France Travail 2023 : quelles pistes pour la formation des adultes ?

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Le rapport France Travail 2023 a établi une liste de propositions d’actions pour mener au plein emploi en France. Zoom sur ce que pourrait devenir la formation des adultes en France.

Le choix de France Travail est celui d’une meilleure coopération, accompagnée des clarifications et simplifications qui sont appelées de leurs vœux par une très grande majorité des parties prenantes. C’est aussi un projet visant la mise en place de communs physiques, numériques et méthodologiques qui permettent d’organiser l’action collective au seul service de la lisibilité et de l’efficacité des services pour les personnes et pour les entreprises.

Sur le plan de la formation des adultes, le rapport France Travail préconise :

  • De faire de la formation est un levier majeur pour favoriser le taux de retour à l’emploi des personnes au chômage.
  • Permettre un accès à la formation plus ciblé sur les plus éloignés de l’emploi,
  • Réaliser des achats de formations plus directement dictés par les besoins des employeurs,
  • Constituer des outils communs numériques pour rendre le tout accessible et pilotable.

Chiffres clés de la formation professionnelle en France

Le rapport rappelle quelques chiffres clés sur la formation des adultes en introduction de son propos sur l’effort de formation nécessaire pour atteindre le plein emploi :

  • En 2021, la dépense totale de la formation professionnelle continue et d’apprentissage s’élève à 28,3 milliards d’euros (hors dépenses directes des entreprises et de la fonction publique pour ses propres agents).
  • L’offre de formation compte environ 70 000 organismes, de tailles diverses. Le secteur privé lucratif représente 56,5 % des entrées en formation, le secteur privé non lucratif 22,1 %, le secteur public ou parapublic 14,2 % et les formateurs individuels 7,2 %.
  • En 2019, on dénombrait 28 millions d’entrées en formation. Les salariés en représentaient 63,1 %, les demandeurs d’emploi 7,2 %.

Objectif n°1 : Poursuivre l’investissement massif de l’État aux côtés des Régions dans la formation des demandeurs d’emploi

De 2018 à 2022, le PIC a apporté une contribution essentielle à la formation des plus éloignés de l’emploi, aux besoins en compétences des entreprises, et à la transformation du système de formation professionnelle. Avec le socle de financement des Régions maintenu à son niveau actuel, et un travail sur le ciblage et l’efficience des actions financées, il serait possible de dégager des marges de manœuvre nouvelles à piloter conjointement avec les régions pour répondre aux besoins identifiés localement tout en optimisant la dépense publique.

Pour être opérationnelle et partagée, cette contractualisation devra en particulier :

  • S’appuyer sur un diagnostic partagé par spécialité de formation portant sur les besoins à court et à moyen terme, les débouchés et l’offre de formation existante sans exclusivité, initiale et continue.
  • Etre concertée dans le cadre de l’instance de gouvernance France Travail régionale co-présidée Région-Etat en associant étroitement tous les acteurs concernés à commencer par les partenaires sociaux et les branches professionnelles.
  • Territorialiser les réponses de formation en prenant en compte les remontées de terrain des besoins des comités locaux mais aussi la réponse aux besoins de compétences des projets d’investissement en cours et à venir, des filières de développement économiques prioritaires de la région, des collectivités et des politiques d’insertion des départements, des branches professionnelles et des OPCO.

Les contractualisations régionales des nouveaux Pactes de Formation devront prioriser plus clairement les deux finalités suivantes :

  • L’accessibilité des formations proposées aux publics les plus éloignés de l’emploi : jeunes sans qualification, allocataires du RSA, demandeurs d’emploi de longue durée, seniors, personnes en situation de handicap, personnes réfugiées notamment.
  • Les formations « préalables » à la qualification, qui remettent dans une dynamique d’apprentissage, devraient être particulièrement concernées, que celles-ci soient ou non intégrées dans des formations impliquant un continuum d’apprentissages (savoirs de base, formation qualifiante ou professionnalisante, périodes en entreprise).
  • Les formations aux métiers et emplois les plus en tension de recrutement pour répondre aux enjeux immédiats mais aussi en anticipation des besoins à venir.

Objectif n°2 : Davantage cibler l’effort de formation vers ceux qui en ont le plus besoin

Le taux de demandeurs d’emploi de longue durée en formation, s’il tend à progresser, ne représente encore que 21 % alors qu’il s’agit de près de la moitié des demandeurs d’emploi.

En particulier concernant les publics les plus éloignés de l’emploi, l’accès aux actions portant sur les compétences « préparatoires », c’est-à-dire les savoirs de base, les actions de remobilisation et la préqualification (comptabilisées comme formation), apparaît inégal d’une région à l’autre.

Par ailleurs, un effort particulier sera porté sur la détection de l’illettrisme avec la mise en place d’un repérage systématique très en amont dans le parcours. Dans cette optique, le recours à l’outil EVA, particulièrement pour les publics peu ou pas qualifiés pourrait être progressivement généralisé. Un positionnement systématique sur des modules de formation avec des plages horaires larges, adaptées aux besoins spécifiques devrait aussi être déployé par l’ensemble des organismes chargés de l’accompagnement.
L’objectif est de se donner les moyens de constituer une offre de formation accessible gratuitement à toute personne reconnue en situation d’illettrisme ou d’illectronisme, quel que soit son âge, son statut ou son lieu de résidence.

Objectif n°3 : Déployer plus largement une offre de formation aux compétences socio-comportementales (soft skills) accessibles aux demandeurs d’emploi

Les études des économistes attestent d’un retard caractérisé des actifs français sur ce champ et des impacts en termes de rapport au travail, d’attractivité des emplois et de performance. Il conviendra donc de proposer plus largement aux demandeurs d’emploi une offre sur l’ensemble des soft skills. L’enjeu est de créer et solvabiliser un marché de formations articulées avec les référentiels utilisés par France Travail, compatibles en suite de parcours de prestations existantes (VSI), dans le cadre des parcours d’accompagnements intensifs ou avec d’autres dispositifs de formation (formations avant embauche, par exemple).

Plus globalement, il apparait de plus en plus nécessaire d’enrichir les actions de formation d’accompagnements individualisés permettant, au-delà des apprentissages, de définir les besoins et les capacités, de lever les freins, de développer les compétences et de préparer son retour à l’emploi. Ont ainsi été conçus les programmes récents de l’Afpa comme la Prépa Compétences, la Promo 16-18 ou encore Hope.

Objectif n °4 : Renforcer l’accessibilité des formations à toutes les personnes à la recherche d’un emploi, quel que soit leur statut

  • Faciliter la prescription des formations par les membres du réseau France Travail habilités via l’outil Ouiform.
  • Expérimenter le positionnement par un organisme de formation attributaire d’un marché de l’un de ses stagiaires sur une seconde formation à la suite, en ligne et sur un outil identifié. La validation sera réalisée par les référents France Travail.
  • Rendre plus accessible l’accès à la formation des salariés, inscrits à France Travail, pour que ces personnes disposent d’un accès à la totalité des solutions de formation proposées dans la perspective d’une insertion durable sur le marché du travail.
  • En lien avec l’Agefiph et le FIPH, veiller à développer l’accessibilité de tous les dispositifs de formation de droit commun aux personnes en situation de handicap.

Objectif n°5 : Réduire les obstacles financiers à l’entrée en formation

Les règles de rémunération des stagiaires de la formation professionnelle et les délais de mises en paiement au démarrage constituent aujourd’hui un frein à l’accès à la formation, les conseillers étant généralement dans l’impossibilité de renseigner les bénéficiaires potentiels sur la totalité des aides auxquelles ils pourraient prétendre, ou sur leurs impacts sur les montants des allocations perçues et les

effets finaux en termes de ressources.

Pour réduire cette difficulté, il est proposé à court terme, de mettre au point un commun numérique, Estime formation, permettant aux personnes et à ceux qui les accompagnent d’estimer les effets de leur entrée en formation et de rémunérations associées sur leurs ressources à 6 mois. Cet outil sera testé dans le cadre des expérimentations France Travail en 2023.

Objectif n°6 : Développer des formations et modalités innovantes

Les actions à mettre en œuvre devraient permettre de répondre à certains freins à la mobilité ou autres freins à l’entrée en formation, en capitalisant sur les innovations du plan d’investissement dans les compétences du dernier quinquennat.

Plusieurs leviers pourraient alors être activés :

  • Rendre plus accessible la formation à distance aux demandeurs d’emploi qui n’ont d’autres modalités possibles pour se former (contraintes  organisationnelles, géographiques, de handicap).
  • Favoriser la pédagogie visant à combiner acquisition de compétences et accompagnement social.
  • Financer des tiers-lieux multithématiques pour développer des relations concrètes entre acteurs de l’insertion, de l’emploi et de la formation.

Objectif n° 7 : Développer le recours à la VAE

  • Repérer plus systématiquement les personnes éligibles à la VAE au moment du diagnostic ou durant l’accompagnement (et notamment avant l’entrée en formation) lorsqu’elles ont utilité à accroître leur certification ou niveau de qualification (autodiagnostic à destination des demandeurs d’emploi et des conseillers, suggestions par intelligence artificielle)
  • Faciliter la mobilisation de la VAE en actionnant tous les dispositifs de financement.

Objectif n° 8 : Assurer une meilleure adéquation de l’offre de formation par rapport aux besoins des entreprises et des filières en tension

France Travail devrait permettre de favoriser l’adaptation de l’offre aux besoins du marché du travail par la mise à disposition par l’opérateur de tableaux de bord de pilotage en temps réel et de diagnostics partagés. Elle a aussi l’ambition d’assurer une évaluation systématique des formations à destination des personnes en recherche d’emploi et à développer les périodes en entreprises et la formation en situation de travail (FEST).

Pour atteindre tout ou partie des objectifs fixés, France travail doit mettre en place une gouvernance simplifiée et territorialisée de l’écosystème de l’emploi, de la formation et de l’insertion afin d’agir au plus près du terrain et d’assurer un pilotage aux résultats sur la base d’objectifs partagés. Au coeur du projet : le partage des données, le développement d’un ensemble de services communs et l’adoption de règles collectives pour interconnecter les outils de chacun.

Zoom sur le calendrier prévisionnel

Source : rapport France Travail 2023

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