Open bar pour le CPF ? Les propositions de Quintet Conseil

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Quintet Conseil, cabinet de conseil en « stratégie sociale, formation et raison d’être », vient de publier une note stratégique mettant en avant sa vision, ses objectifs et ses propositions pour une politique nationale des compétences pour la prochaine décennie :

“Le volet compétences n’est pas un accessoire ou un accélérateur de succès, mais une des conditions de réussite des ambitions posées.”

Et si la solution était d’ouvrir encore plus massivement l’accès à la formation, en incitant les personnes à choisir les formations conduisant aux métiers et compétences nécessaires à la transition énergétique et la réindustrialisation ? Zoom sur les propositions chiffrées de Quintet Conseil sur le CPF, le financement des formations et les compétences clés pour demain.

Ce qui est sûr, c’est que ces propositions sont mûrement réfléchies par ces anciens du Cabinet de l’ex-ministre Muriel Pénicaud, en poste à ses côtés lors du lancement de l’appli MonCompteFormation justement, et plus largement lors du déploiement de la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel ».  Autant vous le dire : la stratégie proposée est argumentée, les actions possibles chiffrées sur plusieurs années, et les freins clairement identifiés.

Quintet conseil - Une politique nationale des compétences pour la prochaine décennie

Financer plus largement le CPF en fonction des formations choisies

Un coup de pouce de l’Etat pour le CPF

Quintet Conseil aspire à une utilisation massive du CPF, avec un engagement encore plus fort de l’Etat quand les formations visées vont dans le sens des besoins des entreprises, nécessaires à la transition énergétique et à la réindustrialisation :

« S’agissant du paiement de la formation, une règle simple serait instaurée : dès lors qu’une personne s’engage dans une reconversion d’intérêt général en utilisant son CPF, l’Etat paie automatiquement la différence éventuelle entre le montant de la formation et le montant figurant sur le compte de la personne. Cette automaticité serait valable aussi bien pour les salariés que les chômeurs.
Si des régions ou des branches professionnelles souhaitent, au nom de l’intérêt général territorial ou sectoriel, ajouter d’autres métiers et formations que ceux identifiés dans le cadre du plan national, elles le pourront évidemment, à la condition de financer automatiquement, selon le même mécanisme que l’Etat, l’abondement du CPF des personnes qui choisiront les formations ajoutées.”

A noter : La pérennité du financement public d’une formation proposée aux demandeurs d’emplois (abondements du CPF, marchés publics pour la formation des chômeurs…) serait conditionnée à un taux d’insertion dans l’emploi supérieur à 50 %. 

Vous l’aurez noté : il existe une double condition pour bénéficier de ce total financement (si le bénéficiaire n’a pas le crédit suffisant sur son CPF). :

  • D’une part, il faut l’adéquation entre la formation visée et les besoins de formation qui seraient validés dans le cadre d’un Plan national ;
  • D’autre part, ce financement ne serait possible que si la capacité à insérer des formations visées est jugée suffisante.

Cette proposition pourrait rencontrer quelques difficultés sur le terrain car elle implique un suivi des apprenants sur plusieurs mois pour mettre à jour les statistiques (Quid de la liberté de l’apprenant de notifier son insertion à un organisme de formation privé ? Quid du suivi administratif chronophage par l’organisme de formation que cela va impliquer ?). Et comment faire pour des formations tertiaires généralistes qui peuvent mener à divers métiers ?

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8 000 à 10 000 euros pour le CPF des jeunes

Quintet Conseil franchit également un autre cap avec le CPF en proposant de l’ouvrir aux jeunes : « Doter financièrement le CPF de tous les jeunes qui ne poursuivent pas leurs études au-delà du bac (8000 euros) »

Voici l’argumentaire de Quintet Conseil sur ce point :

La France ayant besoin, et pour longtemps, d’employés et d’ouvriers, une forte dotation du CPF pourrait permettre aux jeunes qui ne poursuivent pas leurs études au-delà du bac des moyens de reprendre leur formation au cours de leur carrière. La dotation du CPF de chaque jeune concerné d’un montant garantissant le financement d’une formation diplômante permettrait ainsi que les emplois peu qualifiés ne soient plus des pièges à déqualification, mais des tremplins, rendus attractifs par la dotation CPF, vers des emplois qualifiés. On aurait ainsi, peut-être, moins d’emplois non pourvus, et davantage de jeunes entrant plus tôt sur le marché du travail, sans avoir le sentiment d’être déclassés ou enfermés toute leur vie dans des métiers peu attractifs.

Former les Français aux compétences nécessaires pour reconquérir notre souveraineté dans les secteurs stratégiques et réussir notre transition énergétique

  • Proposition 1 : Créer une plateforme de reconversion d’intérêt général
  • Proposition 2 : Abonder le CPF des actifs (salariés ou chômeurs) qui engagent une reconversion d’intérêt général vers les métiers de France 2030 et de la transition énergétique
  • Proposition 3 : Mettre en place un compte épargne temps universel facilitant les reconversions professionnelles
  • Proposition 4 : Rendre automatique l’accès à l’assurance chômage lorsqu’un salarié démissionne pour engager une reconversion d’intérêt général
  • Proposition 5 : Développer les formations qui préparent aux métiers de France 2030 et de la transition énergétique en instaurant un bonus financier pour les organismes de formation et CFA qui les proposent
Quintet conseil - Une politique nationale des compétences pour la prochaine décennie

Diriger les formations initiales et continues sur les besoins en compétences des entreprises

  • Proposition 6 : Dire la vérité aux jeunes et aux familles sur les taux d’insertion dans l’emploi, de réussite, à l’examen et de poursuite d’études de tous les lycées professionnels et CFA de France, pour chaque diplôme préparé, en publiant ces taux sur Parcoursup et Affelnet.
  • Proposition 7 : Fermer les classes de lycée professionnel ou supprimer les financements des sections de CFA qui présentent deux années consécutives un taux d’insertion dans l’emploi inférieur à 50 %.
  • Proposition 8 : Conditionner la pérennité du financement public d’une formation (abondements CPF, marchés publics pour la formation des chômeurs…) à un taux d’insertion dans l’emploi supérieur à 50 %.

Donner à chacun le maximum de liberté professionnelle en garantissant un accès simple à une formation de qualité tout au long de la vie

  • Proposition 9 : Rendre gratuit, à tout âge de la vie, la formation aux compétences de base (lecture, écriture, rédaction, calcul, numérique).
  • Proposition 10 : Créer une assurance accompagnement aidant les personnes qui souhaitent changer d’emploi.
  • Proposition 11 : Ouvrir les formations en apprentissage à tous les actifs, quel que soit l’âge.
  • Proposition 12 : Doter financièrement le CPF de tous les jeunes qui ne poursuivent pas leurs études au-delà du bac (8000 euros).

Comment mettre en place ces propositions en matière de développement des compétences ?

• Identifier les compétences clés nécessaires à la réalisation de trois grands objectifs (transition énergétique, priorités économiques définies par le plan France 2030,reconquête de l’appareil de production).

• Quantifier et, si possible, territorialiser ces compétences.

• Identifier les certifications supports (diplômes, titres, certifications), c’est à dire celles qui correspondent le mieux à ces compétences. Si certaines compétences ne sont pas ou sont mal couvertes, favoriser la création des certifications adéquates.

• Évaluer les capacités actuelles de formation aux certifications demandées (formation initiale et professionnelle).

• Évaluer l’écart entre ces capacités et le besoin en compétences requis par les ambitions posées.

• Bâtir le plan, consistant à résorber progressivement cet écart, sur un horizon de 5 à 10 ans.

Les conditions de la réussite de cette stratégie en matière de formation

« Pour réussir, le plan doit inciter les personnes (jeunes, salariés, demandeurs d’emploi) à choisir les formations conduisant aux métiers et compétences nécessaires à la transition énergétique et la réindustrialisation, et en même temps inciter les acteurs de la formation, initiale et professionnelle, à développer les formations menant aux certifications supports du plan. »

Et vous, que pensez-vous de ces propositions ?
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