Zoom sur les enjeux et usages de la formation professionnelle dans la sécurisation des trajectoires d’emploi : des initiatives territoriales aux réformes nationales.
Le Centre d’études de l’emploi (CEE) vient de publier une étude intitulée “Enjeux et usages de la formation professionnelle dans la sécurisation des trajectoires d’emploi : des initiatives territoriales aux réformes nationales” (de Carole Tuchszirer) . Le constat sur l’état de la formation professionnelle y est sombre :
“L’architecture d’ensemble repose donc sur un modèle binaire qui tend à distinguer les actifs selon leur statut de salarié ou de chômeur, un statut pourtant de plus en plus contingent. Telle est encore actuellement la physionomie qu’offre le système français de formation professionnelle, celui d’un modèle éclaté, inégalitaire qui a privilégié le noyau dur du salariat et dont l’évolution est marquée par une multiplication d’acteurs (entreprises, Opca, État, Pôle emploi, Régions) aux interventions faiblement coordonnées dans un contexte qui en appellerait plutôt à l’unité des politiques de formation.”
Toutefois, l’étude souligne les dynamiques de changement qui sont actuellement à l’œuvre pour modifier la trajectoire du système de formation professionnelle. Elle s’attache également à valoriser la façon dont les acteurs publics et sociaux se sont organisés localement pour pallier les défaillances du système afin de répondre aux défis posés par les crises successives de 2002 et 2008 et cela, sans attendre les réformes.
De nouvelles formes de mobilisation sur le terrain de la formation professionnelle
Dès 2000, l’érosion de l’état salarial et la discontinuité croissante des trajectoires professionnelles qui voient se succéder sur un horizon rapproché des épisodes d’emploi, de chômage, d’inactivité conduisent la plupart des acteurs économiques et sociaux à envisager les mécanismes de protection sociale sous un nouvel angle :
“La formation professionnelle apparaît comme un des leviers à mobiliser pour renforcer la qualification des personnes les plus exposées au risque d’un chômage récurrent. Penser la formation tout au long de la vie active, pour reprendre la formule qui a guidé l’ensemble des reformes de la FPC depuis 2003, consistera également à rapprocher les deux mondes de la formation professionnelle : les entreprises et les Opca pour les salariés, les conseils régionaux et Pôle emploi pour les demandeurs d’emploi.”
Plusieurs initiatives de co-construction de parcours d’insertion par des formes de coordination inter institutionnelle, ont vu le jour à partir de 2000 : mise en place d’une plateforme de services multi acteurs ; mise en œuvre d’une conférence des financeurs visant à fournir aux salariés un guichet unique de la formation pour déclencher des actions de formation dans les plus brefs délais (cas Metaleurop).
Il faudra attendre quelques années pour voir émerger le FPSPP géré et piloté par les partenaires sociaux :
“Il voit ses prérogatives s’étendre à de nouveaux champs, puisqu’il entend ré-orienter et redistribuer les flux de la formation professionnelle au bénéfice d’actifs, salariés ou chômeurs, qui en sont le plus souvent exclus.”
Aujourd’hui, le déploiement du CPF confirme l’évolution du système de formation professionnelle vers une certaine forme d’individualisation des droits. Les droits accordés aux salariés tendent de plus en plus à se détacher de l’entreprise pour se rattacher à la personne.
L’espace territorial simple diffuseur des politiques publiques nationale ?
Les initiatives sur les territoires à l’échelle locale ou régionale ont nourri les réflexions pour les réformes en cours, mais vont-elles pouvoir perdurer avec la mise en place d’instances comme le CREFOP et le COPAREF. La question est de savoir si ces instances vont décliner les dispositifs nationaux… mais aussi porter des projets locaux correspondant à des besoins spécifiques à chaque territoire.
L’étude pose ainsi l’alerte sur ce point :
“Le plan 500 000 formations introduit par les pouvoirs publics dans l’urgence de la crise ou bien encore la définition des listes de formation éligibles au CPF constituent deux illustrations possibles du risque qu’il y aurait à rabattre le quadripartisme et le paritarisme régional sur des enjeux purement nationaux, où l’espace territorial ne servirait finalement que de diffuseur des politiques publiques, moyennant bien sûr quelques aménagements locaux pour en optimiser le déploiement. “
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