Comment lutter contre les stéréotypes dans les formations ?

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Dans son rapport “Evaluation des actions publiques en faveur de la mixité des métiers”, l’IGAENR met notamment en lumière des préconisations en matière de lutte contre les stéréotypes dans les formations.

L’IGAENR, Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche, et l’IGAS Inspection générale des affaires sociales, ont réalisé une évaluation des actions publiques en faveur de la mixité des métiers. Le rapport s’intitule “Evaluation des actions publiques en faveur de la mixité des métiers”.

Peu de métiers sont mixtes : seuls 15,5 % des travailleurs exercent un métier présentant une répartition femmes/hommes équilibrée. Facteur d’égalité professionnelle, la mixité dans les filières de formation et les métiers est pourtant un levier d’amélioration de l’emploi.

Stéréotypes dans les formations

En termes de formation initiale, on constate la persistance de parcours scolaires très différenciés entre filles et garçons. Dans l’enseignement professionnel, la moitié des spécialités ne sont pas mixtes dans le domaine des services, et la mixité est l’exception dans le domaine de la production. A contrario, certaines formations se féminisent rapidement (médecins, juges, par exemple) sans que cela soit le résultat de politiques publiques volontaristes.

Au niveau des branches professionnelles, ce sont les difficultés de recrutement plus que le thème de l’égalité professionnelle qui inspirent le plus souvent les plans d’actions.

Le rapport souligne par ailleurs que :

“En ce qui concerne l’orientation professionnelle des adultes, la mise en place du conseil en évolution professionnelle aurait dû être l’occasion d’intégrer la lutte contre les stéréotypes et la promotion de la mixité dans la formation des conseiller.e.s, notamment de Pôle emploi, des missions locales et des organismes paritaires financeurs du congé individuel de formation (OPACIF). Or, cette dimension a été omise en 2014 dans le cahier des charges de ce nouveau service. Il en est de même pour le plan de formation des demandeurs d’emploi (500 000 formations supplémentaires) lancé en 2015. Enfin les recommandations méthodologiques adoptées en 2016 par le CNEFOP pour l’élaboration concertée des contrats de plan régionaux de développement de la formation et de l’orientation Professionnelles (CPRDFOP) 2016/2022 n’intègrent pas la problématique de la mixité des métiers.”

et poursuit :

” Il n’est pas aisé de disposer d’une vision précise et exhaustive de la mixité dans les actions de formation professionnelle continue.”

Former ou sensibiliser tous les acteurs relais

Parmi les recommandations, l’une porte sur “Former ou sensibiliser tous les acteurs relais au sein des services publics de l’emploi, de l’orientation et de la formation professionnelle continue”.

Au niveau des branches professionnelles, des entreprises ou des établissements de formation, il apparaît nécessaire, pour structurer le pilotage des actions, de fixer des objectifs opérationnels comprenant des cibles chiffrées.

Dans le champ de la formation, deux  indicateurs  pourraient  être  calculés,  représentant respectivement le nombre de jeunes en formation initiale et d’adultes en formation continue qui devraient, en théorie, suivre une autre voie pour que l’ensemble des filières de formation soient mixtes.

Concernant la formation continue :

  • Organiser une journée de formation systématique à l’égalité femmeshommes et à la lutte contre les stéréotypes de sexe pour les personnels d’encadrement, en particulier les recteur.trice.s et les chef.fe.s d’établissements, ainsi que pour les membres des services académiques d’information et d’orientation.
    Cette action pourrait s’étaler sur deux ou trois ans. Les délégué.e.s académiques à la formation professionnelle initiale et continue (DAFPIC) pourraient être mobilisé.e.s pour conduire des actions spécifiques dans l’enseignement professionnel.
  • Intégrer une sensibilisation à la mixité des métiers et à la lutte contre les stéréotypes de sexe dans toutes les formations au nouveau Parcours Avenir proposées  aux enseignant.e.s et personnels d’éducation, afin de les inciter à prendre en compte cette dimension dans leurs pratiques professionnelles, conformément au référentiel, et de leur faire connaitre les outils proposés à cet effet, notamment par l’Onisep.
  • Sensibiliser les responsables et membres des nouveaux « pôles de stage » (y compris les jeunes en service civique) à la mixité des métiers et à la lutte contre les stéréotypes de sexe.
  • Consolider l’offre de formation continue selon les recommandations du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes –en tenant compte de la non obligation de formation continue pour les personnels pédagogiques – en particulier par l’intégration de l’égalité filles‐garçons aux formations disciplinaires et l’organisation de stages à public désigné ;
  • Sensibiliser les fédérations de parents d’élèves à la mixité des métiers et à la lutte contre les stéréotypes.

Au sein des services publics de l’emploi, de l’orientation et de la formation professionnelle continue :

  • Organiser des formations à l’intention des directeur.trice.s des agences de Pôle emploi et des missions locales pour les inciter à intégrer la préoccupation de mixité des emplois dans leurs projets
  • Intégrer des objectifs de mixité dans les métiers dans le référentiel de compétences des conseiller.e.s en évolution professionnelle et dans les formations initiales et continues de ces agents, quelle que soit leur institution d’appartenance (Pôle emploi, Mission locale, APEC, CAP emploi, OPACIF).
  • Intégrer dans les contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens des organismes paritaires collectifs agréés un objectif de formation/sensibilisation de tous leurs cadres et conseiller.e.s à la lutte contre les stéréotypes de sexe et à la communication sur la mixité des formations auprès des chef.fe.s d’entreprise et des organismes de formation ; faire prendre en compte également  cet  objectif  par  d’autres  organismes  en  contact  avec les  entreprises  et  les organismes de formation, tels que les chambres consulaires, le centre Inffo, les CARIF, etc.

Et mobiliser les acteurs économiques

  • S’appuyer sur les chambres consulaires et les organisations professionnelles, mais aussi sur les agences de développement et clubs d’entreprises locaux pour insérer des séquences « mixité » dans le déroulé de formations ou réunions non spécifiques destinées aux chefs d’entreprise
  • Dans le cadre du décret n°2015790 du 30 juin 2015 relatif à la qualité des actions de formation  professionnelle,  prendre  en  compte  dans  le  critère  5 relatif  aux  conditions d’information  du  public  sur  l’offre  de  formation, l’existence  de  supports  et  pratiques d‘information sans stéréotypes de sexe ; à cet effet, le CNEFOP devrait s’assurer que les certifications et les labels « qualité » demandant l’inscription sur la liste publique prévoient bien cette vérification.
  • Intégrer dans les contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens des organismes paritaires collectifs agréés et/ou dans des appels à projets du FPSPP des objectifs de développement de la mixité des formations financées à l’intention des salariés et des demandeurs d’emploi.
  • Dans le cadre de la politique publique de certification professionnelle, faire vérifier par la commission nationale de la certification professionnelle la neutralité des formulations et l’absence de stéréotypes de sexe dans les référentiels d’activités et de certification.

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