La FFP a pondu une lettre alarmiste, avec un résultat peu probant. En tout cas, rien n’a filtré de la réunion privée entre le Ministre et le Président de la FFP, ce qui est dommage. Dans notre beau pays, tout se règle entre personnes de qualité, les autres attendent à l’entrée fournisseurs qu’on veuille bien leur adresser la parole. Le Ministre a simplement décidé de se hâter un peu moins lentement et d’exhorter les OPCA à « faire un peu plus ». Allez les gars!
Mais il faut prendre un peu d’hauteur. On a à la fois massivement fait baisser la collecte avec la fin du 0,9%, privant la formation professionnelle d’un tiers au moins de ses ressources, et dans un tour de passe-passe digne de Houdini, transféré des millions d’heures de DIF qui dormaient dans les comptes des entreprises sur les budgets publics de formation. Cela a satisfait Bruxelles et le MEDEF, mais c’était une bombe à retardement pour les finances publiques.

Avec 31 millions de bénéficiaires potentiels, qui ont maintenant droit à initier les formations de leur choix, le danger était réel d’une explosion en vol du système, par manque de financement. Il fallait trouver une parade, limiter l’accès. Et un peu à dessin, un peu par impréparation, un peu par ignorance, on a crée un entonnoir qui limite massivement l’accès. Et mis beaucoup de rouge à lèvres sur le cochon (formation tout au long de la Vie, portabilité, compte personnel, CEP, etc…). N’empêche, c’est bien un cochon qu’on a vendu à la population.
Lettre de la FFP
L’état est content, car il a atteint ses buts sans que la grogne ne déborde trop et il y a de fortes chances qu’il pourra récupérer les fonds non utilisés en fin d’année, les grands organismes publics et privés ne se plaignent pas trop, car ils attendent que les petits coulent pour récupérer leurs parts de marché, les OPCA et les Partenaires Sociaux se hâtent lentement car le destin de quelques centaines de milliers de formateurs ou de petits entrepreneurs est le cadet de leurs soucis et ils doivent eux aussi se dépêtrer du mistigri que l’Etat leur a refilé, les syndicats représentatifs des indépendants restent cois, sans doute par crainte d’énerver les autorités ou les clients.
En fin d’année, si ça continue comme ça, on va se retrouver avec quelques dizaines de milliers de chômeurs en plus, quelques milliers d’indépendants au RSA, une série de drames privés, personnels, silencieux, pendant que des entrepreneurs voient tout ce qu’ils ont construit tomber en miettes, mais l’omelette sera faite et il fallait bien casser quelques œufs, n’est-ce pas ?
Alors patience Messieurs, Mesdames, Rome ne fut pas construite en un jour tout de même!
Nous avons contacté de nombreuses personnes impliquées dans ce commentaire pour avoir leur vision de la situation. Suivez-nous ici sur Twitter et sur Facebook pour être tenu informé et surtout continuez d’en parler à vos amis journalistes et faites signer la pétition.
Au fond, cela rejoint ce que disait Jean Pierre Willems dans son blog :
willemsconsultants.hautetfort.com/archive/2015/05/05/de-l-art-de-verrouiller-5616391.html
Si cela se vérifiait, ce serait quand même un jeu dangereux par les temps qui courent…
Bonjour,
Je propose que, chaque fois que le Ministère fait la promo du CPF sur Twitter de lui répondre par une critique acerbe, “bien sentie”.
Je note :
“Les syndicats représentatifs des indépendants restent cois, sans doute par crainte d’énerver les autorités ou les clients”…
C’est ahurissant d’entendre cela…D’autant que c’est leur rôle (ils servent à quoi sinon !).
Par ailleurs, je pense quand même que le Gouvernement est aujourd’hui tétanisé, non seulement par l’impossibilité de redresser la barre sur le front du chômage mais également par l’opposition croissante de ses réformes, quel qu’en soit le sujet. Et on sent bien qu’il finira par y avoir une goutte qui fera déborder le vase.
Ici, nous sommes dans une situation très particulière : C’est le pouvoir politique lui-même qui, délibérément, crée une catastrophe économique et sociale. Cela n’a rien à voir avec des situations où c’est son impuissance qui est pointée. D’où l’importance d’une médiatisation, seule propre à “énerver” le politique, ce qui est quand même le but. Si le diagnostic évoqué plus haut, cela voudrait donc dire que le SYCFYI ne fait absolument pas son boulot qui est précisément de “gueuler” et de monter au créneau.
Il est temps que les formateurs indépendants s’unissent et mettent en place des structures leur permettant de vraiment se positionner (par des sortes de coopératives par exemple…) sur le marché en mettant en avant ce qui, vraiment fait leur spécificité : Eux, peuvent garantir au mieux une véritable qualité et des formations sur mesure.
Le climat de résignation actuel me met hors de moi !
Un document intéressant (en pdf) de Jean-Pierre Willems.
Il expose, ce qui, à son avis devrait être fait.
Cela étant, on n’est pas obligé d’être d’accord…
Bonjour,
Je ne connais pas le SYCFI, en tout cas pas de l’intérieur. Tout au plus, vais-je de temps en temps sur leur site internet, où effectivement, je suis, comme vous, assez frappé par un contenu et un ton guère “alarmiste”.
Mais, comme je le dis, j’ai bien conscience qu’il ne s’agit que d’une vitrine et je ne sais pas du tout ce qui se passe au sein même de l’organisation.
Cela étant dit, je suis assez d’accord avec vous sur le fait que la situation est assez particulière pour la raison que vous évoquez. Reste que la formation professionnelle n’est guère mobilisatrice de manière générale.
Pour ce qui est de l’union des formateurs indépendants (auto-entrepreneurs, micro-sociétés etc…), il y a eu quelques tentatives en ce sens (j’ai même participé à l’une d’elle) mais elles échouent, du moins pour le moment. Peut-être que sous la pression de la nécessité.
Les formateurs indépendants ont souvent une spécificité, celle d’intervenir sur des niches très spécialisées. Bref, ils ne font pas tous des langues ou de la bureautique…C’est souvent à cause de cela qu’ils peuvent proposer de l’artisanat et du “sur-mesure” de qualité. Le problème, c’est leur isolement…L’idée de la “coopérative” : bref, une structure qui privilégierait l’intérêt commun (aspects commerciaux, organisationnels…) et l’indépendance de chacun. A la limite, si la structure est suffisamment importante, peut-être serait-il possible de créer et de proposer leurs propres certifications. C’est manifestement un possibilité à laquelle il faudrait réfléchir.