Dans le rapport France Travail 2023, l’un des axes développés est d’assurer une meilleure adéquation de l’offre de formation avec les besoins des entreprises et des filières en tension.
Voici le constat fait dans le rapport : les formations financées ne répondent qu’imparfaitement aux tensions sur le marché du travail et plus largement aux besoins des entreprises :
- En matière de rapidité et de réactivité de la mise en place des formations : le temps passé entre la décision d’entrer en formation et l’entrée effective est inférieur à 3 mois dans 80 % des cas et dépasse les 6 mois dans 10 % des cas.
- Pour les formations avant embauche : leur part reste relativement faible (9 à 11 % du total des entrées en formation selon les années) alors qu’elles constituent un accélérateur marqué du retour à l’emploi (les retours à l’emploi à 3 ans sont supérieurs de 25 points à la moyenne toutes formations confondues).
Comment assurer une meilleure adéquation de l’offre de formation par rapport aux besoins des entreprises et des filières en tension ? Il semble indispensable de poursuivre et d’accroitre encore l’adaptation de l’offre de formation, en faisant de la réponse aux tensions de recrutement un axe à part entière du nouveau plan de formation qui succédera au Plan d’Investissement dans les Compétences.
Piste 1 : mise à disposition par l’opérateur de tableaux de bord de pilotage en temps réel et de diagnostics partagés
L’opérateur France Travail devra éclairer davantage les décisions de l’Etat et des régions en partageant des données plus complètes, contemporaines et détaillées :
- sur les besoins identifiés des entreprises en matière de formation (bassin d’emploi par bassin d’emploi et filière par filière),
- grâce aux partages de la donnée de l’ensemble des acteurs du réseau, la constitution de tableaux de bord adaptés aux spécificités des acteurs, des échelons et des territoires,
- et enfin aux travaux de diagnostics des besoins effectués au niveau des bassins d’emploi au sein du Comité France Travail local.
À noter : les formations seront priorisées conjointement dans le cadre de la gouvernance France Travail sur les métiers en tension / métiers prioritaires au regard des politiques de développement économique régionales, avec une meilleure articulation entre les différents financeurs
Piste 2 : assurer une évaluation systématique des formations à destination des personnes en recherche d’emploi
Le taux de retour à l’emploi six mois après la fin d’une formation reste perfectible (57 % en 2021 pour les demandeurs d’emploi), et souligne la nécessité de s’assurer que les formations financées correspondent effectivement aux besoins de l’économie.
Dans cette optique, les programmes de formation devront, sur la base d’une définition claire de leurs objectifs, intégrer des indicateurs d’impact :
- Ces indicateurs devront systématiquement associer au suivi du taux de retour à l’emploi le niveau de qualification des bénéficiaires des formations, et être complétés le cas échéant d’autres dimensions essentielles.
- Les résultats devraient être discutés dans le cadre des gouvernances nationale et régionale de France Travail, afin de prendre en compte l’accessibilité des formations à tous les publics, d’en objectiver l’efficacité et d’en réorienter les priorités si nécessaire.
Piste 3 : financer au minimum 50 000 parcours supplémentaires POE par an
Les préparations opérationnelles à l’emploi (POE), individuelles ou collectives, sont des formations courtes (dont la durée est inférieure à 400 heures aujourd’hui) permettant l’acquisition de compétences visant un emploi identifié, donc par nature efficaces en termes de taux de retour à l’emploi, surtout dans le contexte de tensions de recrutement ou de rapprochement du plein emploi.
Le rapport préconise de massifier l’accès des entreprises aux POE en fusionnant les dispositifs juridiques, en simplifiant les circuits opérationnels existants et en finançant 50 000 parcours supplémentaires minimum par an en coordination plus étroite avec les Pactes régionaux.
Cette nouvelle POE sera financée et mise en œuvre par l’opérateur France Travail, et articulée à la contractualisation avec les régions afin de donner de la visibilité à l’ensemble des acteurs de l’écosystème. Le rôle de tiers de confiance des OPCO pour l’accès à la nouvelle POE serait renforcé pour en faire bénéficier les entreprises qu’ils accompagnement.
Piste 4 : développer les périodes en entreprises et la formation en situation de travail (FEST)
L’apprentissage est amélioré et renforcé lorsqu’il se déroule pour partie au moins sur le lieu de production et en situation de travail. La transformation de la formation en emploi est sécurisée lorsque le stagiaire a été tôt au sein de l’entreprise. Afin d’améliorer le caractère professionnalisant des formations mais aussi d’être plus réactif face aux besoins concrets des entreprises, il paraît nécessaire de développer les parcours de montée en compétences multimodaux totalement individualisés qui intègrent le stagiaire au sein des équipes de l’entreprise dans le cadre d’une situation de travail « coachée » et complétée par d’autres modes de formation (digital, formation classique, serious game, etc.) quand cela est nécessaire.
Trois facteurs de réussite :
- Développer le réflexe des conseillers, des branches professionnelles et des entreprises à mobiliser les solutions FEST,
- Développer un réseau d’entreprises volontaires pour former en situation de travail,
- Développer un réseau « d’accompagnateurs » pour favoriser le dialogue employés/employeurs pour éviter des ruptures trop rapides.
Piste 5 : unifier l’offre de formation
Enfin, simplifier l’accès des usagers à une information fiable et pertinente par un catalogue unifié de l’offre de formation devrait contribuer à rendre l’offre de formation plus visible et compréhensible de tous. La mise en place d’un catalogue unique des formations, techniquement à la charge de la Caisse des dépôts pourrait permettre la consolidation de l’offre de formation initiale portée par l’ONISEP, de l’offre d’apprentissage, de l’offre de formation préfinancée par les régions (collectée par le réseau des CARIF-OREF) et par Pôle emploi, de l’offre de formation non certifiante non conventionnée et de l’offre de formation certifiante éligible au CPF.
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