant introduit la formation à la langue des signes constatent des effets positifs concrets : meilleure intégration des salariés sourds, esprit d’équipe renforcé, satisfaction client accrue, sans oublier l’amélioration de leur image responsable. Les données chiffrées (taux de déploiement, nombre d’heures de formation, nombre de salariés/formateurs impliqués, etc.) témoignent du sérieux avec lequel ces démarches sont menées. Signe des temps, ces pratiques ont vocation à se multiplier : soutenues par des organismes comme l’Agefiph ou les Cap Emploi, elles contribuent à construire des entreprises plus inclusives, performantes et humaines, au bénéfice de tous.
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