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Jean Wemaëre Président de la Fédération de la Formation Professionnelle (FFP)

Suite au courrier de la FFP au Ministre du travail à propos de la réforme, Jean Wemaëre prend la parole dans Libération pour parler du CPF, une «réforme mort-née», selon lui. La FFP appelle à«simplifier et encourager l’accès à la formation professionnelle».

Dysfonctionnements

Le premier des dysfonctionnements est d’ordre informatique. Actuellement, près de 25 000 demandes sont bloquées dans la plateforme en ligne administrée par la Caisse des dépôts, en charge de la gestion des demandes.

Il y a un problème de communication entre le site et les organismes paritaires collecteurs agréés (Opca) qui sont censés financer les formations, mais ne reçoivent pas les dossiers… A ce jour, seules 150 demandes ont été acceptées, avec des formations qui devraient commencer dans les prochains jours, car ces dossiers sont passés par voie postale. A l’heure du numérique, on peut mieux faire ! Il y a eu un problème de transition. Le gouvernement a voulu aller très vite, mais le site internet n’était pas prêt. La précipitation a créé des ratés.

Est-ce là le seul souci ?

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Logo de la FFP

Il y a aussi un problème de choix. Les partenaires sociaux, qui valident le catalogue de formations éligibles dans le cadre du CPF, ont tendance à privilégier les formations longues, diplômantes et académiques, au détriment des modules plus courts. Or, les salariés n’ont pas beaucoup d’heures de formation à mobiliser pour le moment [puisque leurs comptes ne seront crédités qu’à partir du 1er janvier 2016, ndlr]. Ils préfèrent donc utiliser leurs droits restants [leur reliquat de DIF, ndlr] pour des formations plus opérationnelles ou portant sur des compétences transversales (renforcement linguistique, informatique, expression orale…). Ces formations courtes doivent donc être privilégiées, d’autant plus qu’un autre dispositif, le congé individuel de formation (CIF), existe déjà pour les modules plus longs.

Le CPF ne doit pas se transformer en CIF ! Pour l’heure, la réforme est un échec pour le gouvernement, pour le président de la République, mais aussi pour les partenaires sociaux.

Les organismes paritaires collecteurs agréés (opca) jouent-ils le jeu de la réforme?

Les organismes collecteurs de chaque branche vivent difficilement la réforme car ils manquent de visibilité sur leur financement. Résultat, ils freinent des quatre fers. Mais ils ne sont pas les seuls. Les entreprises sont aussi dans l’attentisme. Elles veulent y voir plus clair avant de se lancer. Or, elles oublient que l’investissement dans le capital humain via la formation est une source essentielle de compétitivité et de performance qu’il ne faut pas négliger. Les grands comptes l’ont compris, mais les entreprises de taille moyenne restent encore à la traîne.

Et pour finir, les actifs, salariés ou demandeurs d’emploi, sont aussi timides, car ils n’y comprennent rien. Ils sont déçus de ne pas trouver les formations souhaitées et abandonnent. Au bout du compte, la complexité du dispositif a obscurci la réforme. C’est dommage, car le CPF était plutôt une bonne avancée, avec la garantie des droits tout au long de la vie.

Ce cafouillage autour du CPF a-t-il un impact sur les entreprises du secteur de la formation selon Jean Wemaëre ?

Nous sommes clairement en attente de business ! Selon les derniers chiffres de notre observatoire mensuel, la chute moyenne du chiffre d’affaires va de 15% à 20%. Nous avons encore des commandes de l’an passé, mais la baisse pourrait être plus forte dans les prochains mois si rien ne change. Il ne faudrait pas que ces dysfonctionnements finissent par tuer un secteur qui compte plus de 150 000 salariés. Le ministère du Travail en a conscience et nous a assuré qu’il allait sensibiliser sur ces enjeux. Il faut que le gouvernement montre sa volonté politique.

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