Réforme de la formation > Témoignage d’une responsable de formation sur l’année de transition

Il ne se passe plus une journée sans qu’une personne ne témoigne de la situation complexe que traverse le marché de la formation en France sur notre forum. Le témoignage de Mme Nathalie R qui commentait la page “Dictionnaire du CPF” est très détaillé. Il ne reflète que son cas personnel mais est intéressant car il est assez rare que les responsable formations prennent la parole.

Qu’en pensez-vous ?

Budget insuffisant de certains Opcas – Prise en charge 15€/H pour une formation

Bonjour, j’aimerais savoir dans quelle mesure les salariés peuvent se voir refuser une demande de formation de 60h voire parfois de 160h, au mois de décembre 2018 faute de budget de l’OPCA.

Certains Opcas demandent aux salariés, de refaire une demande fin janvier ou mi-février 2019 (dans l’attente d’avoir plus d’informations sur les modalités de prise en charge… à l’approche du 1er avril).

En conséquence, les salariés se trouvent pénalisés à 2 niveaux : dates reportées, formation obligatoirement retardée de plusieurs semaines, et se trouvent également pénalisés d’un point de vue financier, recevant en fin de compte, une simple prise en charge minime de 15€/h.

Les Opcas disent, par la suite, être en attente des nouvelles dispositions à venir à partir du 01/04 car les conditions de prise en charge seront bien plus importantes et l’Opca dit de toute façon, réajuster le montant de prise en charge en fonction des nouvelles disposition dès le 1er avril, mais finalement il n’en est rien.

Les informations données au téléphone, divergent selon les agents des Opcas.

On entend souvent dire que le montant de prise en charge sera revu en fonction des nouvelles dispositions du 1er avril, puis d’autres versions selon lesquelles, ils ne pensent pas pouvoir revenir sur les montants.

Les salariés sont déconcertés de voir un tel dysfonctionnement et le manque de considération à leur égard qui ont vraiment besoin de formation et doivent obligatoirement essayer de trouver des financements ailleurs afin de pouvoir régler un reste à charge souvent important et se voient également lésés par rapport aux stagiaires jusqu’à 2018, ayant “eu l’opportunité de faire des formations” dans de bonnes conditions avec une prise en charge à la hauteur des coûts, dans la plupart des cas.

La plupart des futurs stagiaires disent pour la plupart ne pas être en mesure de faire des formations faute de moyens.

On peut se demander, si ces nouvelles dispositions ne vont pas progressivement démotiver certains salariés dans l’impossibilité de se former, s’agissant des salariés pour des formations “hors temps de travail”.

Il est à noter que les salariés ayant d’importantes responsabilités au sein d’une entreprise ne peuvent pas être en formation pendant quelques semaines voire quelques mois à dates fixes, et se voient donc “obligés” de faire cette formation en dehors de leur travail évitant ainsi d’entraver leur emploi du temps.

Les salarié s’en trouvent vraiment très affectés par le fait qu’ils perdent une très grande partie de leurs droits dès la fin de l’année 2018, n’ayant pas pu faire cette formation les années précédentes.

Dans quelle mesure les salariés ont-t-ils un recours possible vis à vis de leur opca qui oppose un refus faute de budget et qui ne révise pas ses taux horaire et refuse tout abondement d’heures ou tout complément de financement, laissant ainsi les salariés à devoir financer un reste à charge assez important après avoir travaillé plus de 10 ans 15 ans ou plus, n’ayant jamais pu avoir une formation financée à la hauteur du montant des coûts pédagogiques, comme cela était le cas encore récemment.

Nous avons de plus en plus de demandes de salariés qui expriment face à cette situation, une très grande déception suite à ces nouvelles dispositions depuis la réforme de la formation, laissant les salariés, devant, eux-mêmes financer un reste à charge souvent important pour ceux qui souhaitent faire une formation en cours individuel, ayant ainsi la possibilité de concrétiser leur objectif personnel en fonction de leur propre niveau de départ. Un cours “sur mesure” parfaitement adapté à leurs attentes.

De quels recours disposent les salariés vis à vis de leurs Opcas (ou Opcos…) face à l’ensemble de ces irrégularités ?

Dans l’attente de vos réponses quant à ces recours possibles et vous en remerciant d’avance.

Comment la Formation pourrait-t-elle évoluer ainsi et servir à réellement à former les salariés avec ces nouvelles dispositions.
Cordialement.

Nathalie

Rencontrez-vous aussi des difficultés pour vous former ou pour former vos salariés. Que recommanderiez-vous à Mme R pour l’aider.

6 réponses

  1. DUPONT dit :

    Il faut se souvenir que les OPCA sont devenus des OPCO. Qu’est ce que cela change ? Le C de collecteur est devenu celui de Compétences. En clair, ce n’est plus eux qui gèrent directement les financements du CPF. Ils perçoivent des fonds via un alembique administratif comme la France sait en faire : URSSAF, Caisse des dépôts et de consignation, France Compétences… Les OPCO sont des Opérateurs (OP.CO). Ils semble d’ailleurs qu’ils aient bon dos dans la mise en oeuvre d’une réforme systémique, présentée comme un “Big Bang”. On fait donc d’abord péter un système qui s’est progressivement mis en place depuis 1994, sans aucune évaluation des reformes de 2006 et 2014, puis on charge les anciens OPCA, dépossédés au passage de leur autonomie financiere, de gérer la misère ambiante… CQFD.

    • Arnaud dit :

      Ce que vous dîtes est tout à fait vrai. Par contre, sur la partie “En clair, ce n’est plus eux qui gèrent directement les financements du CPF” ne sera véritable qu’à partir du 15 novembre 2019 au lancement de l’APP CPF, en attendant ce sont bien les OPCA/O qui sont en charge de la gestion des CPF.

      • DUPONT dit :

        D’accord Arnaud. Et sur quels fonds financent ils le CPF jusqu’en novembre ? Sur les collectes antérieures du CFP horaire ?

        • Arnaud dit :

          Oui ça ne change pas cette année : Tout employeur, quel que soit le nombre de salariés, doit participer au développement de la formation professionnelle et de l’apprentissage en finançant des actions de formation à son personnel. Pour cela, un versement obligatoire doit être réalisé avant le 1er mars de l’année.

  2. DIDIER COZIN dit :

    A chaque réforme de la formation c’est pire encore.
    Les réformes de 2014 et 2018 sont des mouroirs à formations, la meilleure façon de bloquer les velléités de se former, de décourager les entreprises, les OF, les salariés d’entreprendre quoi que ce soit. On demande par ailleurs à la CDC de faire des choses qu’elle est incapable de mener (y compris la simple tenue de compteurs CPF fiables) on atteint désormais des sommets dans la bureaucratie, l’inconséquence et l’insouciance des services de l’Etat

    • DUPONT dit :

      L’Etat convoitait depuis longtemps les milliards de la formation. La réforme lui a au moins permis de mettre la main dessus, en nous vendant, avec beaucoup de pédantisme, que la formation irait enfin à ceux qui en ont le plus besoin.

      J’ai 25 ans, je suis sans qualification et sans emploi, pas d’inquiétude, à raison de 800€/an, à 35 ans je pourrais me faire financer une formation diplômante ! Génial !

      En attendant, le plan de formation ira encore à ceux qui rapportent le plus à l’entreprise, puisque maintenant cela devient totalement son business …

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