Consultants et formateurs indépendants : un avenir entre craintes et opportunités !
A l’occasion de la publication de décrets d’application de la loi pour « la liberté de choisir son avenir professionnel », Martine Guérin, Présidente du Sycfi, (qui succède à Philippe CUSSON) de Syndicat des consultants-formateurs indépendants, fait le point sur l’avenir des formateurs indépendants pour CPFormation.
Quelle est la part des indépendants dans le métier de formateur ?
En France, on dénombre 75 000 organismes de formation dont 50 000 indépendants répertoriés. A ces chiffres, s’ajoutent les formateurs en portage salarial, les accompagnateurs de VAE, les coachs pour ceux qui n’avaient pas encore un statut de formateur, maintenant concernés par la nouvelle définition de l’acte de formation et qui seront aussi dans l’obligation de se certifier.
Du côté de l’auto-entreprenariat, les activités d’enseignements sous ce régime génèrent 418 millions de chiffre d’affaires et représentaient fin 2018, 36 000 personnes. Soit un chiffre d’affaire annuel moyen de 11 611 euros.
En quoi la Loi va faire évoluer le métier de formateur pour les indépendants ?
La Loi redéfinit la formation. L’action de formation doit permettre « l’atteinte d’un objectif professionnel » ce qui exclut les actions non professionnalisantes qui entraient jusqu’à présent dans le spectre de la formation, et qui pourront se maintenir dans une dynamique autonome.
Avant, nous avions un découpage clair entre les activités d’un formateur, d’un coach ou d’un conseiller en bilan de compétences. Chacun était reconnu dans sa spécialité. Demain, le métier va regrouper les différentes approches sous le terme d’« opérateur d’action concourant au développement de compétences ».
L’action de formation va s’inscrire vraiment dans des parcours individualisés. Cela change la façon de chaque formateur à se positionner sur le marché. Dans le référentiel national qualité, le diagnostic des besoins avec une formalisation d’objectifs de formation devient obligatoire. Il fait partie intégrante de la prestation. Cela implique donc que tout formateur prévoit désormais cette prestation dans son offre alors que jusqu’à présent, les formateurs pouvaient répondre à une demande précise de formation sans faire d’analyse de besoin et de conseil préalable.
Au final, les limites entre les spécificités des formateurs deviennent plus floues, et uniformisent l’approche. Les formateurs indépendants vont aussi devoir moins travailler moins en solo, mais être en mesure de répondre, par exemple à un appel d’offres, en binôme / trinôme pour couvrir la palette des besoins (accompagnement de projets, coaching, formations classiques, etc.). Les projets et offres de prestations seront plus collectifs qu’aujourd’hui.
Quelles nouvelles opportunités s’ouvrent aux formateurs indépendants avec cette réforme de la formation professionnelle ?
Le conseil en gestion et en développement des compétences va être l’une des clés de l’accroissement d’activités des consultants-formateurs indépendants. Encore faut-il s’en saisir, le faire savoir et le vendre ! Les Opco vont aider les TPE à faire ce travail mais ne pourront pas faire face seuls à l’afflux de demandes. C’est là que les consultants-formateurs indépendants apporteront toute leur plus-value et donc toute leur chance de décrocher des contrats.
La loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel impose désormais une certification obligatoire pour les organismes de formation. En quoi cela impactera le secteur de la formation ?
La Fnae (fédération des auto-entrepreneurs) et le Sycfi (Syndicat des consultants-formateurs indépendants) se sont inquiétés des décrets d’application à venir concernant la réforme de la formation professionnelle. En effet, la loi pour “la liberté de choisir son avenir professionnel” prévoit une certification obligatoire pour les organismes de formation – sans prendre en compte les différents statuts – ce qui comporte le risque de mettre en péril le métier de formateur indépendant
Dans ce contexte, nous craignions que la certification soit trop lourde à supporter en termes de trésorerie pour les formateurs indépendants, qui doivent par ailleurs assumer des investissements liés à la digitalisation pédagogique et au packaging de leurs prestations ; contraintes prévues par la loi.
Le coût d’une certification, la réalisation des audits initiaux comme des audits de renouvellement, le délai pour obtenir cette certification sont autant de points de vigilance pour nous.
Le 15 mars dernier, vous avez finalement été reçu au ministre du Travail pour évoquer la certification des formateurs. Qu’est-il ressorti de vos échanges ?
Nos échanges avec les collaborateurs de la DGEFP ont permis d’éclaircir la situation, et de nous rassurer sur le coût et la mise en oeuvre de la certification.
Les formateurs déjà certifiés « qualité » auront un audit initial de 1/2 journée (contre 1 jour pour une nouvelle demande). Les tarifs seront fonction du chiffre d’affaires.
La certification sera obligatoire pour tout formateur répondant à des dispositifs de formations dispensées sur fonds publics.
A noter : le nombre d’audits à réaliser sera énorme avec déjà 50 000 audits à faire avant le 1er janvier 2021 pour les 50 000 CFI existants déjà. Les certificateurs devront se faire auditer également par le COFRAC afin de pouvoir être accrédités pour faire leurs audits !
Ensuite, tous les 3 ans, il faudra faire un renouvellement de l’audit, avec contrôle sur pièces.
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