Michel Beaugas, Secrétaire confédéral Force Ouvrière, Secteur de l’Emploi et des Retraites, a accepté de répondre à cpf formation sur les attentes de Force Ouvrière en matière de formation professionnelle. On fait le point avec lui sur la question à quelques semaines des élections présidentielles 2022.
Sur quels sujets liés à la formation professionnelle Force Ouvrière souhaite voir débattre les candidats aux élections présidentielles ?
Son financement et sa pérennité ! Aujourd’hui, le déficit de France Compétences est prévu à près de 4 milliards d’euros ; cela n’est pas tenable. Il faut que l’état prenne en charge une grande partie du financement de l’apprentissage (et de l’alternance) qui est de la formation initiale donc de son ressort, que cela soit pour les diplômes infra-bac ou pour le supérieur.
L’alternance post-bac représente aujourd’hui plus de 60 % des contrats. Ce n’est pas à la formation professionnelle continue des salariés de payer… et tout cela doit se faire en préservant et finançant une filière professionnelle interne avec les lycées professionnels. Il est important de rappeler que l’ensemble des jeunes n’est pas disposé à passer par l’apprentissage.
Quels sont pour Force Ouvrière les chantiers prioritaires à mener en matière de formation des adultes ?
Pour Force Ouvrière, le financement encore et toujours est au cœur des chantiers prioritaires quand on parle de formation des adultes. Il nous semble à FO que c’est une erreur d’avoir renvoyé ce dossier au mois de juin 2022 soit après les élections présidentielles et législatives aussi bien dans les discussions paritaires ou avec le ministère du travail.
Choix individuel à se former ou plan de développement des compétences dans l’entreprise. Quelle impulsion Force Ouvrière souhaite voir se développer dans les années à venir ?
Il nous semble que le plan de développement des compétences dans l’entreprise devrait être négocier afin que celui-ci soit bien appréhendé et par les entreprises et les salariés. Cela permettrait d’avoir des accords avec des visions à court et moyen termes mais également sur le long terme. Et là on pourrait intégrer la co-construction des parcours de formation des salariés, avec éventuellement des dispositifs de transition professionnelles ou l’apport, sur la base du volontariat d’un co-financement.
Le Medef évoque une codécision pour le CPF, entre l’individu et son employeur. Qu’en pensez-vous ?
Le service Mon Compte de Formation est un droit personnel garanti collectivement. La question de la codécision ne se pose pas aujourd’hui en ces termes.
Quand en 2014 à la demande des OP la participation employeur est passée de 1,6 % à 1 % de la masse salariale, il y avait un engagement de continuer une contribution interne de formation, promesse non tenue.
Il n’est pas question pour nous de laisser filer le CPF à la main des entreprises. Une discussion peut s’engager à condition qu’il y ait une augmentation de la contribution financière des entreprises.
En quoi le CPF vous semble (ou non) un dispositif pertinent pour développer les compétences de chacun et augmenter l’employabilité tout au long de sa carrière ?
Le CPF peut être une vraie opportunité que s’il est lié avec le Conseil en évolution professionnel (CEP) afin que les salariés puissent choisir leur formation de manière éclairée.
La bonne utilisation du CPF combinée avec le PDC négocié permet une vision à long terme des formations nécessaires, qui permettra une évolution constante des compétences (qualifiantes et certifiantes) du salarié permettant son « employabilité » (mot que je n’aime pas beaucoup). L’entretien professionnel peut aussi être une opportunité pour l’entreprise d’échanger avec les salariés sur leurs attentes en la matière.
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