Qu’attendez-vous des Présidentielles en matière de formation pro ? La réponse de la CFDT

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Yvan Ricordeau, Secrétaire nationale de la CFDT nous fait part des attentes de la Confédération française démocratique du travail en matière de formation professionnelle. Il a bien voulu répondre à nos questions sur les champs prioritaires à mener pour la formation continue.

Sur quels sujets liés à la formation professionnelle la CFDT souhaite-t-elle voir débattre les candidats aux élections présidentielles ? 

La CFDT attend des candidats à la présidence de la République qu’ils intègrent la question de la formation professionnelle dans une réponse globale aux grands défis de la société. L’investissement dans les compétences doit être partie intégrante de l’investissement citoyen vers plus de justice sociale et de l’investissement stratégique autour des mutations du travail et de nos modèles de développement face à la transition numérique et à l’exigence climatique.

Les questions d’orientation éclairée des jeunes et des adultes et de leur accompagnement global, c’est-à-dire qui ne se limite pas aux questions formatives, sont également au cœur d’une vision où les travailleurs sont considérés comme des citoyens et non pas uniquement comme une main d’œuvre.

Quels sont pour la CFDT les chantiers prioritaires à mener en matière de formation des adultes ?

La réforme de l’apprentissage est aujourd’hui un succès, qu’il faut désormais mieux piloter. La gestion du « petit risque » d’obsolescence des compétences s’organise autour du CPF, même s’il reste très perfectible.

Là où des réponses doivent être construites, c’est la gestion du « grand risque » d’obsolescence des compétences autour des transitions professionnelles, avec des problématiques de financement mais surtout de dynamiques d’acteurs et d’accompagnement, au plus près des territoires. Il s’agit donc d’approfondir le Conseil en évolution professionnelle des actifs. Il faudra aussi probablement inventer son pendant pour les entreprises, notamment les TPE et PME.

Choix individuel à se former ou plan de développement des compétences dans l’entreprise / l’administration. Quelle impulsion souhaitez-vous voir se développer dans les années à venir ?

L’enjeu pour la CFDT est justement d’articuler les deux logiques ! La mobilisation du collectif au service des droits de tous et de l’émancipation de chacun est au cœur de notre projet syndical.

La CFDT revendique un approfondissement du dialogue social, non pas seulement sur la formation, mais sur un alignement entre la stratégie de l’entreprise et ses transformations, sa gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP), ses pratiques RH en termes d’entretiens professionnels et d’analyse des besoins et son investissement dans les compétences.

La formation n’est qu’un moyen : ce qui est déterminant, c’est que ses orientations se définissent dans un dialogue économique, écologique et social assumé.

Le Medef évoque une codécision pour le CPF, entre l’individu et son employeur. Qu’en pensez-vous ?

Le CPF est un droit attaché à la personne et non au contrat de travail. Chaque travailleur doit donc pouvoir en disposer de manière autonome. En revanche, l’exercice de ce droit peut être abondé par l’entreprise. C’est ce co-investissement qui fonde la possibilité d’une codécision négociée. C’est l’objet de la proposition CFDT d’un vademecum paritaire qui donne une impulsion partagée à ce nécessaire dialogue social.

En quoi le CPF vous semble (ou non) un dispositif pertinent pour développer les compétences de chacun et augmenter l’employabilité tout au long de sa carrière ?

La réussite du CPF, à travers notamment son application, est d’en avoir favorisé l’appropriation du plus grand nombre. Le lien avec le CEP est désormais organisé par géolocalisation. Mais il faut aller plus loin car, aujourd’hui, la contribution du CPF à la sécurisation des parcours et à l’accès à la qualification professionnelle est discutable. Cela reste donc un enjeu que porte la CFDT.

Qu’attendez-vous des Présidentielles en matière de formation pro ?

La loi de 2018 a été une réforme des opérateurs et des circuits financiers. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est de mettre en débat une vision stratégique à décliner de manière décentralisée. On ne construira pas la société des compétences sans la mobilisation de l’ensemble des acteurs. La construction et l’animation de cette mobilisation collective quadripartite est en soi un enjeu !

Propos recueillis par Sandrine Damie – Mars 2022.

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