Suite à la conférence de la FFP qui vient s’achever (jeudi 18 juin) qui portait sur l’investissement dans les compétences pour relancer l’économie. Retrouvez ci-dessous l’étude d’Asterès, le cabinet de Nicolas Bouzou essayiste français.
Sortir de la crise économique : former les salariés dans les entreprises
- Former les actifs français est une nécessité structurelle,
- Les entreprises de taille moyenne ne sont plus incitées à former leurs salariés,
- La crise du Covid-19 devrait affecter la formation des salariés en entreprise,
- La formation continue doit améliorer la productivité des entreprises pendant et après la crise.
La crise du Covid-19 renforce l’urgence à former les salariés en poste. L’économie française souffre structurellement de la faiblesse des compétences de base des actifs, de leur obsolescence et d’un décalage entre les compétences des salariés et leur emploi. En temps « normal » la formation constitue donc un élément clef de la compétitivité des entreprises françaises. A l’heure actuelle, la crise économique conséquente à la crise sanitaire du Covid-19 renforce encore l’intérêt de la formation. En particulier pour les entreprises ayant entre 50 et 250 salariés, devenues le parent pauvre des politiques publiques et paritaires de formation depuis la dernière réforme.
Ces entreprises, pourtant motrices de la création de valeur dans les territoires, contribuent à hauteur de 1,7 milliards € à la formation dans le système de mutualisation actuel et ne peuvent bénéficier que de 490 millions € d’aides en retour. Pour continuer à former les salariés et ainsi améliorer la compétitivité des entreprises pendant et après la crise, il convient de donner toute leur puissance à deux mécanismes existants : étendre le FNE Formation à l’ensemble des salariés des entreprises ayant entre 50 et 250 salariés et favoriser l’abondement du Compte Personnel de Formation par l’entreprise comme par le salarié.
La hausse future du chômage : former les demandeurs d’emploi et les actifs peu qualifiés
- Former les publics fragiles constitue une priorité économique et sociale,
- La crise économique commande de mettre fin aux emplois non-pourvus via la formation,
- La formation continue doit gagner en efficacité pour protéger les jeunes, les actifs fragiles et les demandeurs d’emplois.
La formation continue constitue un outil clef pour soutenir les actifs ayant le plus de difficultés sur le marché du travail, en particulier les demandeurs d’emplois peu diplômés, les jeunes décrocheurs et les actifs précaires. Les compétences participent ainsi des politiques de solidarité, notamment via le Plan d’Investissement dans les Compétences. La crise économique conséquente au Covid-19 va encore renforcer les difficultés des publics fragiles et la formation de ces publics doit donc gagner en efficacité.
En outre, la crise économique qui s’annonce rend impératif de trouver de la main d’œuvre pour les emplois non pourvus, ce qui créerait une valeur de 4,3 Mds € pour les ménages et les entreprises. Pour cela, la politique de formation pourrait être partiellement décentralisée et menée en partie par les entreprises elles-mêmes et les collectivités locales. Afin de protéger les actifs vulnérables, il convient de relever l’éligibilité aux fonds du PIC, d’étendre le mécanisme des POEC aux actifs dont l’emploi est menacé, de réorienter une partie des fonds du PIC vers les CPF des actifs les moins diplômés et de sauver l’alternance.
Le monde d’après : investir dans une économie digitalisée, décarbonée et industrielle via les compétences
- La relance de l’économie passe par l’investissement dans les compétences numériques,
- Les politiques de relocalisation doivent disposer d’un volet formation,
- L’accélération de la transition écologique nécessite de développer les compétences,
- Les entreprises de formation doivent se moderniser et investir.
La crise sanitaire et économique a mis en lumière des faiblesses économiques et sociales, en particulier dans le champ des compétences numériques et dans le tissu industriel français.
En s’inscrivant dans l’initiative franco-allemande pour une relance européenne et dans les orientations données par le gouvernement pour une relance française, les compétences ont un rôle à jouer dans la transition numérique, écologique et dans la politique de renouveau industriel. En particulier, les politiques publiques de sortie de crise pourraient viser à réduire la fracture numérique et à soutenir les soft-skills numériques des Français.
Si une politique de relocalisation est menée, le volet compétence sera clef pour assurer sa réussite et la future compétitivité de l’industrie française. Enfin, le développement des compétences dans un monde post-Covid-19 nécessitera d’importantes innovations de la part des entreprises de formation. Il convient donc de préserver l’offre de formation au cours de la crise puis de lancer une dynamique de filière pour inciter les entreprises à investir et à innover.
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