« Formez-vous » et « formez vos salariés » pourraient être des injonctions salutaires dans la période de crise traversée actuellement. Zoom sur les principaux enseignements de l’étude menée par l’Institut Sapiens sur la formation professionnelle comme levier de croissance.
Et si se former était facteur de croissance ? D’un côté la personne formée gagne en compétences, de l’autre son entreprise bénéficie de salariés formés au service de son développement et de son innovation. Le tout dans une boucle vertueuse où l’économie générale tire également profit de cette formation en contribuant à la reprise d’activité du pays.
L’Institut Sapiens est la première « think tech » française. Organisme indépendant à but non lucratif, sa vocation est de peser sur le débat économique et social français par la diffusion de ses idées. Dans une étude parue début octobre 2020, il met en lumière le lien entre formation et levier de croissance :
« A l’heure ou la France cherche des leviers de reprise économique en raison du marasme provoqué par la crise Covid, inciter les entreprises et les organisations à développer les compétences des salariés par de la formation intégrée, pour gagner en qualité, productivité et créativité/ innovation serait donc un levier offensif puissant de reprise. »
La formation, créatrice de valeur ajoutée
L’Institut Sapiens distingue deux types de formation :
- La formation intégrée aux situations concrètes de travail qui développe des compétences stratégiques chez les salariés, c’est-à-dire utiles pour gagner en qualité, productivité et créativité. La formation intégrée permet de mieux réaliser les activités présentes ainsi que les activités nouvelles en développement.
- La formation désintégrée, pas ou peu connectée aux situations de travail, que le salarié ne mettra pas directement en œuvre ou bien très indirectement. Soit parce que cette formation a été mal appréciée dans son choix, soit parce qu’il s’agit de formation de confort individuel sans lien avec la stratégie de l’entreprise.
Les auteurs de cette étude de l’Institut Sapiens estiment que les coûts cachés, ou pertes de valeur ajoutée, provoqués par l’inadéquation entre la formation et les emplois, actuels et prévisionnels, s’expriment notamment en surtemps de réalisation des activités, en sous productivité et en pertes d’opportunités commerciales par manque de compétences et en défauts de créativité et d’innovation pour développer de nouveaux produits-services :
« En extrapolant ces recherches à la population active française qui, en temps normal, s’établit autour de 27 millions de personnes, les coûts des défauts de formation représenteraient ainsi en France une perte de valeur ajoutée annuelle de l’ordre de 94,5 milliards, soit 3,7 points de PIB. Le levier de la formation intégrée représenterait donc un gisement conséquent de valeur ajoutée s’il était mieux exploité, probablement de plus de 90 milliards d’euros pour l’économie française. »
Et si on valorisait l’investissement en formation intégrée au bilan des entreprises ?
Pour inciter les entreprises à investir dans des formations intégrées pour leurs salariés, l’Institut préconise :
« de comptabiliser en investissements, sur option de l’entreprise, les frais de formation intégrée c’est-à-dire les frais de formation dont la rentabilité et la contrôlabilité seraient documentées, au-delà des seuls dépenses de formation réalisées par un prestataire externe rattachées directement à des immobilisations. »
Les auteurs de l’étude évoquent une durée d’amortissement raisonnable pour ce type d’investissement de l’ordre de trois ans. Pour eux, la rentabilité et la contrôlabilité des investissements en formation pourraient être facilement documentées pendant leur durée d’amortissement, par des mesures des gains qu’elles engendrent et de la rotation du personnel.
La montée en compétences est souvent, au-delà de son coût direct, plus un investissement qu’une charge, ce qui n’est pas toujours perçu. Quand une entreprise investit sur la santé au travail, sa productivité augmente. La formation est un vrai levier de compétitivité.
Et de conclure :
« La formation professionnelle est bien l’un des enjeux majeurs de la relance du pays. Il faut qu’elle soit valorisée dans l’activité des entreprises et qu’elle devienne un enjeu partagé. Portée par des organismes divers et performants, la formation professionnelle est un levier de croissance qui crée de la valeur pour le monde économique au sens large mais aussi pour la société dans son ensemble. Elle est véritablement incontournable pour concilier reprise économique et progrès social, réussite collective de nos entreprises et individuelle de chacun des actifs et des demandeurs d’emplois. »
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